«C'est
là où je suis né, et c'est là où je terminerai mes jours ». Plus qu'une
prémonition, c'était une profonde conviction ancrée dans l'esprit de Bouabdallah Nehari, en évoquant
le ?hawch' hérité de son père Abdelkader à El-Hamri. Plus qu'une phrase figurant dans l'entretien qu'il
nous a accordé au mois de novembre 2009, on se rend compte qu'il s'agissait
d'une profonde conviction personnelle. C'est jeudi à 2 heures du matin que
l'ancien joueur du MCO de la décennie 60 a rendu son dernier souffle, entouré
par les membres de sa famille. Ce fut la consternation au quartier d'El-Hamri et à Oran où le paisible Bouabdallah
jouissait de l'estime générale. Ça faisait deux mois que sa santé a commencé à
décliner comme nous l'a confié son ami intime, Lahcène
Belhocine. Dès sa belle participation au « concours du
jeune footballeur » en 1959 et auxquelles succédèrent tour à tour, Bessol Ahmed, autre pur hamraoui
et ami de toujours, Yousfi (Guyotville) et Rabah Saadane, futur sélectionneur de l'EN, le jeune Bouabdallah a suivi les traces de son illustre frère Miloud,
un des plus brillants footballeurs que l'Algérie a enfanté. Après une saison en
junior à Valence (France) où il avait rejoint son frère Miloud, Bouabdallah est retourné à El-Hamri
pour étaler ses qualités avec l'équipe d'El-Beïda qui
a livré plusieurs rencontres mémorables et où évoluaient les Ghalem Zradni, Chibani, Stamba, Soualmia Ghalem et Ouzaid Brahim entre autres. Puis, tout naturellement, il a
intégré l'équipe sénior du MCO jusqu'à 1971, l'année du premier titre où il
décida de raccrocher les crampons. L'ancien élève de la célèbre école
?Avicenne' venait de tourner une page importante de son parcours. Un parcours
qui lui laissera des souvenirs inoubliables, puisqu'il a côtoyé et joué contre
les meilleurs de son époque. La liste serait trop longue à dresser. Entre les
séances d'entretien physique au complexe des PTT jouxtant le quartier, les
pauses à la buvette Khaled, les mots croisés, les séances de jardinage, ses
journées se terminaient face à la télé, surtout les rencontres de football.
C'est
ainsi que sur ce plan, Bouabdallah est resté branché
jusqu'au bout. On gardera de lui sa grande affabilité et son sens de l'humour.
Avec cette disparition, et tout comme celle encore récente de l'asémiste Larbi Gasmi, c'est un
pan de l'histoire du football oranais qui s'en va à jamais. Outre ses anciens
coéquipiers, on a remarqué, à l'enterrement, la présence de beaucoup de jeunes,
preuve irréfutable de la popularité de cet ancien footballeur et voisin
irréprochable sur tous les plans.