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Licences d'importation: Tebboune rassure sur les produits de première nécessité

par Moncef Wafi

Les licences d'importation sont toujours au cœur de l'actualité économique nationale et suscitent des interrogations, voire des inquiétudes obligeant le ministre du Commerce par intérim à réagir à chaque fois. Sujet hautement sensible socialement mais aussi à fort risque d'instrumentalisation par les lobbies de l'importation, Tebboune est de nouveau parti au charbon pour rassurer sur l'action gouvernementale concernant ce dossier. Déjà évoqué à maintes reprises, et lors de l'annonce de la délivrance des licences d'importation, le représentant du gouvernement a déclaré, ce jeudi, que les produits de première nécessité ainsi que les intrants ne sont pas concernés par ce dispositif et continueront à rentrer avec les anciennes licences, au contraire de tous les produits finis vendus en l'état.

Le ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville, ministre du Commerce par intérim, intervenant à la radio nationale, dira que ce protectionnisme est dicté par la volonté de réguler le marché, qui a tendance à échapper à tout contrôle, et à promouvoir la production locale. Expliquant cette démarche, il dira que l'intention du gouvernement n'est pas d'interdire l'importation mais de mettre des garde-fous en imposant un contrôle rigoureux des produits qui rentrent au pays tant qualitativement que quantitativement, précisant que l'Algérie respecte, à travers même ces restrictions, ses engagements contractuels avec ses partenaires. Tebboune qualifiera la démarche gouvernementale de «réfléchie», mettant en avant les 17 milliards de dollars de déficit commercial atteint en 2016. Le ministre aura des mots forts «intérêt du pays», «indépendance», «rééquilibrage de la balance commerciale» pour justifier ce dispositif qui vise également à assainir la liste des importateurs. Il avait déjà souligné que l'Etat voulait en finir avec les pseudo-importateurs qui n'ont d'autres objectifs que d'engranger des bénéfices immédiats au détriment de la santé publique. A ce propos, il a réaffirmé que les licences s'inscrivent également dans le cadre de la nouvelle politique de croissance qui vise, entre autres, l'encouragement de la production nationale et la protection de la santé du citoyen. A cet égard, le ministre avait indiqué en amont que de grandes quantités de produits électroménagers «non conformes» sont importées, menaçant la santé publique et tuant dans de nombreux cas. Il soulignera que le nouveau cahier des charges définit les produits d'importation qui devront être conformes aux normes européennes. Quant à la facture d'importations des produits superflus, elle s'est élevée à 7,8 milliards de dollars l'an dernier, révélera le ministre en illustrant ses propos par l'exemple du chewing-gum qui coûte chaque année 18 millions de dollars. Lors du début de la deuxième décade de mars, il s'était étonné que l'Etat finance encore l'importation de la mayonnaise, du ketchup ou encore de la moutarde à hauteur de 200 millions de dollars ainsi que des véhicules ne répondant à aucune norme internationale de sécurité. Selon le ministre, l'enjeu n'est autre que «notre indépendance», sinon «on va aller vers l'endettement». Si la délivrance des licences a commencé graduellement à partir du 12 mars, les quotas des produits concernés ont été théoriquement arrêtés ce jeudi 23 mars. Malgré ce dispositif, il a tenu à rassurer sur la disponibilité des produits sur le marché, écartant par là tout risque de pénurie. Cette politique a pour objectif de réduire la facture d'importation de 15 milliards de dollars en 2017, en contrôlant notamment les quantités des produits importés, leur prix et leur origine en collaboration avec les organismes internationaux, a encore expliqué le ministre. Le but étant de contrôler les tarifs et la qualité au départ pour pouvoir la comparer avec le produit délivré pour combattre, entre autres, le problème de la surfacturation qui pèse sur la facture globale des importations.