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Tébessa: Les préoccupations, les soucis et le devenir en discussion

par A. Chabana

  Il n'y pas mieux qu'un café, cet établissement public, pour tâter le pouls d'une société en pleine ébullition. Un microsome représentatif où les diverses couches sociales se côtoient, dans leurs différences, les préoccupations et leur devenir commun. Se trouver dans un café, c'est aussi une échappatoire pour certains, afin de vider leur sac, partager leurs soucis. Les gens y viennent pour écouter et s'exprimer. Les évènements y défilent à grande vitesse, les montres tournent et l'imprévu est souvent au rendez-vous. Quelles sont les dernières nouvelles, une question qui se lit dans le regard de chacun. On attend, on espère et on craint, c'est le leitmotiv des discussions, des sujets passés en revue. Les opinions se croisent, sans pour autant trancher sur quoi que ce soit.

Ammi Ali, le retraité, fait dans les projections, c'est un homme averti et n'avale pas les couleuvres. D'une façon éloquente il met le feu au débat. D'autres semblent détenir à eux seuls la vérité, imbu de sa personne, rien ne lui échappe, plus vite que tous, il fait dans la rétrospective, la comparaison, pour argumenter ses propos. Tout en grillant sa cigarette et sirotant son café, il démarre le film des événements où tout s'entrechoque. Plus informer que moi, quitte la ville, Bessam, le chouchou de la bande, l'œil vif, il scrute l'horizon, d'une Algérie qui aurait pu mieux faire. Il regrette les opportunités gâchées, sa devise, ne pas trop se pencher sur le passé, l'avenir est notre chance si toutefois les erreurs sont prises en compte. Bessam se dit persuadé que notre jeunesse a des atouts, qu'il faudra aller chercher parmi les compétences qui se dilapident vainement, dans l'ombre de la médiocrité.

Et puis, il y a Si Ali Alia, le premier maire élu de la cité, dès l'aube de l'indépendance. Si Ali est toujours sur ses gardes quand on ouvre un débat sur l'actualité locale ou nationale. Son expérience acquise de ses nombreuses fonctions, d'intérêt public, dans l'administration et le secteur de l'enseignement, entre autres, lui fait dire que la jeunesse d'aujourd'hui s'est déracinée de valeurs essentielles de l'identité algérienne et de son histoire, celle du passé glorieux de leur pays, de nos jours de nouveaux paramètres entrent en jeu pour évaluer les personnes. Si Ali Alia qui durant la révolution de libération avait exercé dans l'information, encore balbutiante de la future presse nationale, croit que les organes de presse ont une émission cruciale à accomplir et que leur rôle est plus important, dans la rectification de certaines idées et certaines pratiques, pour le bien de la société. Le café ne désemplit pas, les discussions battent leur plein et n'en finissent pas. Il est question de cherté de la vie, d'attente de décisions effectives, sur la problématique de l'emploi, de la prise en charge et règlement de maux sociaux des assurances que pourront apporter les pouvoirs publics devant l'inquiétude des citoyens, des actes bureaucratiques, d'une administration, service public par excellence, qui n'arrive pas à se défaire de réflexes dommageables.