Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

La politique aveugle du sens unique

par Mustapha Aggoun

Suite à l'intense campagne médiatique des organes du Makhzen qui a accompagné l'accord de normalisation marocain avec l'entité sioniste et après trois années de sa signature. La réalité révèle que ses conséquences sur la situation diplomatique et l'image extérieure du Maroc ont été catastrophiques, après que la diplomatie du Palais se soit embourbée dans une série d'échecs et de gifles, en croyant à tort que l'accord constituerait une immunité pour elle. Ainsi, plusieurs crises ont été enregistrées en un temps record avec différents pays, cherchant ensuite à résoudre les tensions causées par son gonflement creux dans la période post-Trump.

Aucune justification raisonnable n'existe pour toutes les espérances placées dans cet accord futile signé avec une personnalité expirée, et qui s'est dissipé dès les premiers jours. En effet, la partie américaine n'a entrepris aucune démarche pour changer le cours de la question du Sahara en faveur du Maroc, contrairement à ce que le côté officiel marocain espérait, malgré la persistance de ses médias à tenter de prouver le contraire. Le rêve du consulat américain dans le sud du Maroc, qu'il ambitionnait, est resté en suspens, et il n'y a eu aucun signe significatif de soutien à la position du régime marocain dans cette affaire. Même si l'intervention américaine s'est entièrement alignée sur sa version, cela ne fera qu'ajouter à la complexité de ce dossier.

Recourir à un acteur extérieur n'apportera que des ennuis supplémentaires, car solliciter le soutien de l'Amérique implique nécessairement d'inviter automatiquement ses adversaires à soutenir les parties opposées au Maroc. Ils ne resteront pas les bras croisés, dans un monde complexe dépassant l'unipolarité, avec l'érosion du pouvoir dissuasif américain, comme cela a été démontré dans ses guerres directes en Afghanistan et en Irak. Il serait plus judicieux pour elle de supporter le fardeau du soutien à une partie qui n'a pas besoin de ses faveurs pour fournir ses services à elle et à son allié sioniste, d'autant plus que les adversaires des États-Unis sont plus efficaces dans le soutien et le renforcement de leurs alliés. De nombreux récents conflits dans le monde ont montré la limitation de l'Amérique et des puissances occidentales dans la résolution des conflits en faveur de leurs alliés.

Quant à l'occupation israélienne, elle prend sans donner, et tous les accords signés par le Maroc officiel sont en sa faveur. Ils portent atteinte à la souveraineté du pays dans son essence, sapent son identité et ses fondements de résilience, en plus de transformer le pays en un marché pour ses produits, y compris militaires et de renseignements, bien que cela ne soit pas nécessaire ou qu'il existe des alternatives. La fiction du lobby juif marocain, dans l'entité israélienne et aux États-Unis, est une plaisanterie ridicule, car la loyauté de tous les juifs « israéliens » va à leur entité et non à leurs anciens pays, et parce qu'il n'a pas été prouvé qu'il a soutenu le Maroc malgré sa connexion étroite avec le régime du Palais.

Les pertes officielles du Maroc ne se sont pas limitées à la perte directe de son pari dans la maudite affaire de l'accord de Trump. Elle a également subi la pire perte, révélant le niveau primitif et scandaleux de sa diplomatie, ce que le Palais faisait après son effondrement moral qui l'a précipité dans une extrême normalisation avec « Israël », caractérisée par la misère et la naïveté, même avec la logique pragmatique pure. Ceux qui concluent des accords ne les déclarent pas, et seuls les fruits qu'ils en retirent les trahissent. Dans le cas du Palais, il se battait contre lui-même lorsqu'il le montrait dans sa mauvaise publicité comme un maître-chanteur qui pourrait négocier n'importe quoi avant d'obtenir ce qu'il veut.

En fin de compte, le dossier de l'unité territoriale marocaine chanté par le roitelet, au lieu de progresser, s'est compliqué, n'obtenant ni le soutien des grandes puissances internationales ni la victoire dans la bataille de l'opinion publique mondiale. Ce qui s'est passé, c'est que le Palais s'est aligné sur l'occupation, le plaçant dans la même tranchée criminelle. Il a offert un cadeau inattendu à ses adversaires, qui ont bien exploité ce point pour conférer une légitimité libératrice à l'ensemble de leurs positions et politiques, réanimant une question qui était sur le point d'être oubliée dans le monde post-guerre froide.