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Tébessa: Qui est responsable des inondations ?

par A. Chabana

Les cours d'eau, ou ce qui en reste, sont-ils les seules causes des inondations périodiques, vécues ces derniers temps au chef-lieu de la wilaya de Tébessa, suite à des pluies automnales ?

Les oueds dévalent des hauteurs montagneuses aux alentours de la ville pour finir leur course plus bas, en aval, à la périphérie nord et est, dans des quartiers en contrebas. Désormais ces oueds sont synonyme de catastrophes naturelles, appelées inondations. Oueds Mizab, Rafana, Nagues, Zaârour et Taghda ont toujours emprunté le même chemin, sauf que le tissu urbanistique anarchique est venu entre-temps se greffer là-dessus. Des cités entières sont construites illicitement sur les lits et sur les abords des oueds. Tout cela a fait que la ville de Tébessa et ses 250.000 habitants vivent sous la hantise des risques des crues d'oueds détournés de leur itinéraire naturel. Alors faute de mieux, on fait dans l'urgence et l'approximatif, en initiant des plans de sortie, afin de protéger la cité des inondations et débordements des cours d'eau. Les scènes apocalyptiques du 18 septembre 2018 sont encore en mémoire : après seulement une demi-heure de précipitations torrentielles, un enfant de 5 ans et 80 véhicules ont été emportés par la crue et 5 kilomètres de routes dégradées. Les responsables concernés ont-ils tiré les conclusions qui s'imposaient face à l'ampleur des dégâts? Depuis, une commission a été mise en place à la direction des ressources en eau, un organe de suivi et de recensement des points noirs. Les oueds de Zaârour et Nagues ont connu une opération de nettoyage, ainsi que le curage des avaloirs et caniveaux, mais pas tous ! D'autres travaux concerneront la rénovation du réseau d'assainissement, avec le projet de raccordement de la station d'épuration des eaux usées aux principales canalisations. Un urbanisme anarchique serait donc un obstacle devant les infrastructures réalisées pour le drainage des eaux pluviales, au moment où le réseau unique de collecte des eaux usées et pluviales à la fois a prouvé ses limites. 200 avaloirs se trouvent obstrués par des déchets hétéroclites charriés sur plusieurs kilomètres.

À noter qu'au cours des 6 derniers mois, neuf oueds ont été nettoyés sur une distance de près de 30 kilomètres. Les ordures ménagères et déchets solides entassés dans leurs abords ont été éliminés, et plus de 2.900 avaloirs et caniveaux nettoyés durant la même période. Enfin, il est à rappeler la responsabilité des habitants eux-mêmes, quant à l'entretien de ces sites. Il faut respecter certaines règles. Le dépôt des ordures, qui parait anodin pour beaucoup de gens, est un geste aux conséquences parfois dramatiques. Quand ces déchets transportés par les eaux iront boucher les canalisations d'assainissement, c'est le drame. Signalons aussi l'ouverture d'une enquête judiciaire relative au dossier de la protection des villes des inondations où plus de 7 milliards de dinars ont été consommés. L'opinion publique s'interroge comment a été dépensé tout cet argent. A-t-on réalisé des études fiables ? Quelles mesures avaient été prises et quels mécanismes à faire œuvrer en pareille situation ?