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Rassurés par les promesses
qui leur ont été données par le wali Saïd Sayoud
depuis la tribune de l'APW en juin 2023, les commerçants propriétaires de
locaux situés en bas d'anciens immeubles au quartier de Derb
expriment aujourd'hui leurs appréhensions quant à un retournement de situation
aux signes de plus en plus prononcés.
Seize mois après avoir accueilli à bras ouverts les assurances du premier responsable de la wilaya, exprimées en plénière de l'APW sous la voûte de l'hémicycle, pour leur maintien dans leurs lieux d'activité dans le cadre du projet de réhabilitation du vieux quartier de Derb, les commerçants activant dans des locaux sis en bas d'immeubles vétustes sont aujourd'hui sur le qui-vive. Et c'est au même chef d'exécutif qu'ils en appellent pour dissiper le flou qui entoure leur devenir et les conforter ainsi dans leur droit de propriété. Pour certains d'entre eux, les suspicions se sont muées en certitudes tout récemment. A l'image de ces huit vendeurs grossistes de textile, dont les boutiques se trouvent de part et d'autre d'un ancien immeuble entre les rues de la Révolution, Fernand Iveton et Tamzoura, qui ont reçu des convocations pour assister à une séance de travail, au siège de la daïra d'Oran en date du 14 octobre dernier. L'ordre du jour de la réunion, à laquelle ont pris part des responsables des services de la wilaya, de la daïra, de l'APC, de l'OPGI, de l'Urbanisme et du CTC, tournait autour de certaines mesures préalables à l'action envisagée de démolition de ce bâtiment classé rouge. D'après l'un de ces commerçants, « un ultimatum d'évacuer les lieux nous a été signifié verbalement ». « Cette façon de faire au niveau subalterne de l'Administration locale, s'insurgent les marchands concernés, est manifestement en porte-à-faux avec les directives du gouverneur de la wilaya, Saïd Sayoud, et va littéralement à l'encontre de son approche pour ce qui est du processus de modernisation des anciens quartiers d'Oran». En effet, selon leur version, lors de la 2ème session ordinaire de l'APW, tenue fin juin 2023 en présence des représentants de ces opérateurs et du coordinateur de l'UGCAA, «le wali avait assuré que les demandes de sédentarisation dans leur emplacement d'origine formulées par ces commerçants devront être prises en charge par l'administration dans le dispositif de mise en œuvre du plan de restructuration du quartier populaire de Derb ». Il avait montré le chemin à suivre en précisant qu'une commission composée de plusieurs services dont la direction du Logement, la direction du Commerce, l'OPGI, la DUAC, le CTC, la Protection civile, les services de la wilaya, de la daïra et de la commune, outre les représentants des commerçants, avait pour mission de traiter ce dossier. LE WALI VIVEMENT INTERPELLÉ Le wali était même allé dans le détail en indiquant qu'à la lumière du compte rendu de la commission de classement des immeubles par degré de vétusté, deux cas de figure étaient envisagés: soit l'immeuble est diagnostiqué «menaçant ruine» et classé dans la catégorie rouge et il est dans ce cas à démolir sur la base d'un arrêté de péril, soit il est «réhabilitable» et il est donc inventorié parmi le lot à réhabiliter. «Dans tous les cas de figure, le wali avait bien instruit l'ensemble des responsables chargés de l'opération de prendre en charge tous les commerçants, avec comme principe de les fixer dans leur site d'origine», soulignent les concernés, pour qui «cette directive claire, nette et précise émanant du sommet de la hiérarchie administrative locale, exclut de fait toute idée d'éviction, d'attribution d'un local de substitution ou toute autre mesure de délocalisation au nom du péril simple ou imminent». Ayant bien salué et apprécié, y compris via les canaux médiatiques, la feuille de route du wali aussitôt l'annonce en a été faite publiquement, les commerçants concernés réitèrent aujourd'hui leur «plein engagement à s'inscrire dans ce processus de restauration et de mise à niveau de l'ancien centre-ville d'Oran dont le site de Derb est parmi les plus emblématiques». Se présentant en «acteur civil, partenaire social et force de proposition dans ce grand chantier de la ville d'Oran initié par le wali Saïd Sayoud», les concernés réclament que «la démarche de la commission instituée s'appuie réellement sur une approche inclusive et participative» à leur égard, et ce par leur «implication effective dans ses assises ainsi que la prise en compte de leurs préoccupations, suggestions et intérêts professionnels qui concordent avec les objectifs assignés par les pouvoirs publics à cette opération». «Or, regrettent-ils, tel n'est pas le cas jusqu'ici puisqu'il n'existe aucune plateforme de consultation, d'échange et de concertation, mis à part des convocations via une logique de ciblage par blocs successifs à des réunions où la mise en demeure est le maître-mot». Autre fait qui nourrit le sentiment diffus de défiance chez les concernés : «les immeubles rasés à terre à coups de poclain et de boule de fer, il y a aujourd'hui plus d'un an et demi, et transformés depuis lors en un sinistre décor de décombres, sans qu'une formule juridique ne soit trouvée dans l'intervalle pour la délivrance d'un permis de reconstruire, selon un cahier des charges imposant un certain cachet architectural». C'est dans cet imbroglio aux horizons peu clairs que les intéressés en appellent au wali, seul garant à leurs yeux du respect de leur droit légitime de préserver leurs propres locaux commerciaux en tant qu'éléments physiques importants du fonds de commerce. A cet effet, ces commerçants se disent «tout à fait disponibles à participer au montage financier» par le versement de leurs quotes-parts des coûts de la réhabilitation ou de la (re) construction, selon le cas. S'agissant des édifices à démolir, les concernés veulent des garanties qu'ils seront réinstallés sur les lieux mêmes une fois le bâtiment, qui peut être reconverti en promotionnel ou en centre commercial le cas échéant, reconstruit. Un de ces commerçants propose, si la situation l'exige, une translation des bâtisses à rebâtir, locaux inclus, vers le bas en descendant par paliers graduels vers Sidi El-Houari. Bref, ces commerçants qui cultivent avec le quartier de Derb des liens allant bien au-delà de la petite sphère du négoce du tissu veulent apporter leur pierre à l'édifice dans cette «grande opération sans précédent» non sans appeler de tous leurs vœux le wali Saïd Sayoud pour leur maintien en ces lieux. |