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Pour un usage intelligent des nouvelles technologies de l'information dans l'éducation

par Ahmed Houari*

Durant toute l'histoire de l'humanité, le progrès technologique a toujours été conçu pour améliorer les conditions de la vie humaine. De temps en temps, ce progrès technologique arrive même à révolutionner les aspects de la vie humaine. Citons l'exemple de l'invention de l'imprimerie qui a profondément bouleversé le savoir en le démocratisant et en généralisant sa diffusion.

De même, l'invention du train, de l'automobile et de l'avion a complètement révolutionné le transport des hommes et des marchandises. Quant à l'invention des ordinateurs électroniques dans les années 1940, elle a radicalement transformé une multitude d'activités humaines. Parmi ces dernières, il y a le traitement et la communication des informations qui ont été complètement façonnés par des technologies pilotées par ordinateur. Ces technologies sont souvent regroupées sous l'appellation de Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication (NTIC). Ces dernières ont aussi massivement investi le domaine scolaire. Bien que la quasi-totalité des inventions technologiques soient élaborées pour des usages nobles au service de l'humanité, il se trouve malheureusement que beaucoup de technologies sont détournées de leurs fonctions originelles. Parmi ces technologies, les NTIC utilisées dans le domaine scolaire ne font pas exception.

Dans cette contribution, j'aborde un thème d'actualité touchant des pratiques nouvelles en pédagogie au sein de l'école et l'université. Particulièrement, je me focalise sur quelques pratiques néfastes qui sont apparues avec l'avènement des nouvelles technologies de l'information en milieux scolaire et universitaire. Ces pratiques deviennent de plus en plus envahissantes et sont en train de compromettre sérieusement la qualité de l'enseignement et celle de l'apprentissage et du savoir chez les élèves et les étudiants.

Je mène ici une critique d'ordre pédagogique de ces pratiques tout en proposant quelques idées et démarches afin de remédier aux mauvais usages de ces technologies et inciter à leur usage intelligent et productif dans l'enseignement et l'apprentissage au sein de l'école et l'université.

Avant d'aborder le vif du sujet, un rappel extrêmement important s'impose. Il est primordial de distinguer très clairement entre les fondamentaux pédagogiques invariants et les moyens technologiques de leurs réalisations. La formation de l'esprit des apprenants à analyser, synthétiser, structurer la pensée, juger et prendre une décision raisonnée restera toujours un objectif fondamental en pédagogie. Par contre, les moyens utilisés pour parvenir à cet objectif évoluent avec les innovations technologiques. Prenons par exemple l'initiation au calcul arithmétique de base. Avant l'invention de la calculatrice, les écoliers apprenaient l'arithmétique manuellement. Maintenant, avec la disponibilité des calculatrices, les écoliers sont initiés à faire le calcul arithmétique à l'aide des calculatrices dès le cycle primaire.

A travers cet exemple, il est évident que les moyens technologiques utilisés en éducation et en formation, quelque soit leur degré de sophistication, auront toujours strictement pour rôle de faciliter la réalisation de l'objectif pédagogique recherché. Pour commencer, il est déplorable de souligner qu'avec l'avènement de la révolution numérique, la tendance majeure actuelle s'oriente vers une consommation excessive de données préétablies par tout dans le monde. L'usage de ces données facilement accessibles est devenu trop passif de la part des utilisateurs. Par exemple, comme pratique courante au sein de notre système éducatif à tous les niveaux, je cite la réalisation des thèmes de recherche dans diverses matières scolaires où les apprenants se rabattent sur l'Internet comme source principale d'informations. Un commerce florissant est apparu ces dernières années généré par la demande accrue de services assez particuliers.

Il est fréquent aujourd'hui de lire des annonces sur des panneaux devant des cybercafés ou des boutiques proposant tous types de ??bouhouth'' préalablement confectionnés à une clientèle spécifique. On se demande bien quels sont l'intérêt et l'utilité pédagogiques de ces documents confectionnés sur commande pour des apprenants qui ne font pas le moindre effort non seulement de les comprendre mais tout simplement de les lire. Il faut donc mettre fin à cette pratique scandaleuse et d'arrêter ce gâchis pédagogique qui fait perdre du temps aux apprenants et de l'argent qui se fait de plus en plus rare à leurs parents. La responsabilité incombe d'abord aux enseignants et ensuite aux parents. Les enseignants doivent bien expliquer aux apprenants la finalité de la démarche pédagogique derrière la réalisation de ce genre de recherche. On doit impérativement leur inculquer que l'objectif pédagogique visé est l'initiation au travail personnel exigeant l'effort de la lecture, l'analyse, la synthèse, la rédaction, l'expression orale et la citation des sources bibliographiques.

