Abritant
un total de 56 magasins, cédés par la mairie en gérance à des commerçants, le
marché populaire de Bab El-Kantara ne paie pas de
mine et n'a de populaire que le nom. Car, il faut dire que cette place
marchande qui est censée couvrir les besoins de la population de ce quartier
important de la capitale de l'Est est loin, bien loin de cet objectif du fait
qu'on ne trouve pas les commerces qu'on veut dans cette place qui conservait
jadis tous ses commerces ouverts. «Il n'y a qu'une dizaine de commerces qui
ouvrent chaque jour, nous a expliqué hier un commerçant. Il s'agit
essentiellement de deux marchands de fruits et légumes, deux magasins qui
vendent du poulet de chair, deux magasins de prêt-à-porter, un coiffeur, un
épicier, un tailleur, un magasin de produits cosmétiques et de la confiserie,
voilà à quoi se résume notre marché. Et durant presque toute l'année tous les
autres magasins restent fermés pour des motifs que seuls leurs gérants
connaissent». «Aussi, les responsables de la tutelle, la mairie en
l'occurrence, ne s'en offusquent pas outre mesure de cette situation anormale,
pour ne pas dire plus», nous a expliqué hier un commerçant. Un autre marchand
ajoutera néanmoins que de temps à autre la mairie adresse à ces absents des
mises en demeure leur enjoignant de rouvrir leurs magasins pour assurer
l'activité inscrite dans leur registre de commerce sous peine de se voir
retirer le bénéfice de l'exploitation pour être attribuée à d'autres
commerçants plus enclins à activer. «Ils viennent, dit-il, ouvrent durant
quelques jours, juste pour répondre à la mise en demeure et endormir la
vigilance des services de la mairie, puis ils repartent en baissant les rideaux
qui resteront fermés pour des périodes indéterminées».
Et
cela se passe ainsi durant des dizaines d'années. Entretemps, les résidents du
quartier sont obligés de se déplacer aux marchés du centre-ville ou dans celui
de la cité Emir Abdelkader, peu fourni en marchandises diverses, payer le prix
du transport en taxis pour faire leurs emplettes. «Des fois, il m'arrive de
faire ces déplacements coûteux et fatigants juste pour se procurer un morceau
de viande ou de fruit qu'on ne trouve pas dans ce marché pauvre en commerces»,
s'est plainte une ménagère affaiblie par l'âge. Nous
avons vainement tenté d'en savoir plus auprès des responsables de la
municipalité.