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Sortir du mal-développement touristique: Comment s'ouvrir au tourisme international ? (1ère partie)

par Said Boukhelifa*

«Sans la liberté de blâmer, point d'éloges flatteurs » Beaumarchais

« Si l'Algérie s'ouvrait au tourisme, ce serait bien pour ce pays, car il est mieux que le Maroc et la Tunisie réunis. Je rajouterai que j?ai visité plus de deux cents pays, je dois dire que pour moi, l'Algérie est le plus beau » Yann Arthus Bertrand. Reporter / photographe. «L'Algérie vue du ciel» 2015

PREAMBULE

Au cours du Conseil des ministres de la deuxième semaine de septembre 2021, le président de la République Abdelmadjid TEBBOUNE, avait évoqué le développement du tourisme interne et celui de la destination Algérie. Orientations reprises, deux jours après, par le Premier ministre, lors de son passage à l'Assemblée populaire nationale. Mais pour les profanes, les initiés et les experts, rien de précis ne fut divulgué. Quelle feuille de route? Quelle vision ? Quelle stratégie ? Quels objectifs? La durée et quel horizon? Comment? Avec quoi? Avec qui? Où / territoires? Notre président avait même évoqué le tourisme, en deux ou trois mots, lors de la cérémonie de son investiture en décembre 2019, au CIC Club des pins. Nous étions heureux pour l'avenir de ce secteur. Car c'est le premier président à l'avoir fait dans des circonstances pareilles.

Si nos grands décideurs sont animés, par ce concept des trois «C», 1-Conviction, «Sommes- nous, tous entièrement convaincus de développer notre tourisme sans relâche ? Cette conviction implique indubitablement l'appel aux compétences, le deuxième «C». Quand les deux premiers «C» sont réunis et indissociables, on aboutit au troisième «C», 3-la concrétisation des objectifs tracés. Sans le concept des 3 «C», il serait vain au Conseil national du tourisme et notamment le ministère du Tourisme, ce mal-aimé du gouvernement, avec son faible budget annuel, depuis fort longtemps, voir un jour notre destination développée, attractive, harmonieuse, très prisée. Car le chemin sera long, compte tenu du retard observé. Il faudrait aussi beaucoup de patience. Une destination se construit ou se reconstruit, dans la durée, celui d'une génération, soit vingt ans. Crescendo.

Alors j'apporte ma modeste contribution, sans complaisance en proposant cette démarche, cette vision, ces axes, ces paramètres, parmi les plus importants, mais non exhaustifs. Aux grands décideurs d'en tirer judicieusement profit, pour le bien de notre «Aimée et souffrante destination Algérie»

TOURISME SAHARIEN ET TOURISME CULTUREL /archéologique

C'est une approche et une démarche les plus appropriées, afin de renouer avec les flux touristiques des étrangers reçus jadis. Cette vision exclut le tourisme balnéaire et le tourisme de masse à l'endroit des étrangers. Notre côte sera réservée aux nationaux, pour lesquels, des efforts seront faits en termes d'amélioration des prestations hôtelières et d'attractivité tarifaire. Afin d'envisager de faire retenir une partie du grand nombre de ceux qui choisissent d'aller ailleurs.

Sur une période graduelle de 10 ans, une stratégie visant 100.000 touristes convenablement par an à recevoir via les tour-opérators étrangers ou agences, en partenariat avec l'ONAT, TVA et les agences de voyages. Puis 200.000, 300. 000, chaque année pour arriver à 1 million de touristes en 10 ans. Horizon 2034. Et ce serait merveilleux d'atteindre ce chiffre d'un million, qui fera réintégrer l'Algérie millénaire dans le concert international des destinations touristiques attractives, prisées, et nous serons appelés à refuser du monde, du fait de l'attractivité unique de nos destinations sahariennes Ahaggar/Tamanrasset, Tassili, n'Ajjers /Djanet, Ghardaia/Mzab, Aurés/Ghouffi, Gourara/Timimoun,

Touat/Adrar, Saoura/Kerzaz, Beni-Abbes,Taghit. Plus nos 22 sites archéologiques numides et romains, méconnus. De nos jours, c'est le monde qui refuse de venir vers nous, à cause de cette perception par les étrangers de destination fermée au tourisme.