Par conséquent, les enseignants doivent évaluer ces thèmes proposés selon cette grille bien précise. Sinon, il faut carrément annuler cette tâche qui n'aurait aucun sens pédagogique et serait complètement inutile étant donné que l'objectif visé n'est pas atteint. D'autre part et depuis l'avènement des téléphones portables, le phénomène de la tricherie aux examens s'est accru d'une manière très inquiétante au sein de l'école et l'université. Ce fléau social pose un réel problème et un défi majeur à la société toute entière. Cette pratique frauduleuse est très préjudiciable et à la morale des apprenants et à la crédibilité des examens locaux et nationaux. Comment peut-on alors combattre le détournement de l'usage de ces moyens de communication durant les examens. Bien sûr, on doit commencer par l'éducation et la sensibilisation des apprenants aux conséquences désastreuses de ce fléau sur leur morale et leur discipline en tant que futurs citoyens et cadres de demain.

Et puisqu'il aura toujours une frange de candidats tricheurs qui ne sera dissuadée que par des mesures coercitives alors il faut davantage augmenter la vigilance pendant la surveillance des examens et sanctionner lourdement les fraudeurs. Mais, à mon avis, le moyen le plus efficace pour stopper ou au moins réduire la tricherie aux examens est plutôt pédagogique. Il faut repenser radicalement la confection des sujets d'examens où la tricherie est fréquemment observée.

On devrait confectionner les sujets d'examens autrement de telle sorte que l'accès aux informations consultables sur Internet durant les examens deviendrait pratiquement inutile pour répondre aux questions et problèmes posés. Un autre phénomène aussi nuisible qui s'est répandu en classe ces dernières années, c'est l'usage des téléphones portables par les apprenants en plein cours pour différentes raisons. C'est une habitude déplorable qui fait que ces apprenants accros sont présents physiquement en classe et mentalement ailleurs. De plus, cela provoque souvent des affrontements avec les enseignants quand ces derniers rappellent ces apprenants indisciplinés à l'ordre. En persistant dans ce comportement, c'est le signe grave de la perte du sens des priorités des choses chez cette espèce d'apprenants. Franchement, je ne vois pas de solution prête à ce problème sérieux en milieu scolaire. Un autre phénomène qui attire aussi l'attention est le nouveau code utilisé aujourd'hui par les jeunes apprenants pour communiquer entre eux via leurs téléphones portables. En plus de l'usage fréquent du francarabe, il y a l'adoption des caractères latins et d'autres inventés pour transcrire ce langage hybride.

Si on ne corrige pas cette pratique communicationnelle regrettable, on aura certainement des conséquences fâcheuses sur les normes linguistiques qu'il faut absolument respecter. Etant donné que la communication écrite est une compétence déterminante pour la réussite professionnelle et qui exige d'ailleurs un effort soutenu et permanent durant tout le parcours scolaire, il serait obligatoire d'exiger aux apprenants de communiquer dans un langage standard en milieu académique et de bannir complètement ce style communicationnel bizarroïde à la mode quand ces apprenants devraient au moins communiquer avec leurs enseignants sur des sujets pédagogiques via la messagerie électronique. Concernant un autre aspect de la pénétration des nouvelles technologies de l'information, il existe aujourd'hui toute une gamme très variée de logiciels professionnels sur le marché automatisant beaucoup de tâches de traitement d'information et de données. Parmi ces logiciels, il y a des logiciels généralistes populaires tels que les logiciels de traitement de textes, les tableurs, les systèmes de gestion de bases de données et les grapheurs.

