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Ministre des PTIC: 25.000 postiers et des interogations

par Yazid Alilat

Algérie Poste ne sera pas privatisée, «c'est hors de question», a affirmé hier dimanche à la radio nationale la ministre de la Poste et des TIC, Iman Houda Feraoun, qui a précisé qu'AP a enfin dégagé des bénéfices en 2016. Mais, elle a qualifié de «plutôt mitigé et positif«le bilan 2016, validé la semaine dernière par le conseil d'administration d'AP. «Par rapport aux années passées, on passe d'un bilan extrêmement déficitaire à un bilan très, très positif en matière de trésorerie et de résultat net dégagé», a-t-elle annoncé, indiquant que le résultat net dégagé pour 2015 est de 7,5 milliards (mds) de DA, et plus de 8 mds de DA en 2016, probablement 8,50 mds de DA lorsqu'il sera validé par le commissaire aux comptes. «Avant, AP dégageait des résultats de moins de 5 mds de DA, le saut est important en 2016, et la trésorerie est de 50 mds de DA», ajoute la ministre, qui précise que «la trésorerie d'AP n'a jamais dépassé sa masse salariale», avant d'expliquer qu'en 2016, «AP a bancarisé pour le secteur public plus de 747 mds de dinars, cela a contribué largement à sauver l'année budgétaire du trésor.«En outre, AP, qui était endettée de plus de 50 mds de DA, a payé la moitié de ses dettes, et «s'est fait rembourser 13 mds de DA en 2016. Ce sont des performances extraordinaires, mais cela reste mitigé, c'est le volet financier, car il reste le volet courrier et colis, qui peine à décoller.«Pour la ministre, AP «doit continuer à représenter le symbole de la souveraineté de l'Etat, on ne peut se permettre de jouer avec La Poste et la privatiser, on ne peut ouvrir ce volet régalien à la concurrence, c'est hors de question».

Mais, affirme-t-elle, «pour y arriver, il faut continuer à générer des bénéfices, il faut qu'on paye les 25.000 salariés qui doivent évoluer, il faut que ces 25.000 travailleurs puissent voir leurs salaires évoluer, et AP générer plus de résultats positifs«. «C'est normal, sauf que maintenant il faut qu'AP dégage 5 fois plus de bénéfices», souligne-t-elle, avant de s'indigner qu'«un Algérien a peur d'envoyer son courrier par la poste, ce n'est pas normal. Que le courrier de l'étranger qui arrive détruit est inadmissible, AP ne remplit pas ses fonctions, on n'est pas sûr de recevoir un courrier recommandé, sinon on le reçoit en retard, car le circuit est mal géré et les facteurs sont mal répartis sur le territoire national«. Pour la ministre de la Poste et des TIC, le constat est terrible pour ce segment important d'AP, le service Courrier et Colis. «Le secteur Courrier et Colis n'a pas été restructuré et optimisé, c'est la tâche sur laquelle on va s'étaler en 2017», annonce-t-elle, avant de relever qu' «on n'a pas fait l'état des lieux au niveau d'AP pour les ressources humaines.«Et puis, elle s'emporte: «ce n'est pas normal qu'il n'y ait pas d'évolution à AP, les facteurs entraient facteurs et sortaient facteurs, ce n'est pas normal». «On a donc créé des facteurs à domicile, les «facdom», avec niveau universitaire, qui font le front office en livrant le courrier et le soir travaillent au back office», annonce-t-elle, avant de déplorer qu' «on ne connaît pas la répartition des travailleurs d'AP.

Il y a 25.000 travailleurs mal répartis, il n'y a pas de système informatisé pour la gestion de 25.000 travailleurs, on le fait toujours sur papier, on ne sait pas ou sont les travailleurs d'AP.«A Algérie Poste, déplore-t-elle encore, «on ne forme pas assez les travailleurs, même si on a de l'argent, car on n'a pas l'habitude former, et mettre en place un plan de gestion de ressources humaines«. Constat terrible sur la gestion de la ressource humaine à AP. «2,5% de la masse salariale d'AP va à la formation, soit 300 millions de DA par an, a-t-elle indiqué.

Car l'objectif d'AP, qui compte 20 millions de comptes CCP, «ce n'est pas seulement de livrer les courriers de moins de 50 grammes, le marché est aujourd'hui énorme, si on ne fait rien pour redresser le Courrier-Colis, le privé va entrer et on sera obligé de privatiser, et çà, il n'en est pas question, on ne va pas ouvrir le secteur régalien à la concurrence», affirme-t-elle de nouveau sur le dossier de la privatisation d'AP qui compte 5.000 universitaires sur ses 25.000 travailleurs, mais, «qui ne sont pas aux commandes», critiquant indirectement les anciennes méthodes, dont l'ancienneté, pour l'accès aux postes de responsabilités au sein d'AP. Par ailleurs, Iman Houda Feraoun a promis aux travailleurs qu'elle a appelé à se mobiliser, que la prime sera supérieure cette année avec les 8 mds de DA de résultat net. «C'est rien pour AP», a-t-elle dit, avant d'ajouter que «je ne veux pas voir les facteurs, de jeunes universitaires, que 20 ans après ils sont encore en train de livrer du courrier, il faut qu'ils partent avec une bonne retraite. Mais, il va falloir générer du bénéfice et mieux encadrer AP», suggère la ministre qui a parlé de son étonnement lorsqu'elle visitait «incognito«des bureaux de poste où il y a un seul guichet ouvert avec une grande chaîne, alors que le personnel est absent. Sur tout le territoire national, il y a seulement 3.700 bureaux de postes, «c'est très faible, car selon les normes de l'UIP, c'est un bureau pour 5 000 habitants. Ici, c'est un bureau pour 7 ou 8 000 habitants, il y en a pour 20.000, et ce n'est pas normal», a-t-elle affirmé. «Avec une trésorerie de 50 mds de DA, c'est suffisant pour faire travailler 25.000 employés, mais pour ouvrir des bureaux et recruter, il faut encore plus», explique la ministre qui appelle les travailleurs «à nous accompagner pour cet effort de restructuration. Il faut revoir le service Courrier et Colis. «La ministre, qui a indiqué que le projet de loi sur le commerce électronique est en train d'être finalisé, a estimé qu'il faut que «les commerçants nous suivent et s'équipent de TPE (terminaux électroniques de paiement). «Sur les services générateurs de plus-value pour AP, elle a souligné que le service du Flexy, qui génère plusieurs milliards de dollars de bénéfices sur le marché national, devrait être également exploité par AP. Enfin, sur les dysfonctionnements de la nouvelle carte électronique de retrait, Eddahabya, la ministre a expliqué qu'«on a commencé à distribuer cette carte à 700.000 personnes, et d'ici à juin, il y aura 5 millions de détenteurs de cartes. Si on fait basculer les GAB et les DAB sur la carte Eddahabya, les autres détenteurs de cartes (ils sont 7 millions) ne peuvent retirer de l'argent. On souhaite donc attendre que tout le monde ait sa carte Eddahabya pour basculer, et au mois de juin, la majorité des détenteurs de comptes CCP aura la Eddahabya, et là on va basculer le système.«Pour 2017, l'objectif d'AP est d'engranger comme résultat financier 6 000 mds de DA. «On arrive à dégager du bénéfice avec 700 mds de DA.

Avant, AP avait un compte débiteur de moins 150 mds de DA auprès du Trésor public, et aujourd'hui on renfloue les caisses, l'objectif pour 2017 est 6 000 mds de DA, en tout cas plus de 700 mds de DA», prévoit la ministre de la Poste et des TIC.