Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Chômage, santé, logement: Des habitants dans la rue à Ouargla

par Yazid Alilat

Des habitants de la ville d'Ouargla et des autres agglomérations de la wilaya éponyme sont sortis hier samedi dans la rue revendiquer un méga-développement pour la région et dénonçant en même temps le manque de projets de développement et les multiples carences des responsables locaux, dont le wali, dans la prise en charge des besoins de la population locale.

A travers plusieurs slogans et banderoles, les manifestants voulaient attirer l'attention du gouvernement sur la situation sociale et économique catastrophique de leur ville, les conditions de vie déplorables des habitants et la «fuite en avant» des responsables de la wilaya, demandant dans la foulée le départ du wali. «Pas d'emploi, pas de logement. Ils nous ont trahis avec l'amour de la Patrie», ou «Le développement est un droit», sont entre autres les slogans des manifestants qui s'interrogent sur le fait que la wilaya de Ouargla, avec la commune de Hassi Messaoud, est la plus riche du pays, sans que cela ne se reflète sur la population locale. Au devant des revendications sociales des manifestants qui ont prévenu les autorités contre le noyautage de leur mouvement de protestation pacifique par d'éventuels agitateurs et de casseurs, il y a notamment l'exigence d'une relance d'un développement local global. En brandissant le slogan «Une commune riche en gaz, en pétrole et en eau, mais qui vit dans le dénuement», les habitants de la région demandent la construction de structures hospitalières, notamment la reprise du projet de réalisation d'un CHU doté de toutes les spécialités, en plus de l'actuel établissement hospitalier Mohamed Boudiaf, et une annexe de l'institut Pasteur. Les revendications, centrées sur l'emploi, le logement et la santé, sont également orientées sur l'amélioration de la gestion des eaux usées, du problème de la remontée des eaux et des coupures d'électricité en été. Les manifestants demandent également, sur le volet formation, la mise en place d'instituts dans le secteur des hydrocarbures pour faciliter le règlement du problème du chômage des jeunes de la région. Dans un communiqué rendu public à la veille de cette manifestation, les organisateurs appelaient le gouvernement à lever le blocage du projet du CHU de la ville, des projets d'hôpitaux de 60 lits respectivement à Meggarine et Rouissat, la dynamisation de la restructuration de l'hôpital Boudiaf et les dernières tranches de l'équipement du nouvel hôpital 240 lits de Touggourt. L'achèvement des travaux du tramway d'Ouargla est également au menu des revendications, la construction d'un aéroport international et des infrastructures et équipements publics qui manquent dans la région. Globalement, les manifestants exigent du gouvernement que leur wilaya et celles du sud du pays puissent avoir le même traitement que celui des habitants du nord.

La colère des habitants d'Ouargla est devenue récurrente depuis quelques temps, la dernière ayant été organisée la semaine dernière pour dénoncer les propos inadmissibles du ministre de la Santé sur le décès d'une enseignante universitaire qui n'a pu être sauvée après une banale piqûre de scorpion. Au mois de juillet dernier, des jeunes de la ville avaient protesté contre l'organisation d'un concert musical à Ouargla, estimant que «le gouvernement ferait mieux de dépenser l'argent public pour améliorer leurs conditions de vie, dont l'emploi». Et puis, il y a cette revendication du départ du wali et du directeur de la santé, accusées de ne «pas être à la hauteur des événements». La colère des habitants de Ouargla est par ailleurs bien visible sur les réseaux sociaux, mais également les appels au calme, dont celui du Dr Bechouni Kilani, pédiatre au CHU de Sétif et originaire de Ouargla. Il a lancé via son compte Facebook un appel à ne pas «permettre à la colère qui ronge la population depuis des décennies, d'aveugler les esprits et céder à la violence, car la légitimité des revendications connues de tous et en premier lieu des autorités et du gouvernement doit être la locomotive d'un mouvement citoyen conscient des enjeux de l'occupation de la rue». Et pourtant, au début de l'année, le wali d'Ouargla avait fait état d'un plan ambitieux pour en finir avec le problème récurrent du chômage dans la wilaya, en association avec les directeurs généraux des filiales de Sonatrach. La promesse de milliers de postes qui iraient aux demandeurs de la wilaya ne s'est pas concrétisée. Pour développer l'investissement, le wali avait également approuvé une dizaine de projets d'envergure dans les secteurs agricoles et industriels dans les zones d'activités économiques de Ouargla et Touggourt, mais également dans la nouvelle ville de Hassi Messaoud, où des terrains domaniaux ont été proposés au dinar symbolique à la concession pour des projets d'investissements structurants. Hier, des centaines de manifestants, des bandeaux sur la tête, venus des différents quartiers de la ville et des villages de la région, ont mis dos au mur les autorités locales sur le terrain d'un développement intégré pour le moment inexistant dans une région qui produit la moitié de la production pétrolière du pays.