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L'entité sioniste poursuit son «Hungerplan»: Anéantir les Palestiniens par la faim

par Mohamed Mehdi

  Au 164e jour de l'agression israélienne contre Ghaza, le bilan des victimes a atteint 31.726 martyrs et 73.792 blessés, a annoncé, hier lundi, le ministère de la Santé de l'enclave. La même source a rapporté que l'armée d'occupation sioniste a commis, la veille, 8 massacres dans la bande de Ghaza, faisant 81 martyrs et 116 blessés.

Hier, l'entité sioniste a continué ses bombardements contre différentes régions de Ghaza, et a mené un énième assaut contre l'hôpital al-Shifa et des écoles abritant des milliers de déplacés, avant de procéder à des dizaines d'arrestations dont celle du correspondant d'Al Jazeera, Ismaïl Al-Ghoul et de toute l'équipe technique de la chaine. Al Jazeera a rapporté que l'armée d'occupation a également détruit les véhicules de transmission des équipes de télévisions stationnés dans l'enceinte de l'hôpital.

L'entité sioniste, le poste avancé de la «civilisation occidentale», continue également de restreindre gravement, et en toute impunité, l'entrée des camions d'aides alimentaires et médicales, en particulier vers le nord de l'enclave assiégée.

Les bombardements de la journée de lundi ont ciblé plusieurs villes du nord, du centre et du sud de Ghaza. Un correspondant d'Al Jazeera a rapporté que d'intenses bombardements d'artillerie israélienne ont ciblé les zones centrales et occidentales de la ville de Khan Younes, dans le sud de Ghaza. Des médias palestiniens ont précisé que parmi les zones soumises à une «ceinture de feu» par les bombardements, figure la ville de Bani Suhaila, à l'est de Khan Younes.

Un journaliste d'Al Jazeera a également annoncé un bilan de 9 martyrs et de plusieurs blessés dans un bombardement contre la maison de la famille Abu Hujair, à l'ouest du camp de réfugiés de Nuseirat, dans le centre de l'enclave.

La ville de Ghaza a également été soumise à d'importants bombardements faisant plusieurs martyrs et blessés. Un correspondant d'Al Jazeera a rapporté un raid israélien visant une maison sur la rue Lababidi et une autre sur la rue Al-Jala', dans la ville de Ghaza, faisant état de plusieurs martyrs et des blessés.

Au nord de Ghaza, des avions de l'occupation israélienne ont bombardé la ville de Beit Lahia.

Nouvel assaut sur l'hôpital Al-Shifa : des martyrs et des arrestations

L'armée israélienne a donné un énième assaut contre le complexe médical Al-Shifa, lundi vers 3h GMT, à l'ouest de la ville de Ghaza. L'hôpital, déjà quasiment détruit par les bombardements lors des précédents assauts, a été encerclé par les chars, appuyés par des hélicoptères et des drones, et des tireurs d'élite postés dans des bâtiments autour de l'hôpital. Un journaliste d'Al Jazeera et plusieurs autres correspondants d'autres médias palestiniens ont été arrêtés lors de cet assaut. A noter que cette nouvelle attaque contre le complexe Al-Shifa intervient quelques jours après une visite d'une équipe de l'OMS dans cet hôpital.

Selon des témoignages recueillis par un autre correspondant d'Al Jazeera à Ghaza, Ismaïl Al-Ghoul, l'équipe d'Al Jazeera et les autres journalistes qui se trouvaient dans l'enceinte du complexe Al-Shifa, ainsi que tous les hommes qui ont arrêtées hier, dont des personnels de l'hôpital et des personnes déplacées qui s'y étaient réfugiés, ont été obligés de se déshabiller, avant d'être emmenés vers une destination inconnue.

Le correspondant d'Al Jazeera English, Hani Mahmoud, a rapporté, à partir de Rafah, que «plus de 80 personnes ont été arrêtées à l'hôpital Al-Shifa, dont du personnel médical et des personnes déplacées».

«Des témoins à l'intérieur de l'hôpital ont déclaré qu'ils avaient été battus avant d'être emmenés vers un lieu tenu secret. À l'heure actuelle, nous recevons des informations confirmées, de la part d'un médecin à l'intérieur de l'hôpital, selon lesquelles l'armée israélienne se trouve dans la cour du complexe Al-Shifa où des corps gisent au sol», écrit Hani Mahmoud.

Des médias palestiniens ont confirmé que d'importants bombardements israéliens ont eu lieu à proximité du complexe médical d'Al-Shifa et des quartiers d'Al-Rimal et d'Al-Nasr, notamment avec des tirs d'artillerie, faisant état également de violents affrontements entre la résistance Palestinienne et les forces d'occupation dans les environs de l'hôpital. Un correspondant d'Al Jazeera a rapporté plusieurs martyrs et des blessés.

Le ministère de la Santé de Ghaza a fait état d'un incendie qui «s'est déclaré à l'entrée du complexe» et des cas «d'étouffement se sont produits parmi les femmes et les enfants déplacés à l'intérieur». L'armée sioniste cible tous ceux qui s'approchent des fenêtres. Il n'est pas possible de secourir les blessés en raison de l'intensité de l'incendie et des tirs», ajoute la même source.

