Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Energie: L'Algérie cessera d'importer les carburants en 2020

par Yazid Alilat

  L'Algérie devrait cesser les importations de carburants dès 2020, a annoncé hier mardi à Baraki où il a visité le chantier de réhabilitation de la raffinerie d'Alger, le ministre de l'Energie Mustapha Guitouni.

Il a expliqué que l'entrée en production de deux raffineries à Tiaret et Hassi Messaoud permettra à l'Algérie, à partir de 2020, de couvrir ses besoins en carburants, dont le gas-oil qui est en grande partie importé, «et ne plus avoir à importer» de carburants.

A la raffinerie de Sidi R'zine, inaugurée en 1964 dans la commune de Baraki, le ministre a ajouté que l'Algérie produit actuellement 30 millions de tonnes de produits pétroliers par an. Quant à la consommation nationale de carburants et de gaz, elle est de 15 millions de tonnes/an (MT), alors que la production nationale de ce type de carburants n'est que de 11,5 MT/an de carburants, la différence de 3,5 MT/an est donc importée avec une facture annuelle de deux milliards de dollars, a encore souligné le ministre. L'Algérie exporte cependant une partie des produits pétroliers raffinés. Le ministre a ainsi rappelé le plan de développement à moyen et long terme pour augmenter les capacités de production et de stockage de carburants avec la réalisation de deux raffineries, actuellement en cours d'études à Hassi Messaoud et Tiaret. Les deux projets devraient entrer en fonction en 2020, a-t-il annoncé.

Par ailleurs, le ministre de l'Energie a annoncé que la production nationale de carburants devrait augmenter à 40 millions de tonnes/an pour couvrir les besoins du marché local et également pour cesser les importations de produits hydrocarbures, dont les carburants. M. Guitouni a ajouté que les capacités nationales de stockage de produits pétroliers devraient passer de 7.000 m3 à 2 millions de m3 à l'orée de 2020, avec une capacité de couverture de 30 jours contre 12 jours actuellement. Mais, ces annonces ont été déjà faites en 2016 par Salah Khebri lorsque celui-ci avait annoncé au Parlement que la production de l'Algérie en produits pétroliers atteindra les 45 millions de tonnes par an à l'horizon 2024 à la faveur de l'entrée en service des raffineries de Hassi Messaoud, Tiaret et Biskra. Il avait détaillé devant les parlementaires en mai 2016 que la production annuelle de l'Algérie en produits pétroliers (essence, gasoil et autres), est passée de 24 à 30 millions de tonnes avec la réhabilitation des raffineries de Skikda, Alger et Arzew, ce qui a permis de réduire le volume des importations du pays en ces produits. Les capacités de stockage seront revues à la hausse avec les projets en cours des raffineries de Hassi Messaoud, Biskra et Tiaret. En attendant la rénovation de la raffinerie d'Alger, confiée à un groupe d'ingénierie chinois. C'est en 2012 que l'ex-ministre de l'Energie Youcef Yousfi avait annoncé la mise en place d'un financement de 10 milliards de dollars pour la réalisation de cinq nouvelles raffineries en Algérie. «Les raffineries de l'Algérie sont vétustes. Nous avons donc décidé d'en construire cinq nouvelles. L'Algérie investira environ 10 milliards de dollars pour ce projet», avait-il alors annoncé. Il a ajouté que «la capacité de raffinage de l'Algérie augmentera ainsi de 30 millions de tonnes par an après l'entrée en production de ces cinq nouvelles raffineries». Quant aux capacités de production d'hydrocarbures de l'Algérie, elles devront atteindre les 210 millions de TEP (tonne équivalent pétrole) en 2017, 215 millions TEP en 2018, 225 millions TEP en 2019 et 241 millions TEP en 2020. Un niveau de production jamais atteint auparavant grâce à des investissements sur le quinquennat 2015-2020 de 73,5 milliards de dollars.

Le chef de projet de rénovation de la raffinerie de Sidi R'zine limogé

Par ailleurs, le chef de projet chargé de la rénovation de la raffinerie de Sidi R'zine d'Alger a été relevé hier mardi de ses fonctions par le P-dg de Sonatrach, Abdelmoumen Ould Kaddour. «Suite au mécontentement du ministre de l'Energie, Mustapha Guitouni, quant au grand retard pris dans la réalisation de la raffinerie d'Alger, qui est un ouvrage stratégique pour l'Algérie, le P-dg de Sonatrach a décidé de relever de ses fonctions le chef du projet chargé de la rénovation de cette raffinerie», précise une source proche du ministère de l'Energie. Après la résiliation du contrat avec le français Technip, chargé en 2010 de ce projet pour un délai de 21 mois, Sonatrach avait signé en novembre 2016 un contrat de près de 380 millions d'euros (45 milliards de DA) avec la China Petroleum Engineering and Construction (CPECC) pour la réhabilitation et la modernisation de cette raffinerie d'Alger. Le contrat porte sur la construction de nouvelles unités qui permettront à la raffinerie de produire des essences à des spécifications identiques à celles en vigueur en Europe, et le projet permettra d'accroître de 35% la capacité de raffinage. La rénovation de cette raffinerie avait été confiée en 2010 au groupe d'ingénierie français Technip pour 880 millions d'euros. Mais le contrat avait été résilié en juin 2015 à la suite d'une bataille de procédures entre Sonatrach et Technip. Le groupe français s'est rendu compte après la signature du contrat que les canalisations devaient être totalement refaites, et non juste réhabilitées. Construite en 1964, la raffinerie d'Alger produit 2,7 millions de tonnes de pétrole par an, dont le naphta, exporté pour l'essentiel.