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Session spéciale du baccalauréat: A l'épreuve de la controverse

par Abdelkrim Zerzouri

La session spéciale du baccalauréat 2017 s'est achevée hier comme elle a commencé, sur des airs de controverse. D'un côté il y a les associations de parents d'élèves qui applaudissent, considérant cette session comme une bouée de sauvetage pour les candidats qui avaient manqué le rendez-vous de juin. Alors que les syndicats, pour leur part, ont tous affiché leur scepticisme, voire leur désapprobation, devant cette décision de refaire le bac pour les retardataires et ce, dès l'annonce par le Premier ministre de la décision du président de la République d'organiser une session spéciale du bac en réponse aux sollicitations des parents des candidats exclus à cause de leur arrivée en retard dans les centres d'examen.

Pour eux, rien ne justifiait cette session spéciale qui porte un grave préjudice à la crédibilité et la valeur du diplôme du baccalauréat algérien, selon les échos de syndicalistes regroupés au sein de l'Intersyndicale.

Pis, ils considèrent que la décision brusque, unilatérale et sans délicatesse, a choqué toute la famille de l'Education, pas seulement la ministre. Mais, comme on peut le voir, les syndicalistes restent cloîtrés dans un cadre de constat, incapables de proposer des alternatives. «On n'a pas été consultés au sujet de l'organisation de cette session spéciale, même le ministère de tutelle a appris la nouvelle comme tout le monde. Comment peut-on dans ce cas donner un avis ou proposer une alternative ?», rétorque-t-on à juste titre.

Le Cnapeste, lui, va plus loin encore en accusant directement le ministère de l'Education et le gouvernement d'avoir sciemment détourné de sa vocation la décision du président de la République, en élargissant le champ des candidats inscrits à cette session spéciale, où l'on a admis et les retardataires et les absents, alors que ces derniers n'étaient pas concernés par la décision du président de la République. De là à dire que le ministère de l'Education a fait exprès de saborder la session spéciale du bac en incluant retardataires et absents, le pas est vite franchi par le Cnapeste. «Les responsables du ministère et le gouvernement qui a certainement donné son consentement au sujet de cette procédure qui mêle retardataires et absents ont piétiné les orientations du président de la République qui disent clairement que la session du bac est destinée aux seuls retardataires, parasitant de ce fait le déroulement de l'examen, notamment avec ces absences massives, près de 85%, qui conduisent à dire que la session spéciale a été caractérisée par un lamentable échec, et conforter le ministère de tutelle dans sa position, qui ne voyait pas d'un bon œil l'organisation de cette session spéciale», lance M. Messaoud Boudiba, porte-parole du Cnapeste, non sans relever que la tutelle sait pertinemment que les absents de la session de juin, qui se comptent par milliers parmi les candidats, seront également absents à cette session spéciale. «On devait s'en tenir à la décision du président de la République et ouvrir cette session spéciale uniquement pour les retardataires. De la sorte on n'aurait pas enregistré trop d'absences dans les rangs des candidats et éviter de dire que la session spéciale a été catastrophique à cause de ces absences nombreuses qui ont donné lieu à des salles avec des surveillants plus nombreux que les candidats», considère le porte-parole du Cnapeste, qui relève dans ce contexte, un point positif, en l'occurrence «la mobilisation des enseignants pour l'intérêt des élèves».

Les résultats du bac le 25 juillet, peut-être même bien avant

Pour le ministère de l'Education nationale, «la mission de l'organisation de la session spéciale du baccalauréat a été convenablement assumée». M. Messeguem, inspecteur général du ministère de l'Education nationale, joint au téléphone, hier, nous dira qu'on ne peut pas parler d'échec à propos de l'organisation de la session spéciale du baccalauréat, même si on y a enregistré près de 85% de candidats absents. «On savait que les candidats libres s'inscrivent au bac et s'absentent le jour de l'examen, mais on ne pouvait pas faire autrement que d'ouvrir cette spéciale et pour les retardataires et pour les absents», avouera-t-il. Expliquant que c'est pratiquement impossible de déterminer qui a été exclu pour cause de retard et qui a été absent à la session de juin. «Logiquement, on ne peut pas connaître les retardataires, car lorsque les portes des centres d'examen sont fermées, on ne demande pas qui frappe à la frappe, sans parler des candidats qui arrivent en retard et qui rentrent chez eux lorsqu'ils voient que la porte du centre est fermée, sans tenter de rejoindre les salles d'examen, puisqu'ils savent pertinemment que cela n'est plus possible.

Comment faire, dès lors, la différence entre celui qui est arrivé en retard et celui qui ne s'est pas manifesté du tout ?», s'est-il interrogé. «Cela nous aurait arrangé d'avoir à organiser la session spéciale pour 1.600 candidats seulement qu'on aurait regroupés dans un seul centre par wilaya, mais on aurait commis des injustices à l'encontre de candidats qui sont arrivés en retard sans pouvoir en apporter la preuve», souligne-t-il dans ce sillage. «D'où le recours à l'ouverture de la session pour les absents et les retardataires, sans distinction», ajoute-t-il. «De la sorte, pour plus d'équité, on a donné la chance à tous les candidats qui ne se sont pas présentés ou qui sont arrivés en retard, c'est ainsi qu'on a appliqué la décision du président de la République», estime encore M. Messeguem.

Faisant observer que le jugement syndicaliste, celui du Cnapeste, s'inscrit dans une logique de pourrissement, de confusion et déstabilisation. «De toute façon, confie M. Messeguem, il y a des candidats qui sont encore arrivés en retard lors de cette session spéciale, et il faut en convenir que la notion de retard et les valeurs d'assiduité ne sont pas maîtrisées par le citoyen, et que cela reste à développer».

Interrogé au sujet de la proclamation des résultats du bac, notre interlocuteur avancera la date du 25 juillet, et «peut être même bien avant». «Si les corrections se terminent tôt, cela nous arrangerait de proclamer les résultats avant le 25 juillet», précise-t-il.