Le ministère précise que les personnes déplacées «sont coincées à l'intérieur du bâtiment de chirurgie spécialisée et à l'accueil d'urgence du bâtiment 8 du complexe Al-Shifa».

Un correspondant d'Al Jazeera a également ajouté que l'armée israélienne «a encerclé deux écoles à proximité du complexe médical Al-Shifa, a procédé à des arrestations parmi les hommes déplacés, et a demandé aux femmes de se rendre à Deir al-Balah via la rue Al-Rashid».

«Al Jazeera Network» a exigé, lundi, la «libération immédiate» de son correspondant Ismail Al Ghoul et des autres membres de l'équipe, et a tenu l'occupant israélien pour «responsable de leur sécurité», considérant que cette arrestation est «une tentative d'intimider les journalistes pour les empêcher de rapporter les crimes de l'occupation israélienne contre les civils à Ghaza».

De son côté, Scott Griffen, directeur adjoint de l'Institut international de la presse (IIP), a déclaré que l'organisation était «profondément alarmée» par les informations selon lesquelles le correspondant d'Al Jazeera, Ismail al-Ghoul, a été battu et détenu par les forces israéliennes à l'intérieur de l'hôpital al-Shifa. «Nous demandons sa libération immédiate et des informations précises sur son état de santé actuel», a déclaré M. Griffen sur Al Jazeera.

Le Mouvement de résistance islamique (Hamas) a dénoncé, hier, dans un communiqué un «nouveau crime commis par l'occupation lors de son agression contre le complexe médical Al-Shifa», assurant que cette attaque «ne permettra d'en tirer aucune image de victoire pour Netanyahu et son armée nazie».

Plusieurs heures après le début de l'assaut contre Al-Shifa, l'armée sioniste a annoncé avoir tué Fayek Al-Mabhouh, le présentant comme «le chef des opérations des services de sécurité intérieurs du Hamas».

Par ailleurs, des sources ont déclaré à Al Jazeera que le général de brigade Fayek al-Mabhouh, était en charge des opérations de police dans la bande de Ghaza. Ces sources ont également précisé qu'al-Mabhouh «coordonnait avec les tribus et l'UNRWA l'entrée et la sécurisation de l'aide dans le nord de Ghaza».

D'ailleurs, la première opération dans le cadre de cette coordination a eu lieu dimanche et s'est déroulée sans aucun incident lors de l'acheminement des aides vers des centres de distribution de l'UNRWA (voir notre édition d'hier).

«Hungerplan» : Israël applique la stratégie nazie de la famine

Au moment où le Programme alimentaire mondial (PAM), une agence de l'ONU, déclare que «70% la population du nord de Ghaza est confrontée à une famine imminente» et «qu'elle devrait être complètement installée d'ici mai», Israël continue à imposer un blocus sur les entrées d'aide humanitaire dans l'enclave, en particulier vers le nord.

La seule façon d'inverser la tendance, prévient Philippe Lazzarini, chef de l'agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), lors d'une conférence de presse organisée lundi au Caire, «est d'ouvrir davantage de points de passage terrestres» et d'« inonder » l'enclave de nourriture. «Nous sommes engagés dans une course contre la montre», a averti Lazzarini hier.

De son côté, Josep Borrell, le Haut représentant de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité et Vice-président de la Commission européenne, a déclaré lundi que Ghaza «n'est plus au bord de la famine, mais dans un état de famine » délibérément provoquée par Israël.

Borrell ajoute qu'Israël «crée la famine à Ghaza» en n'autorisant pas les camions d'aide à y entrer. «Soyons francs et disons publiquement qu'Israël utilise la famine comme une arme dans la guerre contre Ghaza. Nous envoyons un soutien aérien pendant que l'aide attend à la frontière, à une heure de là où l'aide aérienne a été reçue», ajoute-t-il.

Josep Borrell estime que l'agression israélienne contre Ghaza a transformé le territoire en un «cimetière à ciel ouvert». «Avant la guerre, Ghaza était une prison à ciel ouvert. Aujourd'hui, c'est le plus grand cimetière à ciel ouvert», a-t-il souligné.

«C'est un cimetière pour des dizaines de milliers de personnes et c'est un cimetière pour un grand nombre des principes les plus importants du droit humanitaire».

De nombreux groupes humanitaires ont également critiqué la politique israélienne de bloquer délibérément l'aide humanitaire destinée à l'enclave. C'est le cas notamment de l'association caritative Oxfam qui a déclaré, hier, que l'entité sioniste «continue d'empêcher l'aide d'atteindre Ghaza malgré la décision de la Cour internationale de Justice sur le risque de génocide».

«Israël a refusé d'établir un entrepôt pour l'aide de notre organisation, qui est jusqu'à présent entièrement stockée dans la ville égyptienne d'Al-Arish. Israël n'assume pas ses responsabilités juridiques envers les personnes dont il occupe les terres», a déclaré Oxfam qui averti que la «population de Ghaza connaîtra une mort massive» si des «mesures immédiates» ne sont pas prises.