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Constantine - D'ici 2025: 65.000 nouveaux cas de cancer chaque année

par A. Mallem

Selon le professeur Kamel Bouzid, président de la Société algérienne d'oncologie médicale (SAOM), il y a aujourd'hui entre 300.000 et 400.000 cancéreux dans le pays. Et le chiffre est en constante augmentation puisque l'on enregistre chaque année entre 50.000 et 55.000 nouveaux cas. «Et à ce rythme, a-t-il commenté, on aura 65.000 nouveaux cas chaque année d'ici 2025».

Rencontré aux 13èmes journées internationales de cancérologie organisées jeudi à l'hôtel Marriott, le professeur Bouzid, qui est aussi directeur du centre Pierre et Marie Curie d'Alger, nous a parlé de l'actualité du cancer et surtout de la prise en charge des cancéreux en Algérie. Le professeur a reconnu tout d'abord qu'il y a une nette amélioration dans la prise en charge des cancéreux depuis l'année 2015, «et surtout par rapport à 2012, notamment en termes de chirurgie cancérologique et de disponibilité du médicament ainsi qu'en matière d'équipement en accélérateurs où nous pouvons compter aujourd'hui 23 de ces appareils qui fonctionnent un peu partout sur le territoire national tant au niveau du secteur public que du secteur privé», a indiqué notre interlocuteur. Il regrettera toutefois que les patients n'aient pas accès aux innovations thérapeutiques. «Depuis 2010, nous ne cessons de demander l'enregistrement des nouveaux médicaments innovants. Malheureusement, et à ce jour, ils ne sont pas enregistrés. Il s'agit entre autres des médicaments d'immunothérapie. Et les raisons de ce non enregistrement ne nous ont pas été communiquées. Ce qui fait, a poursuivi le professeur Bouzid, que certains malades qui ne peuvent pas en disposer vont les acheter en Turquie ou au Maroc. Et c'est scandaleux !»

Pour ce qui est de la radiothérapie, il dira qu'il reste encore des anomalies, notamment en termes de maintenance des appareils. «Si l'on prend le cas de Constantine, par exemple, l'on est en panne de produit qui permet de faire la balistique depuis maintenant 52 jours. Et c'est un problème de gestion au niveau central du ministère de la Santé, car c'est là qu'on établie les contrats d'achat des produits, les accélérateurs, et c'est à ce niveau que l'on devrait exiger dans les contrats que la maintenance de ces appareils soit garantie et que ces derniers soient réparés dans des délais n'excédant pas 24h», a estimé le président de la SAOM.

A propos de l'utilisation des médicaments, le Pr Bouzid s'est indigné et a crié à la manipulation tout en dénonçant des pratiques d'un autre âge, estimant que les citoyens doivent faire un effort. Ces derniers quand ils sont malades ne gagneraient rien à faire en écoutant des charlatans comme ce qu'il a appelé les «télés poubelles» qui, dit-il, «sont en train de nous traîner dans la boue depuis 6 mois et sont en train de tirer sur les médecins et sur les infirmiers, sur les sages-femmes !» Selon lui, «c'est aux citoyens de comprendre qu'il y a une manipulation qui veut nous désigner, nous, en tant que boucs émissaires de la situation qui prévaut actuellement. Puisque, ajoute-t-il, on est arrivé à dire que les oncologues médicaux divisent les doses des médicaments par deux parce qu'on est en rupture de médicaments. C'est de la folie !», s'est-il écrié.

Le Pr A. Bensalem, chef de service oncologie médicale du Chu de Didouche Mourad, organisateur de l'évènement, et vice-présidente de la SAOM, nous a indiqué elle que ces 13èmes journées d'oncologie médicales ont choisi cette année le thème de «les innovations en cancérologie». Et ces innovations se sont produites surtout en termes d'immunothérapie, dans l'apparition de certaines thérapies ciblées, dans la robotique, dans la chirurgie, la biologie moléculaire et l'Anapath. «La prise en charge du cancer a évolué depuis dix ans et l'on est arrivés aujourd'hui à chroniciser, c'est-à-dire rendre chronique la maladie du cancer, comme le diabète, l'hypertension, etc. Nous avons accueilli dans ces journées quelque 450 participants venant de toute l'Algérie et il y a une quinzaine de spécialistes étrangers de haut niveau venus des USA, de France, d'Italie, du Maroc, de Tunisie et aussi du Niger».