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La nouvelle zone industrielle de Maghnia sous les projecteurs?

par M. Charef *

La lecture de l'arti- cle intitulé : Maghnia, la nouvelle zone industrielle, « une menace pour le barrage » paru dans votre quotidien du 26 septembre, appelle quelques observations et mises au point techniques et réglementaires.

Il y a lieu de signaler que la localisation d'une zone industrielle en amont d'un barrage n'est nullement une menace pour les spécialistes avertis puisque les solutions techniques existent.

Depuis des décennies les sources de la pollution de l'oued Mouillah sont connues, reconnues et soulevées sans pour autant que des solutions soient mises à exécution ; elles ont été identifiées depuis les années 1970, et que nous avons constatées visuellement sur les lieux (lors d'un passage au Maroc) quand la frontière était ouverte. Mais depuis le temps?

Dans la logique, les études d'impact et de danger, qui ont dû être faites pour valider le choix de la localisation du site de la nouvelle zone industrielle, préconisaient le respect des prescriptions prévues par la réglementation dans le domaine de la protection de l'environnement et du développement durable, la clarté de ces textes réglementaires et législatifs sur le sujet n'appelle aucune réserve quant aux préalables à cerner avant de proposer une localisation d'une zone industrielle.

Dans l'article paru, il est mentionné que le wali de Tlemcen a ouvertement critiqué devant les élus de l'APW, le mauvais choix de terrain de cette zone, située à Ouled Bendamou (Maghnia), alors que la logique voudrait une exploitation du dossier (étude d'impact) ayant permis le choix de cet emplacement et les justifications avancées avant toute tentative de sa délocalisation.

Les 48 lotissements totalisant 103 hectares devant attirer des investisseurs qui normalement devraient respecter la réglementation particulière (cas par cas) portée dans l'étude d'impact sur l'environnement. Et ainsi le problème de pollution du barrage de Hammam Boughrara serait résolu et ne constituerait plus la justification avancée de délocaliser cette zone d'une part. D'autre part, il est également possible de sélectionner les demandes des investisseurs et ne retenir que les projets non polluants tels que : les projets agroalimentaires, de conditionnements, montage mécanique? etc.

L'action prioritaire devant être engagée par les défenseurs du barrage de Hammam Boughrara devrait porter sur les effluents en provenance de la région d'Oujda pour leur trouver une solution. La deuxième action serait d'obliger les industries rejetant leurs effluents vers l'oued d'installer des stations de traitement calibrées techniquement et physiquement selon les sources de pollution. La menace qualifiée de sérieuse par l'auteur de l'article semble exagérée car les dangers réels sources de risques et de menaces sur le barrage sont les sources actuelles de pollution. Dans ce volet, il y a lieu de noter que la procédure de choix de terrain pour une zone industrielle est strictement réglementée et que les recours sont permis. Si les industries prévues dans cette zone respectent les recommandations des études d'impact et de danger, la menace sur le barrage de Hammam Boughrara sera totalement écartée.

La réticence des opérateurs économiques ne semble pas être la localisation de la zone, autrement comment expliquer les nombreuses zones industrielles localisées en amont de barrages et de rivières. Il semble que d'autres contraintes non identifiées par l'auteur et c'est dommage pour un investigateur, car un investisseur une fois qu'il respecte la réglementation, crée des richesses et de l'emploi.

Il semble plutôt que la future zone industrielle de Maghnia dérange des lobbies dans la région qui craignent que cette région frontalière vienne concurrencer d'autres projets vu le potentiel d'investisseurs dans la ville de Maghnia. (Particulièrement agricole).

L'inquiétude du wali (selon l'auteur de l'article) ne semble pas être l'impact de la zone sur le barrage mais plutôt le coût de l'infrastructure de base permettant aux industriels de s'installer.

Pour une fois que Maghnia bénéficie d'une zone industrielle pouvant permettre aux investisseurs locaux de développer des industries dont la région a besoin. Il semble qu'on invite la société civile à remettre en cause ce projet.

Il faut signaler que cette zone est localisée en dehors des espaces urbanisés, hors de terrains agricoles et sur des terrains accidentés.

Le danger sur le barrage soutenant la thèse des adeptes de sa délocalisation est douteux car il suffit d'obliger les investisseurs (suivant un cahier des charges bien élaboré) à doter leurs unités de micro-station de recyclage ou d'épuration des eaux pour la protection du barrage. Il suffit d'installer une station de traitement calibrée en amont du barrage sur le fond de l'environnement et le problème des sources ayant un impact sur les eaux du barrage sera définitivement résolu. Ainsi la zone industrielle sera occupée, elle créera des richesses et donnera de l'emploi à la population de Maghnia qui en a grandement besoin.

*Expert judiciaire spécialiste en sécurité industrielle et protection de l'environnement - Sidi Bel Abbès.