Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Entre les vols de bacs à ordures et les restrictions en matière de collecte: La ville «menacée» par les déchets ménagers

par Houari Barti

Si tout le monde s'accorde à dire qu'Oran a presque de tout temps eu des difficultés considérables à gérer convenablement ses déchets ménagers, il n'en demeure pas moins que depuis quelques mois, la ville s'approche dangereusement du point de rupture tant tous les voyants sont tous passés au rouge. De plus en plus de déchets ménagers gisant à même le sol sont en effet observés un peu partout. Des scènes qui rappellent des temps qu'on croyait définitivement révolus où chaque quartier possédait ses propres décharges à ciel ouvert. Une évolution qui s'explique, essentiellement, par deux facteurs objectifs, à savoir, un manque considérable de bacs à ordures mis à la disposition de la population en plus d'une limitation imposée par les collectivités locales du nombre de rotations opérées par les sous-traitants chargés de la collecte des ordures ménagères. S'agissant des bacs à ordures pour lesquels les pouvoirs publics ont dépensé des milliards, durant les dernières années, c'est un véritable casse-tête chinois. Outre les problèmes d'affectation et de dispatching « équitable » de ces bacs à ordures par les services communaux, il existe un autre problème et non des moindres, celui ayant trait au vol de ces bacs par des réseaux spécialisés qui les convoitent pour leur valeur marchande auprès des unités de recyclage du plastique. Vendu au kilogramme, ces bacs à ordures permettent à ces réseaux d'engranger des sommes importantes causant au passage des pertes faramineuses au Trésor public. Un phénomène bien connu par tous, mais qui semble pourtant ignoré par les services chargés de contrôler ces unités privées spécialisées dans le recyclage plastique.

A titre d'exemple, l'EPIC de wilaya Oran-Propreté qui est concessionnaire public auprès des communes pour le ramassage des ordures, a enregistré pas moins de 370 bacs volés, cette année ayant fait l'objet de plaintes auprès des services de sécurité. Face au déficit, l'entreprise de nettoiement a élaboré un plan d'action pour l'élimination de tous les points noirs, dans les trois secteurs urbains relevant de la commune d'Oran, à savoir : Es-Seddikia, El Othmania et El Menzah. En effet, chaque mardi, l'Epic va mener une opération d'élimination des points noirs. D'ici un mois, tous les quartiers dont les bacs ont été volés seront dotés de bacs à ordures neufs, avait par ailleurs promis M. Taïbi, directeur de l'Epic dans un entretien accordé récemment au ?Quotidien d'Oran'.

L'insalubrité sans précédent à laquelle fait face la grande cité de l'Ouest qui, rappelons-le, s'apprête accueillir les Jeux Méditerranéens en 2021, s'explique également par le nombre de rotations des camions de collecte, limité à une seule rotation par jour. En effet, selon les concessionnaires privés qu'on a pu rencontrer, les services de la commune d'Oran qui accusent des dettes qui se chiffrent en plusieurs milliards de centimes auprès de ces sous-traitants, ont restreint ces derniers à ne plus opérer plus d'une seule rotation par jour et par camion, et ce, afin de ne pas trop alourdir cette dette déjà trop salée. Dans ce contexte particulier, les sens de responsabilité et de civisme des citoyens sont plus que jamais interpellés.