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Constantine - Commune de Didouche Mourad: Un élu accuse, le maire s'explique

par A. Zerzouri

«Le développement local au niveau de la commune de Didouche Mourad est en panne depuis une dizaine d'années», soutient un élu qui siège à l'assemblée communale, M. Abdelwahab Mahceni.

Pour cet élu local, «tout marche à l'aveuglette» dans cette commune, car «la gestion anachronique des affaires publiques mène tout droit à un mur». Des critiques acerbes, adressées directement au maire et aux élus de l'assemblée qui, «par leur silence, sont complices des dérives enregistrées dans la gestion des projets, caractérisée par le retard dans l'achèvement des travaux et le non suivi, débouchant immanquablement sur les fameux avenants pour continuer encore à tort et à travers de dépenser les deniers publics», lance M. A. Mahceni. Ce dernier a, dans une longue lettre adressée au maire, «une mise en demeure», précise-t-il, exigé «un redressement de la situation, une révision des méthodes de travail, une rationalisation des dépenses publiques et, surtout, l'engagement d'une large et sérieuse concertation autour des éventualités de création des richesses à travers des investissements bénéfiques pour la commune et ses habitants».

«La commune doit corriger sa feuille de route, si elle en a une, sinon elle aura à faire face au chaos du chômage et de la délinquance qui rongent la population juvénile», relève notre interlocuteur, qui nous a remis une copie de la lettre transmise par huissier de justice au maire. La lettre en question, dont l'objet porte sur un «dernier avertissement», qui «me réserve le droit de passer à d'autres moyens et paliers de plaintes», souligne le concerné, porte sur une dizaine de points noirs, dont la dénonciation de la gestion unilatérale des affaires de la commune et la marginalisation des compétences. Les reproches ou les critiques portent également sur l'entreprise communale (EPIC) «qui a dépensé des sommes d'argent énormes sans aucun rendement sur le terrain», soulignent les termes de la lettre en question, exigeant dans ce contexte de revoir le bien-fondé de l'existence de cette entreprise, «qui ne fait que sous-traiter les marchés qui lui sont attribués, sans résultat palpable», relève la même source. Ajoutant dans ce sillage que, à l'instar d'autres projets qui n'ont pas vu le jour, comme la bibliothèque qui garde encore ses portes fermées, les travaux de réhabilitation du centre culturel semblent s'éterniser, privant les jeunes de la commune, qui souffrent des affres l'oisiveté, d'un lieu éducatif et de détente.

Plus loin encore, l'élu Mahceni reproche au maire et à l'assemblée de procéder à des répartitions «anarchiques» du budget de la commune, citant dans ce cadre les 10 milliards de centimes, récupérés des restes de l'exécution de certains projets et ceux qui n'ont pas été exécutés du tout, sans fermeture du chapitre ou compte financier, depuis 2013, et qui ont été «fractionnés dans de petits projets alors que la clairvoyance plaiderait pour l'investissement de cet argent dans des projets qui renforceraient les revenus de la commune», estime-t-il. Quant au dossier des constructions illicites, il constitue tout simplement une bombe à retardement. Accusant dans ce sens l'assemblée communale de laxisme face à la propagation des constructions illicites, sans manquer d'exhorter le maire, selon la loi et les orientations du gouvernement, de lancer en urgence une opération de démolition de ces bâtisses construites hors normes réglementaires, sur des terrains propriétés de la commune, et qui ont défiguré l'environnement. M. A. Mahceni précise qu'il ne vise aucun intérêt personnel à travers cette bataille contre la gabegie qui frappe la commune de Didouche Mourad, seulement qu'il ne peut pas se taire face au gâchis qui enfonce la commune dans la désolation.

Contacté par nos soins, le P/APC de Didouche Mourad, M. Tahar Boucheham, confirme qu'il a reçu la lettre en question, mais il dira qu'il n'a pas bien examiné tous les points qui y sont inscrits. Toutefois, il répondra à quelques questions, affirmant qu'il travaille avec une équipe et que tout ce qui se fait au sein de l'assemblée est sujet à débats publics. «Mieux encore, objectera-t-il, nous travaillons sous la coupe d'une administration et les délibérations rendues par l'assemblées sont approuvées par la tutelle administrative, daïra et wilaya, c'est dire que rien ne se fait en catimini ou en cachette». Quant aux critiques visant la répartition du budget (BS) de 10 milliards de centimes, le maire de Didouche Mourad estime qu'il est de son devoir d'inscrire des projets qui répondent aux soucis et doléances des citoyens. «On ne peut placer cet argent dans un investissement, comme le souhaite cet élu, même s'il sera rentable dans quelques années, et ignorer les doléances sociales quotidiennes des citoyens», dira-t-il. Soulignant dans ce contexte qu'il «préfère traiter l'aspect social, plutôt que de se lancer dans d'autres investissements de portées économiques qui nécessitent du temps et de l'argent, des investissements qui incombent plus au secteur privé».

Quant aux critiques visant l'EPIC, il signalera que ses agents sont à l'œuvre depuis 7h du matin, ce samedi, dans le cadre de la campagne de nettoyage, pour dire que son existence a bien un rendement effectif. Notre interlocuteur finira par conclure qu'il reste ouvert au débat et aux propositions, et que l'élu, auteur de la lettre, n'est pas d'accord avec la gestion de l'assemblée et fait figure d'opposant, mais tout ce qui se fait est exposé devant tous les membres, y compris devant lui.