D'autres sont très spécialisés conçus pour satisfaire des besoins spécifiques de divers publics professionnels. Ce type de logiciels sont commercialisés prêts à être utilisés. Ils sont connus dans le jargon informatique sous le nom de logiciels ??boîte noire'' ou ??black box software'' en anglais. La nécessité de comprendre le fonctionnement interne de ces logiciels avant leur utilisation dépend essentiellement du statut de l'utilisateur. Par exemple, l'utilisateur moyen ne bénéficiera d'aucun savoir théorique utile ni d'aucun avantage professionnel en essayant de comprendre le fonctionnement interne d'un logiciel de traitement de textes ou d'un logiciel graphique. Dans ce cas précis, l'essentiel est d'apprendre comment se servir de ces logiciels pour réaliser des tâches qu'on désire avec des qualités recherchées.

De la même sorte, un architecte est simplement censé capable d'utiliser un logiciel graphique professionnel tel que ArchiCadsans chercher à connaître son fonctionnement interne. En effet, un architecte a pour vocation professionnelle de réaliser diverses conceptions architecturales. Sa compétence nécessaire vis-à-vis du logiciel utilisé se limite à son utilisation optimale pour la réalisation de ses projets. Similairement, il est tout à fait acceptable qu'un chercheur scientifique utilise un logiciel d'acquisition des données expérimentales au laboratoire afin d'automatiser le stockage et le traitement des résultats sans se soucier du fonctionnement interne du logiciel utilisé moyennant que ce dernier est certifié par son éditeur. Par ailleurs, on utilise actuellement de plus en plus des calculatrices programmables et des programmes préconçus sur ordinateur dans l'enseignement des mathématiques.

Certes, ces logiciels qu'on désigne par logiciels de calcul symbolique et formel sont très utiles pédagogiquement mais seulement leur usage doit être à sa juste place. On devrait toujours enseigner les mathématiques de la manière classique et faire strictement de ces logiciels un usage d'appoint pour trouver les bons exemples, tester ce qu'on a appris théoriquement, faire des calculs fastidieux et vérifier les calculs faits à la main. A l'opposé, abuser de ces logiciels en apprentissage des mathématiques est contre-productif et surtout induit les apprenants en erreur sur l'approche correcte à suivre pour apprendre les mathématiques. Et après tout, comment peut-on espérer former des mathématiciens en cycle supérieur avec des apprenants qui n'ont jamais démontré formellement des théorèmes pendant leur scolarité antérieure. De plus, il existe aussi des logiciels de simulation d'expériences dans différentes matières scientifiques. Ces logiciels sont sûrement très utiles pour donner un avant-goût de l'expérimentation aux apprenants et chercher les paramètres optimaux pour les expériences proprement dites mais ces logiciels ne pourront jamais remplacer l'expérimentation réelle.

Dans le même ordre d'idées, je dois rapporter ici un constat sur une manière actuelle étrange de former à l'université. Il s'agit de la formation d'une catégorie de diplômés universitaires en sciences exactes et technologiques qui n'ont jamais écrit un seul programme d'ordinateurs durant tout leur parcours scolaire. Pour résoudre les problèmes posés dans leurs thèmes de recherche, ces diplômés se contentent d'utiliser des logiciels ??boîte noire'' spécialisés dédiés à leurs domaines de recherche. En n'exigeant plus la technique de programmation aux thésards en sciences exactes et technologiques, les directeurs de thèses privent certainement leurs thésards d'une occasion irremplaçable à la formation de résoudre des problèmes à travers la programmation informatique.

En imposant cette dernière aux thésards dont les thèmes de recherche nécessitant bien sûr un exercice de programmation, l'objectif recherché n'est pas de former des programmeurs professionnels mais plutôt d'offrir à ces thésards l'opportunité à s'approprier un tas de réflexes d'un chercheur scientifique. Pour rappel, afin de s'affirmer dans l'art de programmation, l'apprenant s'entraîne d'abord à formuler un problème et envisager une solution.

Ensuite, il commence par dissocier ce problème en blocs élémentaires logiquement imbriqués, identifier éventuellement des erreurs lors du débogage d'un code écrit dans un langage informatique et apprendre à optimiser ce code pour améliorer la performance du programme élaboré.