LE TOURISME BALNEAIRE PAS ATTRACTIF POUR LES ETRANGERS.

Beaucoup d'Algériens, décideurs, élite intellectuelle et simples citoyens, de nos jours, pensent qu'avec la mentalité réfractaire au tourisme, perçue chez certains de nos concitoyens et compatriotes à l'étranger, il n'y a pas de tourisme international à recevoir. Et d'emblée dans leur imaginaire, ils pensent tous et surtout au tourisme balnéaire. A nos complexes balnéaires, à nos plages et leur environnement. « Impossible pour un couple suédois, ou deux femmes allemandes, de pouvoir circuler librement, sans être importunés. »

Ce sont des préjugés tenaces car les mentalités changent et évoluent vers le positif avec une pédagogie touristique, initiée dès le primaire, une sensibilisation constante des citoyens, par les pouvoirs publics, le mouvement associatif, les Offices locaux de Tourisme. Avec le temps, la culture touristique s'installera crescendo. Sur le moyen et le long terme. Mais, à ces pessimistes, ou opposants par une idéologie qui rejette le tourisme en général, nous leur répondrons que l'Algérie est un pays d'Afrique du Nord, méditerranéen par excellence, arrosée par cette mer, berceau des trois civilisations : pharaonique, grecque, romaine. Nous ne pouvons nous complaire et nous accommoder, de cette peu reluisante dernière place sur 22 pays. Nous étions dans le TOP TEN, 8ème place, dans les années 70. Et l'Algérie moderne des lumières, n'est pas enclavée, géographiquement, entre l'Afghanistan, l'Iran et le Pakistan, pas loin.

Et toujours à ces pessimistes, tant mieux pour eux et tant pis pour notre destination balnéaire, nous dirons, que d'abord :

1- Notre pays avec ses faibles capacités litières en bord de mer, moins de 50.000 lits en 2023, dont à peine 10% correspondent plus au moins aux normes internationales.

Soit 5.000 lits, une offre bien malingre, pour pouvoir concurrencer les 15 millions de lits offerts aux normes, par nos concurrents méditerranéens, dont des géants, Espagne, Italie, Grèce, France avec sa riviera, et à un degré moindre le Portugal et la Turquie qui joue dans la cour des grands, depuis une dizaine d'années. Sachant que le pays de Mustafa Attaturk, était derrière l'Algérie dans les années 70.

2- Et surtout, très important de souligner que depuis 1990, soit 33 ans, plus aucun touriste étranger, via des tour-opérators étrangers, n'est venu séjourner sur notre côte, enlaidie par des constructions anarchiques sur le plan urbanistique et par de pseudos hôtels privés à l'architecture rebutante sans commodités. En effet, depuis 1990, les derniers touristes venus, c'étaient des Italiens du tour-operator Travel Club Milano, qui avait programmé en 1989 et 1990, des séjours par charters, à la Corne d'Or Tipaza et avant, depuis 1988, plus de touristes français, hollandais, suisses, sur nos rivages, via les tour-operators. Qui ont rayé de leurs brochures, vitrines et plus tard de leurs sites internet, les séjours balnéaires chez nous. Absents sur la carte touristique internationale, depuis 33 ans. Et ils ne sont pas prêts d'y revenir pour très longtemps. Les bikinis ne reviendront plus pour très longtemps. Aux Algériens de profiter de nos complexes et hôtels, mais pas dans n'importe quelles conditions de séjours et tarifaires. Ils méritent tous nos égards au même titre que les touristes jadis. Alors que nous reste t-il à proposer et à offrir comme produits touristiques, suite à l'abandon du tourisme balnéaire et son corollaire, le tourisme de masse. ?

