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Ghaza: Yahya Sinwar tué dans un accrochage avec des soldats sionistes

par Mohamed Mehdi

Yahya Sinwar, le président du Bureau politique du Mouvement de la résistance islamique (Hamas), architecte de la plus importante attaque contre l'occupation sioniste, depuis la guerre de 1973, est tombé en martyr mercredi dernier, armes à la main, lors d'un accrochage avec des soldats israéliens à Tal Al-Soltan, à Rafah, au sud de Ghaza. Alors que la propagande sioniste, relayée par les médias occidentaux et certains médias arabes, disait de lui qu'il se cachait «constamment dans les tunnels quelque part à Khan Younes», et qu'il utilisait les détenus israéliens comme «boucliers humains» en les attachant à les «ceintures explosives», Sinwar se déplaçait finalement beaucoup dans Ghaza, et qu'il prenait part à des opérations militaires des Brigades Al-Qassam, la branche militaire du Hamas. Le journal israélien ‘Haaretz', citant des sources de haut rang de l'armée sioniste, a rapporté, vendredi, que «Sinwar se déplaçait dans Ghaza et ne se cachait pas tout le temps dans les tunnels».

Alors que CNN, citant des sources américaines, affirme de son côté, que la maison dans laquelle se trouvait Sinwar, lors de l'accrochage de mercredi, «se trouvait à environ mille pieds (300 m) d'une zone d'opérations israélienne». Concernant les circonstances du martyre de Sinwar, avec deux combattants d'Al Qassam, ‘Haaretz' parle d'un accrochage, survenu mercredi en fin de journée, avec des soldats d'infanterie et les forces blindées dans le quartier de Tal Al-Sultan, à Rafah, ajoutant qu'il n'y avait « aucune trace de présence d'otages dans le bâtiment où se trouvait Sinwar, ni dans les environs», et précisant qu'un soldat du 450e bataillon a été grièvement blessé lors de l'affrontement. Le journal ajoute que l'activité de la troupe d'infanterie à Tal al-Sultan «n'avait été précédée d'aucune information des services de renseignement» au sujet de la présence de Sinwar dans la zone. Le journal précise qu'un char a tiré un obus vers le bâtiment où un mouvement suspect a été observé. Il semble qu'Al-Sinwar ait été touché par des tirs de char et qu'il a été blessé à la main. Après que les soldats soient entrés dans le bâtiment, il a lancé deux grenades sur les soldats. «Cela a conduit les soldats à se retirer, et ils ont utilisé un drone pour scanner le bâtiment, et le drone a repéré un homme masqué blessé à la main.» Hier, l'armée israélienne a déclaré que «dans ses derniers instants, Sinwar a lancé deux grenades sur des soldats, avant qu'un char ne dirige des tirs sur lui», ajoutant qu'il y a encore des «éléments au sein du Hamas qui savent gérer les choses» après Yahya Sinwar. Par ailleurs, un responsable américain, cité par CNN, affirme que «l'armée israélienne était plus surprise que nous, et l'opération n'a pas été conçue pour cibler Yahya Sinwar». Il ne fait aucun doute que si les images partagées sur les réseaux sociaux par des soldats sionistes, montrant Sinwar sans le savoir (à ce moment) qu'il s'agissait de lui, la version de l'armée israélienne aurait été scénarisée pour raconter une pseudo «opération de renseignement» qui aurait permis de «liquider» l'homme le plus recherché du Hamas, et pourquoi pas, le présenter «caché» dans un tunnel.

Hamas : «Nous resterons sur les traces des martyrs fondateurs»

Le mouvement Hamas n'a annoncé que vendredi après-midi le martyre du chef de son Bureau politique et «commandant de la bataille du «Déluge d'Al-Aqsa»», soit près de 24 heures après l'annonce par les israéliens qui, elle aussi, n'est venue qu'au lendemain de l'opération durant laquelle Sinwar est tombé en martyr. «Yahya Siwar s'est élevé en héros, en martyr, (…) affrontant l'armée d'occupation au premier rang, se déplaçant, inébranlable, entre toutes les positions de combats à Ghaza, défendant la terre de Palestine et ses lieux sacrés, et inspirant l'esprit de fermeté, de patience, de sang-froid et de résistance», affirme le communiqué du Hamas, lu par son vice-président, Khalil al-Hayya. Le Hamas affirme aussi qu'il restera fidèle au martyr de ses fondateurs et dirigeants. «Nous affirmons que leur sang continuera à éclairer notre chemin» et constituera une «motivation pour une plus grande fermeté, (…) jusqu'à ce que les aspirations de notre peuple à une totale libération, au droit du retour et à l'établissement de l'État palestinien sur l'ensemble du territoire national palestinien avec Al-Qods comme capitale, avec la volonté de Dieu». Concernant la question des prisonniers israéliens, le communiqué du Hamas maintient la ligne qui a été celle d'Ismaïl Haniyeh et de Yahya Sinwar. «Nous disons à ceux qui pleurent sur les prisonniers de l'occupation détenus par la résistance, que ces prisonniers ne reviendront pas tant que l'agression contre Ghaza ne sera pas arrêtée, que le retrait ne sera pas effectué et que nos héroïques prisonniers ne seront pas libérés des prisons de l'occupation», conclut le communiqué. Par ailleurs, outre le Hamas et les Brigades Al-Qassam, plusieurs autres organisations palestiniennes, ainsi que le Hezbollah libanais et Ansar Allah du Yémen, ont également réagi à l'annonce du martyre de Yahya Sinwar. Le Front populaire pour la libération de la Palestine (FPLP) écrit : «Sinwar est un leader national, l'architecte de l'épopée du «Déluge d'Al-Aqsa» et l'un des symboles les plus marquants de la lutte palestinienne».

