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Belgique: La grande mosquée de Bruxelles «au milieu du village»

par Bruxelles: M'hammedi Bouzina Med

  Alerté par les services de sécurité pour sa diffusion d'un islam radical piloté par le wahhabisme et le salafisme, le gouvernement belge vient de rompre la convention qui attribuait, depuis 1967, la gestion de la Grande mosquée de Bruxelles à l'Arabie Saoudite.

Sous le viseur des services de sécurité belges ces dernières années, la Grande mosquée de Bruxelles rompt sur injonction des pouvoirs publics belges définitivement ses liens et sa dépendance de la tutelle de l'Arabie saoudite. Raison: la formation des imams sous le prisme du wahhabisme et sa variante le salafisme qui prône un islam radical et violent. Le rapport de l'Organe de coordination et d'évaluation de la menace terroriste (Ocam) remis la semaine dernière aux parlementaires et responsables gouvernementaux dévoile l'existence de manuels et matériels de formation (et d'endoctrinement) provenant d'Arabie Saoudite prônant le djihad armé, des appels contre les homosexuels, des thèses et théories antisémites, l'application de la charia, etc. L'Ocam pointe la responsabilité de la Grande mosquée dans le conditionnement de jeunes belges musulmans à l'islam radical et au départ pour le djihad en Syrie autant que le recrutement de terroristes sur le sol belge. Il faut rappeler que les responsables de la Grande mosquée de Bruxelles, imams et gérants, avaient été entendus par une commission parlementaire (et par les services de sécurité) au lendemain des attentats terroristes qui ont frappé la ville le 22 mars 2016 ( 32 morts) et ont été sommés de couper leurs liens avec le wahhabisme et le salafisme. Le rapport de l'Ocam établit clairement la responsabilité de la Ligue islamique mondiale pilotée par l'Arabie Saoudite en charge de la diffusion de l'idéologie salafiste, un dérivé du wahhabisme. Le gouvernement belge a annoncé à la suite de cette rupture de la convention signée en 1967 avec l'Arabie saoudite, vouloir confier la gestion et la formation des imams à l'Exécutif des musulmans de Belgique, une association de droit belge, et surtout de veiller à la diffusion d'un islam contemporain en phase avec la modernité et les principes démocratiques qui régissent la vie politique, sociale et culturelle de la Belgique.

Par ailleurs, alors que l'Etat belge reconnait environ 400 mosquées en Belgique, le rapport de l'Ocam cite l'existence de quelque 300 autres mosquées dites clandestines. Cela sous-entend évidemment que la rupture de la convention qui attribuait la gestion de la Grande mosquée de Bruxelles ne suffira pas à éradiquer la diffusion du wahhabisme et qu'il va falloir, au delà du travail de prévention classique, penser à restructurer sur le fond et dans la forme la gestion du culte musulman en Belgique. Si la majorité des 500.000 musulmans estimés en Belgique pratiquent leur foi dans la sérénité, la tolérance et le respect des lois et mœurs du pays, cela n'a pas empêché la constitution de réseaux de tueurs terroristes sur son sol. Combien de fois n'a-t-on pas croisé dans les cafés et bars fréquentés par les Maghrébins et Arabes des «teams» composés de trois à quatre prédicateurs salafistes dispensant des discours de rappel à la foi et de retour à la charia? Comparés aux témoins de Jéhovah qui font du porte-à-porte, ils n'ont jamais été pris au sérieux par les responsables politiques jusqu'aux drames du 22 mars 2016. La propagande du wahhabisme a «donné naissance» aussi à un parti politique dit « parti de l'islam» qui a pu élire lors des dernières élections communales de 2012 deux conseillers municipaux à Bruxelles.

Ce même parti de l'islam présente pour les élections communales d'octobre prochain des candidats dans les 19 communes de la capitale belge et de l'Union européenne. Le problème est que ce parti revendique ouvertement sur les plateaux de télés l'application de la charia à la Belgique. D'ailleurs les responsables belges viennent de lui interdire de tenir des meetings en raison de ses discours inspirés du radicalisme du wahhabisme. La décision du gouvernement belge de reprendre le contrôle de la situation, notamment de la Grande mosquée, a été saluée par l'ensemble de la classe politique et aussi par la majorité des musulmans de Belgique.