A défaut d'écrire leurs propres programmes pour réaliser leurs thèmes de recherche, on ne devrait plus permettre aux chercheurs débutants d'utiliser d'une manière aveugle les logiciels ??boîte noire'' dans leurs spécialités puisque ces logiciels sont l'outil de base de la production de leurs résultats. Ils doivent préalablement connaître parfaitement la démarche et la logique des algorithmes à la base de ces logiciels. Cet apprentissage s'avère nécessaire pour ces chercheurs afin d'identifier les sources d'erreurs en cas où les résultats sont jugés anormaux ou erronés ou en cas où ils doivent modifier les programmes selon les besoins de leurs thèmes de recherche. Personnellement, je déplore l'usage aveugle de ce type de logiciels car j'en connais les conséquences sur la qualité de formation. En effet, je siège souvent comme membre de jury de soutenance de travaux de master et de doctorat en physique et je remarque quelques fois que des candidats utilisent des logiciels spécialisés empruntés à la littérature scientifique sans connaître la moindre notion sur les algorithmes implémentés dans ces logiciels. Ces candidats se contentent de produire une quantité de données à partir des logiciels utilisés puis ils illustrent superbement ces résultats numériques par de beaux graphiques de toutes sortes. Et quand on aborde le fond de leurs travaux en relevant par exemple des anomalies dans leurs résultats présentés alors beaucoup de ces candidats ne trouvent de réponse que c'est le logiciel qui a donné de tels résultats sans aucune explication ni justification.

Donc, ça revient aux directeurs de thèses de sensibiliser les thésards aux méfaits et aux pièges de l'utilisation aveugle des logiciels ??boîte noire'' en recherche scientifique. On devrait obligatoirement imposer aux thésards à décortiquer la logique de fonctionnement de ces logiciels avec une analyse critique poussée de leurs performances et leurs limites. Une fois, cet exercice bien acquis, les thésards peuvent enfin utiliser ces logiciels en toute confiance en eux-mêmes. Sans cette démarche, on ne peut nullement prétendre à former de vrais chercheurs scientifiques mais plutôt de simples techniciens exécutants.

Maintenant, je crois qu'il est opportun d'évoquer ici une pratique pédagogique qui s'est généralisée au sein de l'université ces derniers temps. Il s'agit du recours excessif au logiciel PowerPoint pour donner les cours. Cette manière d'enseigner suscite actuellement beaucoup d'interrogations quant à son efficacité en milieu universitaire. Certes, il est indiscutable que PowerPoint, utilisé avec un appareil Data-Show, a complètement révolutionné la présentation des informations et des données. Il suffit de comparer la qualité de forme d'un exposé autrefois présenté à l'aide d'un rétroprojecteur projetant des documents et des images imprimés sur des transparents en plastique avec celle d'un exposé réalisé à l'aide des diapositives PowerPoint projetées par un appareil Data-Show. Avec ses performances puissantes telles l'interactivité, l'animation, intégration des données sous toutes ses formes, PowerPoint restera pour toujours incontournable pour donner des présentations dans diverses occasions : soutenances de thèses, communications dans les colloques, exposés dans les administrations etc. En revanche, ce qui me concerne particulièrement ici, c'est le recours systématique à ce logiciel dans l'enseignement des sciences exactes et technologiques. Une question pertinente qu'on doit se poser ici : quel apport pourrait contribuer ce logiciel à l'amélioration de l'enseignement d'un cours de physique par exemple? Bien sûr, aujourd'hui on ne trouve pas mieux qu'un appareil Data-Show avec des logiciels graphiques pour une visualisation 3D des éléments de symétrie d'un cristal dans un cours de cristallographie. En cours de biologie et de médecine, cet outil muni d'applications graphiques illustre parfaitement la structure 3D de l'ADN et permet une exploration 3D saisissante de l'anatomie du corps humain. Ceci étant dit et vu la nature des sciences exactes et technologiques, la démarche universelle dans l'enseignement de ces sciences est double : descriptive et quantitative. Dans la majorité des cas, après une description des phénomènes abordés, viennent nécessairement des approches mathématiques quantitatives qui sont souvent réduites à des équations algébriques ou différentielles régissant les phénomènes étudiés. La formulation de ces équations nécessite généralement un raisonnement sophistiqué qui se fait en plusieurs étapes successives exigeant beaucoup de concentration de la part des étudiants. De plus, suivant le degré de complexité d'une équation à élaborer, le passage d'une étape à la suivante exige l'intervention de l'enseignant en même temps qu'il développe cette équation par écrit sur un tableau. Avec une diapositive PowerPoint où toutes les étapes de la formulation des équations sont généralement déjà établies, l'enseignant ne peut que lire et commenter les étapes dans cette situation. Ce logiciel n'offre pas la possibilité à l'enseignant d'établir les étapes des démarches par écrit en même temps qu'il explique oralement les détails du raisonnement. Personnellement, je trouve que la méthode classique d'enseigner la physique ou toute autre discipline de sciences exactes et technologiques en écrivant sur un tableau en même temps qu'on explique le cheminement du raisonnement est beaucoup plus percutante que la méthode PowerPoint. A mon avis, la méthode classique reste irremplaçable pour enseigner efficacement des cours de sciences exactes et technologiques. Un autre problème majeur qui prend de plus en plus de l'ampleur à l'université, c'est la recherche des cours publiés sur Internet par beaucoup d'enseignants débutants pour préparer leurs cours. Etant donné que maintenant, il y a des milliers de cours publiés en format PowerPoint très attrayants sur Internet couvrant toutes les disciplines scientifiques et techniques, la tentation ??d'emprunter '' ces cours devient très grande pour les utiliser tels qu'ils sont. C'est la manière facile pour donner des cours mais académiquement c'est du plagiat pur et simple même commis sans intention. Cette pratique induisant de la paresse intellectuelle explique beaucoup la médiocrité galopante dans l'enseignement actuel à l'université.