De son côté, le Front démocratique pour la libération de la Palestine (FDLP), note que «le grand leader national, Yahya Al-Sinwar, est tombé en martyr en tant que combattant jusqu'au dernier moment» et que son martyre «sera un encouragement supplémentaire qui poussera notre peuple et sa résistance à s'unir et à poursuivre la lutte». Le Mouvement du Jihad islamique, «pleure un grand dirigeant palestinien qui a passé sa vie à lutter et qui n'a ni hésité ni faibli», et affirme que «le peuple palestinien et sa résistance resteront fidèles au sang du martyr, le commandant Yahya Al-Sinwar».

Les Comités de résistance populaire en Palestine occupée affirment que le «leader inspirant Yahya Al-Sinwar restera le cœur vivant de la nation» et que «son nom restera associé à l'image de l'humiliation et de la défaite qui ont frappé l'ennemi sioniste». Le Mouvement de l'Initiative nationale palestinienne, affirme que les assassinats des dirigeants de la résistance «n'ont jamais brisé et ne briseront jamais la volonté du peuple palestinien».

De son côté, le Hezbollah rappelle que le «martyr Yahya Al-Sinwar a affronté le projet américain et l'occupation sioniste et a sacrifié son sang pour cette cause», avant de réaffirmer le soutien de la résistance libanaise au peuple palestinien. Ansar Allah (Houthis) au Yémen ont salué la mémoire du « grand moudjahid et grand leader Yahya Al-Sinwar » et ont «confirmé leur soutien à la résistance palestinienne».

42.500 martyrs et 99.546 blessés à Ghaza

Vendredi, 378e jour de l'agression contre Ghaza, le nombre de victimes de la barbarie israélienne s'est élevé à 42.500 martyrs et 99.546 blessés, a indiqué hier, le ministère de la Santé de l'enclave assiégée dans son rapport statistique quotidien. Le document précise que l'armée d'occupation sioniste a commis, jeudi, 4 massacres dans plusieurs régions de Ghaza, faisant 62 martyrs et 300 blessés.

Vendredi, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a déclaré qu'Israël «a empêché l'entrée de médecins spécialistes» pour venir en soutien aux hôpitaux et établissements de santé de la bande de Ghaza. Selon l'organisation, les spécialistes devaient apporter un soutien vital à divers services médicaux, en plus d'un soutien psychologique aux travailleurs de la santé dans des établissements tels que l'hôpital européen de Ghaza et l'hôpital Nasser, rapporte Al Jazeera. Hier aussi, l'armée sioniste a bombardé plusieurs régions de Ghaza, du nord au sud. Jusqu'à environ 16h, les bombardements israéliens avaient fait au moins 22 martyrs, dont 11 dans le camp de réfugiés de Jabalya, dans le nord de Ghaza, et des dizaines de blessés. Le correspondant d'Al Jazeera a déclaré que les forces d'occupation israéliennes assiègent Jabalya et le nord de Ghaza pour le 14e jour consécutif, avec des bombardements d'artillerie continus sur ces régions. Compte tenu de la forte résistance des factions palestiniennes basées à Jabalya, l'armée sioniste a dû renforcer sa présence militaire par l'envoi de la 162e division de brigade Givati. Notons que depuis le 10 octobre 2024, correspondant au 4e jour du siège de Jabalya, le nombre d'opérations menées par les seules Brigades Al-Qassam, s'est élevé à au moins 32 attaques ciblant et détruisant des chars, véhicules de transports de troupes et des bulldozers, sans compter les embuscades contre des bâtiments où se positionnent les soldats sionistes et les explosions des entrées de tunnels.