Déjà à la veille de l'entrée en vigueur de la loi de
finances 2017, l'inquiétude, la peur et l'incompréhension meublaient les
conversations des Algériens, toutes catégories confondues. Certains
colportaient des rumeurs non fondées ou des ouï-dire qui prévoyaient des
augmentations drastiques de tous les produits de large consommation et des
commerçants n'ont même pas attendu le début de la nouvelle année pour augmenter
les prix de leurs produits, s'attirant les commentaires les plus malveillants
de la part des consommateurs. Après la promulgation de la LF 2017 et sa
signature par le président de la République, les gens ne savaient pas à quoi
s'en tenir exactement et chacun y allait de son analyse, basée sur des supputations
ou des rumeurs distillées par ceux qui veulent du mal à l'Algérie. Les appels à
la grève générale n'ont eu aucun écho de la part des citoyens qui ont compris
que leur intérêt ne diffère pas de celui de leur pays et, même s'ils sont
obligés de consentir quelques sacrifices, somme toute pas trop grands. Partout,
les conversations engagées tournent autour de ce qui s'est passé à Béjaïa, le qualifiant de non-sens. «Nous vivons bien mieux
que de nombreux pays, la baisse du prix du pétrole ne nous a pas vraiment
touchés, nous mangeons à notre faim et nous touchons toujours nos salaires et
même nos rentes», affirment la plupart des citoyens que nous avons rencontrés.
«Il y a des injustices, la vie est trop chère, mais nous préférons de loin
cette vie à ce qui se passe en Syrie, en Libye ou dans certains autres pays.
Nous avons déjà payé un lourd tribut à la violence,
des milliers de nos frères, sœurs, pères et mères sont morts, parfois sans même
savoir pourquoi, alors nous disons à tous ceux qui veulent du mal à l'Algérie
que nous ne nous laisserons plus entraîner dans des aventures désastreuses»,
annoncent d'autres, avec dans les yeux un mélange de fierté d'être Algérien,
une détermination farouche de défendre leur pays et un courroux prononcé contre
ceux qui incitent à la violence. Ils ont voulu aussi lancer un appel pressant à
tous ceux qui prônent la violence, la destruction des biens du peuple, qui
veulent mener l'Algérie vers la guerre et les incitent à réclamer leurs droits
de manière civilisée: «regardez les citoyens des pays
avancés, pensez-vous qu'ils vivent tous comme des princes ? Croyez-vous qu'il
n'y a pas de pauvres, qu'il n'y a pas d'injustice ? Au contraire, il y a plus
de pauvreté, plus d'injustice, mais ils ne voudront jamais dénigrer leurs pays,
ils les défendent contre toute parole qui les touche, ils sont prêts à tous les
sacrifices pour sauvegarder la paix chez eux, soyons comme eux, au moins pour
cet amour du pays qui est le nôtre, nous ne trouverons nulle part une terre de
remplacement», disent-ils.