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La part belle pour les Emiratis: Du nouveau pour le complexe d'El Hadjar et la SNTA

par Moncef Wafi

Le complexe d'El Hadjar a été repris par les Emiratis à hauteur de 49%, reprise validée par le conseil des participations de l'Etat (CPE), a annoncé, hier, le Premier ministère dans un communiqué. Une participation qui vise à relancer le complexe sidérurgique Sider avec le rééchelonnement, à long terme, de sa dette s'élevant à plus de 122 milliards de dinars. Le complexe bénéficiera aussi d'un financement additionnel de modernisation pour 23 milliards de dinars et sera également doté de capacités autonomes en alimentation électrique et en eau retraitée, selon la même source d'informations.

Ainsi, les Emiratis, à travers le groupe «Emarat Dzayer» remplaceront les Indiens d'Ispat devenue par la suite ArcelorMittal, une expérience qui a laissé énormément de regrets et dilapidé temps et argent. A travers ce partenariat, toujours sur la base de la règle 51-49%, un investissement de plus de 160 milliards de dinars sera engagé pour réaliser de nouvelles productions sidérurgiques sur le site d'El Hadjar notamment la réalisation de la deuxième phase de réhabilitation du complexe pour produire de nouveaux types de produits tels que les aciers spéciaux et les tubes sans soudure, selon des déclarations récentes du ministre de l'Industrie et des Mines, Youcef Yousfi.

Rappelons qu'en août 2016, et 15 ans après avoir cédé 70% du capital de Sider et des mines de fer de l'Ouenza, au dinar symbolique, l'Etat avait repris le contrôle sur la totalité de leur capital.

A travers Sider qui détenait 30% des actions, l'Etat a d'abord repris le contrôle d'AMA et AMT en octobre 2013, portant ses participations à 51% dans les deux entreprises avant d'annoncer une seconde reconfiguration en octobre 2015 pour la reprise de la totalité des actifs cédés à ArcelorMittal. Cette dernière s'était engagée à investir et à moderniser le complexe. La résiliation de l'accord avec ArcelorMittal était intervenu suite au recul des niveaux de production annuelle à 300.000 tonnes d'acier, alors que la reprise par l'Etat, à travers son groupe Imetal, avait permis de relancer le plan de réhabilitation et de modernisation du complexe d'El Hadjar pour en porter la production annuelle à 1,2 million de tonnes d'acier liquide à court terme. A l'époque, le ministre de l'Industrie, Bouchouareb avait averti les sidérurgistes d'El Hadjar qu'ils sont désormais face à leur destin, comme rapporté par la presse nationale. «Je rappelle que cette récupération a été aussi une revendication des travailleurs. Qu'ils prennent leurs responsabilités. Le complexe est un élément important dans la stratégie industrielle du gouvernement, il est industriellement viable mais le gouvernement n'a pas l'intention de venir en permanence au secours».

Par ailleurs, le CPE a également donné son accord pour l'élargissement du partenariat industriel entre le Groupe public MADAR (ex- Société nationale des tabacs et allumettes, SNTA) et l'entreprise mixte algéro-émiratie United Tobacco Company (UTC).

Les services de Ahmed Ouyahia tiendront à préciser qu'il s'agit de «la location (et non pas la cession comme avancé par certaines sources) des installations et des licences de l'ex SNTA à UTC contre un paiement de 3,5 milliards DA par an et la modernisation des installations et méthodes de la société publique». Le dossier de l'ex-SNTA a fait couler beaucoup d'encre et nombre d'observateurs n'ont pas hésité de parler de véritable bradage d'un des fleurons de l'économie nationale.

En effet, on affirme qu'avant que les Emiratis ne s'emparent de la production de la SNTA, le processus de démantèlement de cette entreprise a commencé il y a 13 ans. A ce propos, et lors d'une conférence de presse, la secrétaire générale du Parti des travailleurs avait dénoncé son «bradage» par les responsables de secteur de l'industrie.

C'est au retour de la délégation de la Société de Dubaï, où les actes de la création de la nouvelle société ont été signés, que les cadres de la société nationale ont appris que, désormais, la SNTA n'est plus la propriété totale de l'Etat. En 2005, la SNTA conclut un accord avec une société émiratie créant la joint-venture Société des tabacs algéro-émiratie (Staem) avec pour objectif de fabriquer, en Algérie, des cigarettes de marques internationales.

Le capital de la Staem était constitué à 49% pour la SNTA, 49% pour un fonds d'investissement émirati et les 2% restants ont été attribués à Sofinance (une société financière qui appartenait au ministère des Finances).

Mais quelques mois plus tard, les 2% de Sofinance ont été cédés au fonds émirati qui devient donc majoritaire dans la société mixte, avec 51% des parts. On reproche à la Satem de n'avoir fait «aucun investissement», se contentant de tout importer.