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Une production record et un retrait français: L'Algérie cèdera-t-elle au blé russe ?

par Moncef Wafi

L'Algérie est intéressée par le blé russe, rapporte l'agence Tass, se référant à Rosselkhoznadzor, l'organe de surveillance auprès du ministère russe de l'Agriculture. «L'Algérie est extrêmement intéressée par l'importation de blé russe et envisage cette possibilité après avoir analysé les informations reçues lors de l'inspection. La décision de la partie algérienne sera également basée sur les résultats de l'inspection du lot de blé d'essai qui sera envoyé à l'Algérie dans un avenir proche», a indiqué la même source. L'Algérie, rappelons-le, est le deuxième plus gros importateur de blé au monde après l'Egypte, avec une moyenne de plus de 7 millions de tonnes, et tend à diversifier ses fournisseurs depuis quelque temps. Si la France reste toujours le premier pays exportateur de blé en direction de l'Algérie (990.2 millions de dollars) en 2016, suivie du Canada (354,5 millions) et de l'Allemagne (254 millions de dollars), ces cinq dernières années ont vu certains pays fournisseurs de l'Algérie enregistrer de très fortes progressions de vente de blé, à l'image de l'Allemagne (+ 2 591%), l'Ukraine (+ 2 233%), du Canada (+ 1 193%) et de l'Estonie (+ 1 123%). En revanche, deux pays ont connu une baisse de la valeur de leurs approvisionnements en blé des importateurs algériens, à savoir la France (-53,6%) et le Royaume-Uni (-32,7%). Quant au blé russe, qui commence à intéresser particulièrement les pays africains, grignotant de plus en plus le marché traditionnel des Français, ce n'est qu'en 2017 que les premières livraisons pour l'Algérie ont commencé, avec un montant de plus de 5 millions de dollars. Les Russes, dont la production pour la saison 2017-2018 a été révisée à la hausse par le ministère américain de l'Agriculture (USDA), qui, dans un rapport de conjoncture daté de janvier dernier, tablait sur un nouveau record mondial de volume d'épis, avec 85 millions de tonnes, ont saisi l'occasion de la mauvaise récolte de blé français, en 2016, pour mieux pénétrer le marché africain et maghrébin. L'Algérie qui a pâti de cette mauvaise passe du blé français, s'est tournée vers d'autres sources d'approvisionnement. La Russie et l'Ukraine en tête, mais aussi le Canada ou encore les Etats-Unis et même l'Argentine qui est redevenue un fournisseur de l'Algérie après trois ans d'absence. En décembre 2016, 30.000 tonnes de blé sont parties du port de San Lorenso en direction de l'Algérie. Le Mexique fait aussi partie des fournisseurs de l'Algérie, lui acheminant environ 50% de sa production de blé en 2015.

Par ailleurs, et toujours selon Tass, lors des dernières négociations entre les représentants de la Russie et de l'Algérie, il a été question de certificats vétérinaires pour les produits laitiers et la viande bovine russes ainsi que pour les ressources aquatiques destinées à l'exportation vers l'Algérie. Le ministère de l'Agriculture devrait bientôt fournir une liste des entreprises russes productrices de ressources aquatiques, agréées pour l'exportation vers d'autres pays. Les entreprises de cette liste seront en mesure de commencer la livraison de leurs produits sur le marché algérien dès que les certificats vétérinaires auront été approuvés, ajoute-t-on. La même source indique également que lors de cette visite, les experts algériens avaient manifesté leur intérêt pour l'importation de vaccins russes contre la fièvre aphteuse.