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Devant le durcissement de la grève des mécanos: Air Algérie multiplie les suspensions

par Moncef Wafi

  «Jusqu'à 16 h, on attend toujours un signe du P-dg», a déclaré, hier, au ?Quotidien d'Oran', le président du Syndicat national des techniciens de la maintenance avions (SNTMA), Ahmed Boutoumi. Dans une tentative de prise de contact pour trouver un compromis avec leur direction, le syndicat a pris l'initiative de mettre sur place une délégation composée d'anciens mécaniciens et de syndicalistes ainsi que de trois membre du SNTMA pour essayer de désamorcer la crise à travers le dialogue. «Nous avons opté pour la sagesse et cette délégation a pris attache avec les conseillers du P-dg pour une éventuelle rencontre, mais en vain, le P-dg ne veut pas nous recevoir. On attend une réponse depuis 11h», explique notre interlocuteur. Aujourd'hui, et selon Boutoumi, la grève a pris un caractère national, il estime les grévistes à 95%, après n'avoir concerné, dans un premier temps, que les mécaniciens et techniciens de la maintenance à l'aéroport d'Alger. Et les décisions de suspension continuent de pleuvoir puisque, outre les 14 suspensions de mécaniciens décidées, mardi dernier, le président du SNTM affirme que 5 mécaniciens à Oran et 2 à Tamanrasset ont été destinataires de la même sanction administrative. D'autres décisions pourraient encore concerner les travailleurs d'Alger. Le syndicat qui cherche l'apaisement, estime qu'il ne peut pas faire marche-arrière tant que les portes du dialogue restent fermées par l'employeur alors que le reste des corps de métier d'Air Algérie pourrait se joindre à la grève, les PNC en première ligne. L'inconnue qui plane est cette lancinante question sur la sécurité des avions qui volent alors que la majorité des mécaniciens au sol sont en arrêt de travail ?

Rappelons que le conflit, entre la direction d'Air Algérie et les mécaniciens et ingénieurs de maintenance, a pris une autre tournure après la décision de l'Administration de suspendre 14 mécaniciens grévistes. L'ensemble des techniciens de la maintenance a vivement réagi et le syndicat, resté en retrait lors de ce débrayage, entamé dimanche dernier, a décidé de s'impliquer. «On est tous prêts à être licenciés» a averti le président du SNTMA, regrettant la décision du P-dg de la compagnie aérienne qui, selon lui, pousse au pourrissement.

Actuellement, tous les travailleurs de la maintenance observent un sit-in devant leur base, sise à Dar el-Beïda, à Alger, ne sachant pas réellement ce qui va suivre.

Rappelons que Boutoumi avait rappelé, lundi dernier, les propos solidaires des grévistes qui affirment qu'en cas d'éventuelles sanctions administratives et si l'un d'entre eux est licencié, c'est l'ensemble des travailleurs qui plieront bagages. Réagissant à la grève inopinée déclenchée par plus de 120 techniciens de la maintenance, dimanche dernier, le P-dg d'Air Algérie, Bekhouche Allache, a qualifié le mouvement d'«illégal», précisant que l'Administration va notifier, dans les prochaines heures, les Autorités judiciaires de cette grève. Face aux revendications des travailleurs, il a répondu que la situation financière de la compagnie «ne permet pas de procéder à une révision de la grille des salaires», promettant qu'Air Algérie a placé cette revendication parmi ses «priorités», une fois sa bonne santé financière rétablie. Allache explique, encore, qu'une approche comparative avec d'autres compagnies aériennes a été initiée pour fixer une grille des salaires adéquate à tous les fonctionnaires d'Air Algérie. A ce propos, le président du SNTMA, Ahmed Boutoumi, a déploré le fait qu'aucun responsable de la compagnie n'a daigné entrer en contact avec les grévistes. Quant aux difficultés financières évoquées par le P-dg d'Air Algérie, pour surseoir aux revendications des travailleurs, il répond que les mécaniciens et ingénieurs de la maintenance ne sont pas responsables de la mauvaise gestion de la compagnie aérienne. «C'est la faute aux gestionnaires, pas aux mécaniciens. Il n'y a aucune politique commerciale et prétextent le manque d'argent alors qu'ils en ont pour satisfaire les autres corporations», ajoute-t-il amèrement.