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Droits des femmes: L'égalité dans l'héritage s'invite en Algérie

par M. Aziza

Le Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD) n'a pas encore tranché sur sa participation ou non aux élections présidentielles prévues dans sept mois (avril 2019). C'est ce qu'a affirmé hier le président du parti, Mohssen Belabes, en précisant que cette question fera l'objet de débat et de discussion la semaine prochaine à la session ordinaire du conseil national du parti. Il soulignera que la décision finale ne sera connue que dans deux ou trois mois, en répondant aux questions des journalistes en marge du colloque international sous le thème «femmes progressistes en lutte pour l'égalité» organisé par le parti à la Mutuelle des Matériaux de construction de Zeralda. Pour Mohssen Belabes la situation actuelle ne permet pas en fait l'organisation d'élections présidentielles, vu la passivité qui prévaut sur le plan des préparatifs du scrutin. Il a précisé qu'aux Etats-Unis, les préparatifs des élections présidentielles se font juste après l'élection et l'installation du nouveau président. Or, pour notre cas, à sept mois des présidentielles, aucun plan, aucune organisation, aucun programme, ni aucune présentation de solutions. «Sauf des noms qui annoncent leurs candidatures à la présidentielle, des personnes issues du système lui-même, ce qui dénote encore une fois que le jeu est déjà fermé», selon le président du RCD.

En ce qui concerne l'initiative du président du MSP, Abderrezak Mokri, par laquelle il espérait regrouper toutes la classe politique autour d'une transition démocratique, Mohssen Belabes a précisé que les partis politiques peuvent adhérer à une initiative en se mettant d'accord sur un point, mais par sur l'ensemble des points. «Sinon quel serait l'intérêt de l'existence de la pluralité politique ou des partis politiques?», s'est-il interrogé.

Invité à s'exprimer sur le geste du chef de l'État français, Emmanuel Macron, qui avait remis une déclaration demandant pardon à la veuve de Maurice Audin, mort après avoir été enlevé par des militaires français à Alger en 1957, Mohssen Belabess dira que les actes de violence et les dégâts causés durant la guerre sont immesurables, mais «c'est toujours un pas positif» tout de même. Sur la question des droits des femmes, le président du RCD a affirmé que son parti a plaidé et plaide toujours pour l'émancipation de la femme et pour l'égalité en droits entre les femmes et les hommes en Algérie et partout ailleurs. Et sur la question de l'égalité dans l'héritage entre les femmes et les hommes, qui a suscité une vive polémique en Tunisie après l'appel du président Béji Caïd Essebsi à revoir cette question, Mohssen Belabbes n'est pas opposé à ce genre de débat. Il dira que son parti a toujours milité et plaidé pour l'égalité des droits entre les femmes et les hommes, loin du poids du religieux ou du rite culturel. «Nous sommes des êtres humains, on doit évoluer, on doit réfléchir et on doit trouver des solutions, on n'est pas obligé de rester figé en refusant toute réflexion sur des sujets tabous, ou vivre comme ont vécu nos ancêtres», estime-t-il.

Mme Nora Ouali, secrétaire nationale à la condition féminine du parti et députée a affirmé pour sa part que la constitution algérienne ne parle pas de l'égalité dans l'héritage entre l'homme et la femme, mais l'on parle dans notre constitution de «la parité entre les hommes et les femmes». Et d'affirmer que «l'Algérie a ratifié la Convention internationale pour la suppression de toutes les formes de discrimination contre les femmes, ce qui nous donne la possibilité de débattre de la question de l'égalité sans exception, y compris celle de l'héritage».

Pour Samira El Akili, membre du bureau exécutif du parti Al Joumhouri, chargée de la femme en Tunisie, «la femme algérienne qui est connue pour son militantisme doit militer pour toutes les formes d'égalité, notamment celles relatives à l'héritage». Elle affirme que la question n'est pas totalement tranchée en Tunisie : «La question de l'égalité dans l'héritage entre la femme et l'homme est toujours en débat». Sur la question de la polémique que cette question a provoquée, elle a estimé que l'égalité dans l'héritage n'est pas du tout en contradiction avec les principes de l'Islam. Elle précise qu'il faut aujourd'hui une nouvelle vision de la religion, loin de l'extrémisme et du radicalisme. Pour elle, la femme tunisienne a le droit de demander l'égalité dans l'héritage par le fait qu'elle participe activement dans l'économie tunisienne.