Pour étayer ce constat déplorable, il y a quelques années, une étudiante en master de physique à Tlemcen s'est plainte des cours PowerPoint donnés par quelques enseignants. Je me rappelle, elle s'est confiée à moi en se plaignant qu'elle préfère elle-même télécharger des cours de l'Internet et rester chez elle pour les lire seule au lieu de se déplacer à l'université avec toutes les contraintes du déplacement pour assister à une séance de cours où l'enseignant se contente tout simplement de lire son cours PowerPoint. Franchement, j'étais étonné par sa critique audacieuse qui était très bien à sa place.

Pour conclure, je dirais que la liste, dressée ci-dessus, des pratiques jugées préjudiciables à la pédagogie suite à l'introduction des nouvelles technologies de l'information en milieu scolaire est loin d'être exhaustive. Néanmoins, je voudrais attirer l'attention des éducateurs et des formateurs sur les répercussions négatives des mauvais usages de ces technologies en éducation et en formation. Evidemment, on serait aveugle à ne pas reconnaître que ces nouvelles technologies ont un effet hypnotisant sur les jeunes apprenants. Par conséquent, ces derniers courent le risque majeur d'être distraits par ces technologies au lieu de s'en servir à mieux apprendre. Théoriquement, avec l'avènement de ces technologies, les nouvelles générations devraient apprendre mieux et plus vite que leurs aînés. Mais aujourd'hui on constate paradoxalement une baisse notable du niveau de la formation et de la culture générale. Beaucoup d'éducateurs pointent du doigt les mauvais usages de ces technologies par les nouvelles générations d'apprenants. A cette époque singulière, on attribue davantage le qualificatif d'intelligent aux machines inventées et à l'inverse on constate en parallèle que la majorité des utilisateurs deviennent des consommateurs passifs de ces technologies en s'abrutissant davantage. Donc, la responsabilité des éducateurs et des enseignants est très grande. Il y a nécessité d'une sensibilisation et d'une éducation salvatrice des jeunes apprenants dès leur bas âge à utiliser à bon escient ces nouvelles technologies selon leurs finalités d'origine. Et puisqu'on ne pourra jamais arrêter les innovations technologiques en éducation, on doit alors constamment inciter ces jeunes apprenants à en profiter pleinement pour améliorer leurs performances intellectuelles et professionnelles. On devrait développer chez eux des réflexes et des attitudes pragmatiques à adopter vis-à-vis des nouvelles technologies en général et les technologies de l'information en particulier. Il faut leur rappeler sans cesse et sans se lasser le principe philosophique suivant: la technologie est l'œuvre de l'homme et elle a pour vocation première son épanouissement physique et intellectuel. Enfin, je termine par rappeler une certitude qu'on a souvent tendance à oublier ou occulter en pédagogie et en formation professionnelle. La maîtrise des nouvelles technologies de l'information ne pourra jamais compenser un savoir scolaire mal acquis. De la même manière, une maîtrise de ce qu'on appelle dans le jargon professionnel ??l'outil informatique'' ne pourra jamais masquer une compétence professionnelle médiocre.

*Professeur de physique - Centre universitaire de Maghnia