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Hydrocarbures: «Il faut renforcer Sonatrach»

par Z. Mehdaoui

La société nationale des hydrocarbures doit être renforcée pour pouvoir s'engager avec les grandes firmes internationales. C'est ce qu'a déclaré hier le professeur et expert en énergie, Mourad Preure, sur les ondes de la radio Chaîne 3.

«La puissance pétrolière de l'Algérie ne doit pas résider dans ses réserves et sa production, mais dans la puissance de Sonatrach», a déclaré M. Preure. «Il faut absolument que Sonatrach soit renforcée pour qu'elle puisse monter des partenariats stratégiques avec des leaders qui partagent avec elle le risque». Mourad Preure affirme que la situation de Sonatrach est anormale depuis une quinzaine s'années. «Le groupe Sonatrach a ralenti ses investissements dans l'amont, à savoir l'exploration et la production», se désole notre expert qui affirme que la législation algérienne a été violée et du coup ça a terni l'image du pays vis-à-vis des étrangers.

«Si vous changez les règles au cours d'un match on ne peut plus jouer», dira M Preure en soutenant qu'on a trop «tripoté» la législation algérienne, ce qui a terni l'image de Sonatrach et empêché les étrangers de s'investir davantage. Revenant sur le marché énergétique national, l'invité de la Chaîne 3 déplore, encore une fois, le changement permanent de législation qui, non seulement fait fuir les leaders pétroliers mondiaux, mais pénalise aussi lourdement Sonatrach.

Il plaide en faveur d'une législation stable, ouvrant la voie à une association de cette compagnie avec des partenaires leaders.

«La puissance pétrolière de l'Algérie ne doit pas être perçue dans le niveau de ses réserves ou de sa production, mais dans la puissance de Sonatrach». M. Preure appelle à au renforcement de cette dernière afin qu'elle puisse monter en puissance et attirer à elle des leaders avec lesquels elle puisse partager les risques. L'expert en énergie, en matière de production, cite l'exemple du champ de Hassi Messaoud. «Quand on a découvert le gisement de Hassi Messaoud, il contenait 50 milliards de barils de pétrole. On a exploité jusqu'ici 15% des réserves de ce champ à un taux de récupération entre 26 et 27%», et si on augmentait le taux de récupération, ce gisement donnera encore du pétrole brut pour plusieurs autres décennies, a déclaré M. Preure.

Par ailleurs, l'invité de la radio nationale a évoqué les dernières attaques contre les installations pétrolières saoudiennes. En dépit de ces attaques qui ont impacté le marché, occasionnant une hausse du prix du baril de plus de 10%, l'expert estime que le marché mondial est resté «équilibré». Il affirme qu'en plus de la déclaration de Trump annonçant le déstockage de réserves américaines de brut, «l'Arabie saoudite est capable de supporter, dans l'immédiat, le choc avec ses stocks de 35 jours et ses capacités inutilisées de 2 millions de barils/jour». Toutefois, nuance l'expert, le recours aux stocks stratégiques et les difficultés de Riyad à remettre en marche ses installations, va peser sur le marché. «Le marché intègre aujourd'hui cette forte incertitude», affirme-t-il en prédisant qu'une «perte de production va se traduire par une hausse des prix» qui devraient à coup sûr «stimuler le gaz de schiste».