Heureusement que nous en avons deux, de haute teneur touristique, mais qui demeurent des richesses dormantes. Mais qui peuvent, bien pris en charge, d'ici dix ans, replacer l'Algérie, comme destination très prisée, appréciée, et en faire une destination mondiale, à moyenne échelle, c'est-à-dire, recevant des touristes des cinq continents. Notamment sur le plan notoriété, image, car depuis plus de 30 ans, elle est revêche, avachie. Le comble pour un pays que les voûtes célestes, offrandes divines, ont doté d'immenses et uniques richesses touristiques, qui est classé de facto parmi les plus dix belles destinations du monde, mais hélas, selon les échos qui nous parviennent des experts étrangers, elle figure parmi les destinations attardées, mal classée, 156ème sur 200 pays. Alors qu'une réelle volonté politique, absente sur le terrain, au bout de 10 ans, pourrait la faire hisser par les 40 destinations les plus attractives. Comme dans les années 70.

LE TOURISME SAHARIEN ET LE TOURISME CULTUREL /ARCHEOLOGIQUE, deux richesses dormantes.

En effet, il s'agit de deux produits hauts de gamme, destinés à deux segments de clientèle à l'échelle mondiale qui ne sont pas parmi les plus importants en termes de flux touristiques.

Car sur les 1 milliard 400 millions de touristes enregistrés par l'OMT, Organisation mondiale de tourisme, les adeptes du tourisme balnéaire et du Djing. /méga soirées disco-électronique, à Ibiza, Cancun , Croatia et ailleurs, représentent 70%, ceux pour les expéditions campements et bivouacs,, Alpes, Pyrénées, Cordillères des Andes, Népal/Katmandou, Caucase, 5%, et pour le tourisme culturel 5% aussi, soit 70 millions de touristes potentiels x, 2, un marché de 140 millions, à cibler par une communication institutionnelle de qualité adossée à des compétences avérées d'ici et parmi la diaspora. Et en relation avec le programme de promotion au sein des salons et des foires à l'étranger. Sur 140 millions potentiels, sommes-nous capables de faire intéresser, 1%, soit 1 million 400.000 touristes à venir à la dixième année, 2033 ? Oui, par la volonté politique réelle et la conviction dévouée du Conseil National du Tourisme et du gouvernement d'où découlerait une inter-sectorialité convaincue, constante et efficace.

