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Il a été agressé sur un parking à Tuzla: Un Algérien assassiné en Bosnie-Herzégovine

par Moncef Wafi

  Dans la nuit de lundi à mardi dernier, un migrant algérien, dont l'identité n'a pas été divulguée, a été agressé par plusieurs personnes sur un parking à Tuzla, une ville au nord-est de Bosnie-Herzégovine, et est décédé à l'hôpital, selon un communiqué de la police. Deux personnes soupçonnées de l'avoir poignardé ont été arrêtées, rapportait, jeudi, l'AFP. Ce n'est pas la première fois que les migrants algériens sont agressés dans ce pays, eux qui font partie du contingent de migrants, au même titre que les Pakistanais, les Afghans ou encore les Bengalis et les Marocains qui tentent de rejoindre l'Union européenne en passant par la Bosnie. En juin dernier, des migrants pakistanais auraient agressé des Marocains et des Algériens dans un centre d'accueil en Bosnie-Herzégovine, les empêchant d'entrer dans l'établissement, avait annoncé l'agence de presse italienne ANSA citée par le site d'information électronique Yabiladi. La même source rapporte que l'incident survenu dans le centre d'accueil des migrants Miral, dans une ville appelée Velika Kladusa dans le nord du pays, a eu lieu après une bagarre impliquant une centaine de migrants. Plusieurs personnes ont été blessées et d'autres arrêtées lors de la bagarre, précise l'agence de presse. Des photos et des vidéos des migrants pakistanais agressant les Maghrébins ont été d'ailleurs publiées par les médias locaux. Selon les témoignages des migrants algériens se trouvant coincés en Bosnie-Herzégovine, ils ont tentés d'entrer dans un pays de l'Union européenne en passant par cet Etat ; la Bosnie étant considérée comme une déviation de la « route des Balkans », de plus en plus verrouillée. Certains d'entre eux sont refoulés de Croatie après avoir été tabassés, d'autres de Slovénie ou du Monténégro.

Le 8 juillet dernier, et après que la présidente croate, Kolinda Grabar-Kitarovi, a publiquement confirmé que les autorités croates étaient impliquées dans le refoulement illégal de migrants en Bosnie-Herzégovine, la défenseuse des droits de Croatie, Lora Vidovi, a rendu publique une plainte anonyme émanant d'officiers de police qui déclarent avoir reçu l'ordre de « renvoyer tout le monde sans procédure, sans laisser de traces, de prendre l'argent, de casser les téléphones portables et de renvoyer de force tous les réfugiés en Bosnie ». De Sarajevo, les Algériens prennent la direction de Bihac, au nord-ouest de la Bosnie, une ville, frontalière avec la Croatie, de 40.000 habitants où plus de 4.000 migrants survivent déjà dans des conditions misérables.

Certains ont déjà tenté cinq ou même dix fois, en vain, de passer en Croatie, apprend-on. Justement, c'est dans cette région du pays que deux autres migrants ont été retrouvés morts, dont un écrasé par un train, a appris l'AFP, de source policière. « Une personne a été heurtée cette nuit par un train à Bihac et le cadavre d'une autre personne a été retrouvé mercredi dans une maison en construction à Velika Kladusa (près de Bihac) », a déclaré un porte-parole de la police régionale, Ale Siljdedic. « Nous supposons qu'il s'agit de migrants. La personne retrouvée à Velika Kladusa a des blessures à la tête, mais on saura après l'autopsie s'il s'agit d'une agression ou d'un accident », a précisé le porte-parole. La nationalité de ces deux hommes n'a pas été déterminée pour l'instant. Selon un témoignage, le migrant écrasé par le train se serait endormi sur les rails. Il est fréquent que des migrants marchent le long des rails de chemin de fer pour avancer. Quelque 5.000 migrants se trouvent actuellement dans le canton de Bihac, dont environ 3.500 dans des centres d'accueil et les autres dans des logements privés ou en mouvement, selon la police. Près de 20.000 ont été recensés sur le territoire de ce canton depuis le début de l'année. « Depuis un mois, nous enregistrons au moins une centaine de nouveaux migrants qui arrivent tous les jours dans le canton », a précisé la police, notamment des Pakistanais et des Algériens venant de Serbie ou du Monténégro. Le 17 juillet dernier, une rencontre qualifiée de tendue a eu lieu à Bruxelles entre les représentants des autorités de Bosnie-Herzégovine et la Commission européenne, qui déplore les mauvaises conditions d'accueil des migrants, et « note avec regret que la Bosnie-Herzégovine n'a pas trouvé d'emplacements appropriés pour installer de nouvelles capacités d'accueil, alors que la Commission avait proposé l'appui financier nécessaire ». Pour rappel, depuis 2007, l'UE a accordé 24,6 millions d'euros à la Bosnie-Herzégovine au titre des politiques de l'asile et des migrations.