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Football - Le jeu de tête chez les jeunes: Un exercice à réglementer strictement

par Adjal L.

Considérés par la réglementation comme des « manchots » ne pouvant se servir de leurs mains que lors des rentrées de touche, les footballeurs, outre leurs pieds, ont toujours eu la possibilité d'utiliser leur tête. Certains d'entre eux ont bâti l'essentiel de leurs carrières sur cette précieuse faculté à s'imposer dans les airs grâce à des qualités bien définies, à savoir la taille, la détente et le placement. L'histoire du football regorge de champions dans cet exercice spectaculaire, mais non exempt de dangers représentés aussi bien par l'adversaire que par le ballon. En effet, et généralement, ces buteurs « aériens » ont souvent affaire à des défenseurs athlétiques et déterminés à repousser le cuir de la tête et du pied. Et cela débouche sur des chocs dont les attaquants sont les plus souvent victimes, leur tâche étant plus ardue que celle des défenseurs.

Les anciens n'oublieront jamais le Hongrois Kocis, surnommé « tête d'or », lors du Mondial 1954 en Suisse qui, sur ses onze buts, en a inscrit six de la tête. On citera l'Irlandais Cascarino, le Chilien Zamorano, tous deux redoutables dans cet exercice, le premier grâce à sa taille (1 m 90), le second grâce à sa détente, ne mesurant que 179 centimètres. Evidemment, tous les joueurs de grand gabarit ont enrichi l'histoire du jeu aérien. En Algérie, on a dénombré des champions, tels Fréha (MCO), Berrahal (ASMO), Melaksou (MSPB), Ali Moussa (CRB) et la liste est très longue.

Cette entrée en matière nous permet d'évoquer que de récentes études ont établi les fâcheuses conséquences du jeu de tête sur les jeunes, celles-ci apparaissant bien après la fin de carrière. Des études approfondies ont révélé que l'accumulation des coups de tête et des chocs avec le coude sont dangereux pour le cerveau et laissent des séquelles à la suite de commotions cérébrales. De nombreux exemples d'anciens joueurs de l'époque 1950-70 sont cités.

Il est vrai, qu'en ce temps-là, le ballon en cuir de 396 grammes au coup d'envoi, pesait, par temps de pluie, 600 grammes ! Aujourd'hui, les ballons sont imperméables et moins lourds certes, mais ils ont gagné en vitesse, d'où la violence des chocs, surtout ceux non « attendus » qui provoquent l'évanouissement. A la suite de ces découvertes, plusieurs pays anglo-saxons ont décidé que le jeu de tête soit interdit chez les U10 et U12, et règlementé dans les autres catégories de jeunes où le risque est présent. Car un enfant pèse moins lourd, et lorsqu'un ballon arrive sur sa tête, celle-ci va être soumise à des forces de pression plus violentes que sur la tête d'un adulte. « Le cerveau d'un enfant est plus fragile », souligne l'un des chercheurs. Cela étant, le débat sur l'âge limite reste ouvert. Tout récemment, la fédération anglaise a annoncé de nouvelles directives visant à limiter le nombre de coups de tête aux entraînements, de l'école jusqu'à la catégorie U18, sans pour autant interdire le jeu de tête en compétitions. Il s'agit de mesures de précautions qui visent à protéger les plus vulnérables. On est surpris qu'aux Etats-Unis, les éducateurs se sont pliés les premiers à ces précautions : un coup de tête chez les U9, U10 et U11, c'est coup franc pour l'équipe adverse ! Aux opposants de ces mesures, les chercheurs offrent une alternative, à savoir utiliser un ballon en mousse aux entraînements pour limiter les chocs. Il a été prouvé que les séquelles surviennent plus tard, après la cinquantaine, avec des maladies telles qu'Alzheimer et Parkinson. Il reste à souhaiter que les clubs et leurs formateurs prennent conscience de ce danger et n'exigent pas trop de leurs jeunes dans ce domaine. Après tout, même sans préparation spécifique du jeu aérien, des équipes marquent des buts de la tête, car ça reste un geste naturel et spontané. Les grands buteurs comme Cristiano Ronaldo sont spectaculaires, mais on doit aussi reconnaître que des joueurs comme Messi, Modric et Iniesta, désavantagés dans cet exercice par leur taille, se rattrapent largement lorsque le ballon est au sol. Leurs riches palmarès plaident pour eux. Car le plus souvent, la balle est au sol, loi de la pesanteur oblige...