LE TOURISME SAHARIEN

Le Hoggar et le Tassili N'ajjer, des expéditions en campements et bivouacs. Les capacités de charge, environnement et logistique des agences de voyages ne peuvent permettre de recevoir plus de 140.000 touristes par an, sur une période de 7 mois, d'octobre à fin-avril/mai. Soit 20.000/ mois. Car les expéditions se composent de 10 à 15 personnes maximum, pour une bonne maîtrise du voyage, sur le plan, organisation. Si nous arriverions à les faire drainer vers ces deux destinations d'extrêmes sud, aux produits hauts de gamme, par la plus value de dame nature, avec ses paysages grandioses uniques et diversifiés, cela ferait une bonne renommée de la destination Algérie, le bonheur des ATV, chacune nourrissant 3 à 4 familles. Et le réconfort des boutiques d'artisanat local. En outre, beaucoup l'ignorent, si la culture touristique a disparu au Nord depuis plus de quarante ans, elle existe toujours au Sud. Dans le Hoggar, le Tassili, le Touat, le Gourara, le Mzab et dans d'autres contrées du Sud et du Grand Sud, les enfants naissent et grandissent dans un environnement familial et parental, qui a conscience des besoins en tourisme et de ses retombées socio-économiques. Créateur de richesses, d'emplois de jeunes et des effets induits profitables aux populations locales. Quand le tourisme revient dans ces régions, la joie et l'espoir reviennent, en évitant à certains jeunes de dévier vers des besognes prohibitives. Drogue et trafic de tout genre. Les ATV locales sont de véritables professionnelles, elles font uniquement du réceptif dans leur région et des environs, des endroits qu'elles maîtrisent bien. Faisons-leur confiance, les tour-operators, ont toujours été satisfaits de leurs prestations, campements et bivouacs, écotourisme, respect de l'environnement. Les ATV locales sont très imprégnées du tourisme durable, depuis le séminaire sur le tourisme alternatif organisé en 1988, à Tamanrasset, sous l'égide de l'OMT, Organisation mondiale du Tourisme, Laissons travailler les ATV locales, ouvrons leur les sites merveilleux et attractifs, très prisés par la clientèle internationale, mais qui demeurent fermés depuis 2008/2009, des sites rémunérateurs et nourriciers, pour elles. Notamment le Tassili du Hoggar, un joyau du Hoggar, au même titre que l'Assekrem et l'Immidir méconnu. Il faut savoir que la superficie du Hoggar, est équivalente à celle de la France et que depuis 50 ans, seulement moins de 10% de ce grand territoire ont été proposés et visités par les touristes. Allégeons les escortes pesantes, contraignantes pour les ATV et les touristes. Elles doivent être discrètes, accompagnatrices et agréables, pas rédhibitoires. Pour cela un séminaire de formation /initiation au tourisme, à leur intention, afin de les sensibiliser et leur inculquer que les venues de ces groupes de touristes étrangers, apportent de la richesse sur le plan économique et créent des emplois au profit de nos jeunes Sahariens. Car l'impression qu'ils ont toujours donnée, c'est celle d'une corvée, d'une grande responsabilité stressante à protéger ces touristes qui viennent les déranger, ATV comprises qui sont peu considérées. Par contre leur haut commandement a conscience de l'importance du tourisme et ses retombées socio-économiques. In fine, une semaine d'expéditions dans l'extrême Sud, en campements et bivouacs, coûte 3 fois plus cher qu'une semaine en bord de mer. Donc le tourisme de petite quantité ramène financièrement plus que le tourisme de masse pollueur de l'environnement naturel.

LE TOURISME CULTUREL, ARCHEOLOGIQUE

Un autre produit haut de gamme, car consommé surtout par une clientèle aisée, des seniors retraités, qui payent cher pour la culture à travers le monde et en descendant dans une hôtellerie très confortable 4* et 5 * étoiles. Américains, Anglo-saxons, Japonais, Australiens, Canadiens, Europeens...

Notre destination est en mesure de satisfaire cette clientèle aisée, cultivée et exigeante pour son confort et ses découvertes culturelles.

En effet, l'Algérie est la deuxième destination mondiale, en termes de vestiges romains, 22 sites qui demeurent méconnus à l'étranger. Elle se classe après l'antique Rome, l'Italie. Et lors de la prochaine participation annuelle de l'ONT, en février 2024, à la Bourse du tourisme de Milan, un important salon en Europe, il faudrait songer à choisir ce thème, « ALGERIA L'ALTRA ITALIA ROMANA », qui signifie l'Algérie l'autre Italie romaine et notre stand Algérie devrait être de 200 m² et non pas parmi les plus petits, 90 m², devrait être couverts de grosses affiches sur les ruines de Tipaza, Djemila, Timgad, Hippone/Annaba, Theveste /Tébessa, Taghaste/Souk-Ahras, Madaure/Mdaourouch, Medraccen/Batna, Tiddis/Constantine, Ce serait, inédit, époustouflant et très attractifs, pour les visiteurs italiens. Mais, le personnel de comptoir du stand Algérie et les décideurs algériens, sur place, doivent bien maîtriser la langue de Dante et l'anglais. En plus de leur culture et connaissance de l'Algérie antique romaine. Les figurations en mission, aphones, atones, derrière les comptoirs non rentables à bannir ou à éviter? L'Algérie serait en mesure de recevoir mille groupes de 30/40 touristes, pour le tourisme culturel/archhéologique, soit annuellement 30.000/40.000 visiteurs.

A suivre

*President du snat, syndicat national des agences de tourisme expert international afest/amforht