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Concours de chefferie de service dans le secteur de la Santé: La grille de la discorde

par Mokhtaria Bensaâd

La nouvelle grille d'évaluation du concours de chefferie de service 2016/2017 dans le secteur de la Santé est fortement contestée par les professeurs et maîtres de conférences «A» à Oran et à Alger.

Dans une lettre adressée, une semaine avant la tenue de ce concours, au ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière et au ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, accompagnée d'une pétition signée par le collectif des professeurs et maîtres de conférences «A», les signataires soulignent qu'il s'agit «d'un cri d'alerte pour dénoncer énergiquement la manière, le contenu et les visées de ceux qui sont à l'origine de la rédaction de la grille d'évaluation du concours de chefferie de service». Ils lancent, de ce fait, un appel aux deux ministres «pour mettre un terme, disent-ils, à cette mascarade et permettre l'organisation de ce concours dans les règles de l'art afin de pourvoir les services hospitalo-universitaires en chefs de service méritants et dignes de cette fonction supérieure». Le collectif estime que «les prérequis inhérents à la conception de cette grille n'ont pas été respectés», arguant que «le contenu de cette grille est loin de refléter les missions et activités d'un chef de service, de même l'équité et l'égalité des chances ne sont pas garanties par cette grille, ce qui ne permettra pas au jury d'arbitrer et de départager les candidats de façon objective et juste». Ce qui est reproché à cette nouvelle grille, selon le collectif, est de voir que «l'évaluation des dossiers s'entame à partir de la nomination au grade de maître de conférences classe A. Ce qui est aberrant, surprenant, illogique et non objectif», arguent les signataires de la pétition. Ils expliquent que l'accès au statut d'hospitalo-universitaire passe par un concours national de maîtrise pour devenir maître-assistant, ensuite maître de conférences classe A et enfin professeur. Il s'agit d'une évolution académique progressive dont l'aboutissement final est l'accession au poste supérieur qui est la chefferie de service. Pour le collectif, «l'objectif d'un concours est de départager les candidats à l'aide de moyens objectifs d'arbitrage. Il est donc tout à fait logique d'aller vers une évaluation normative qui permet de comparer la performance des postulants à partir des trois grades sus-cités, permettant ainsi une évaluation exhaustive et discriminante». Et le collectif de souligner que les concours de chefferie précédents ont commencé l'évaluation à partir du grade de maître-assistant. Ils constatent également que «la grille est significativement disproportionnée et le volet activité de santé s'avère hypertrophique, alors que les activités pédagogiques, scientifiques et de recherche sont hautement plafonnées et réduites ainsi à néant. Cette approche est significativement inéquitable et n'offre aucune égalité de chance aux candidats». Les rédacteurs de la lettre soulignent, d'autre part, que les activités de la santé offrent déjà 40 points au postulant par sa participation à une opération de jumelage avec les établissements publics, à la télémédecine, à une externalisation des consultations spécialisées et à une mission d'expertise du MSPRH. Avec le reste des activités de soins, le candidat obtient 50 points. Un résultat suffisant pour le classement, note le collectif.

Ils feront remarquer que pour les deux activités, le jumelage avec les établissements publics et la télémédecine, elles ont été «nouvellement inscrites et officialisées dans les cahiers des charges des structures de santé et la participation à ces activités n'est pas accessible à tous. Or, la pondération est nécessaire dans l'attribution des points». Concernant la qualification et la bonification, les professeurs et maîtres de conférences estiment que «les items utilisés manquent de contenu et les notations sont disparates. Les possibilités de formation sont nombreuses au cours de la carrière. Il ne faut donc pas limiter à un point».

Contacté hier pour avoir plus d'explication à ce sujet, le représentant du collectif a indiqué qu'aucune suite n'a été donnée aux lettres adressées aux deux ministères. Notre interlocuteur a souligné que le collectif a réagi par rapport à cette nouvelle grille par souci de préserver l'intégrité de la chefferie de service.