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Au fil... des jours : Communication politique : nouvelles du front ! (Suite et fin)

par Belkacem Ahcene-Djaballah

Dimanche 17 juillet 2016 :

Le roi Mohammed VI annonce dimanche que le moment était «arrivé» pour le Maroc de retrouver sa «place naturelle» au sein de l'Union africaine (UA). Il appelle l'organisation à corriger «une erreur historique» et à adopter «une neutralité constructive» sur la question du Sahara.

 «Cela fait longtemps que nos amis (il ne les cite pas, mais à leur tête, il y a, pour la seule Afrique, Macky Sall, le président du Sénégal... et Béchir Ben Yahmed, le directeur de J.A) nous demandent de revenir parmi eux, pour que le Maroc retrouve sa place naturelle au sein de sa famille institutionnelle. Ce moment est donc arrivé», déclare le roi du Maroc, Mohammed VI, dans un message adressé au 27e sommet de l'UA qui s'ouvre à Kigali, selon l'agence de presse marocaine MAP.

Le message royal est remis au président tchadien, Idriss Deby Itno, président en exercice de l'Union africaine (UA), par Rachid Talbi Alami, président de la Chambre des représentants. Mohammed VI y exprime, sur un ton engagé, la disposition du Maroc «à œuvrer au sein de l'UA en vue de transcender les divisions». Une initiative étonnante d'autant que le ton, à propos du Sahara occidental occupé, reste toujours «menaçant». Il a oublié que la Rasd fait partie des membres fondateurs de l'UA... qui a remplacé l'OUA... qu'il n'y a pas de procédure de «retour» mais seulement d'adhésion...

Une «bulle médiatique» artificielle, seulement créée pour re-conquérir des terrains diplomatiques et juridiques perdus par ailleurs ? Ou, alors, en empruntant à un de nos diplomates (en retraite), la résurgence des «délires d'un roi» qui «s'accroche au fantasme du «Grand Maroc».

Lundi 18 juillet 2016 :

En marge du Sommet de l'Union africaine (17 - 18 juillet 2016 à Kigali au Rwanda), le Forum des éditeurs africains anime une conférence sur le thème «Vulgariser l'Agenda 2063 à travers le forum des éditeurs d'Afrique».

L'occasion a été donnée de discuter directement avec la présidente de la Commission de l'Ua.

Mme Nkosazana Dlamini-Zuma a émis le vœu que la presse africaine accompagne la vulgarisation de l'Agenda 2063 de l'Ua. Elle a indiqué qu'il y a un besoin de journalistes compétents capables de traiter l'information de manière juste et équilibrée. L'enjeu (éternel) est de permettre à l'Afrique de développer un discours positif sur elle-même, afin de contrer l'image négative véhiculée par les médias d'ailleurs. En réponse, le Forum des éditeurs africains a exprimé la nécessité pour les Etats africains d'investir dans la formation des journalistes, d'où l'appel lancé en direction de l'Ua afin d'amener les Etats membres à financer cette formation. That is the question ? De plus, les gouvernants ont (toujours) tendance à croire (et à imposer) qu'une image, interne ou externe, peut se «construire» en positivant, seulement et simplement, leurs actions et comportements. Alors que la réponse est connue depuis longtemps : c'est Non ! Mais, difficile de convaincre des convaincu(e)s vivant dans des «bulles».

Un site électronique d'informations (de contenu algérien) s'empresse de diffuser une info' selon laquelle l'auteur de l'attaque sanglante de Nice aurait été recruté par un Algérien appartenant à l'organisation criminelle EI... Il vit à Nice selon le «dénonciateur», un oncle du criminel, enseignant en retraite. L'info' avait été «donnée» par l'agence américaine Associated Press (AP) connue pour ses «scoops» orientés et ses «fuites organisées» au service de... (note : si mes souvenirs sont bons, son bureau régional maghrébin se trouve, je crois, à Rabat). L'information n'a été reprise par aucun autre organe de presse... sauf par le site (à contenu) algérien... qui ne l'a pas retiré immédiatement. Il est clair que la stabilité sécuritaire interne de l'Algérie fait des «jaloux», d'où tous les scoops farfelus.

Le Syndicat national des magistrats n'apprécie point les «attaques» dont fait l'objet le pouvoir judiciaire. Dans une déclaration à la presse, il met en garde ses auteurs (des «cercles mal-intentionnés à travers des campagnes médiatiques féroces et aux déclarations irresponsables et fallacieuses» ) et menace de recourir à d'éventuelles poursuites judiciaires... pour «ingérence flagrante» dans le travail de la justice et pour «outrage» à l'encontre des membres du pouvoir judiciaire. Rien que ça ! Les chroniqueurs judiciaires, après les caricaturistes et les humoristes, vont donc très bientôt se retrouver... au chômage ou en prison si, d'aventure, ils s'en allaient critiquer, à leur manière, une sentence de la justice. «Elle doit être respectée et jamais commentée» ! On oublie allègrement que, souvent, c'est grâce aux commentaires de presse que le droit algérien a évolué... et que c'est grâce aux enquêtes et autres révélations de presse, même les plus farfelues, que bien des dérives ont été dévoilées... et poursuivies.

Mardi 19 juillet 2016 :

Entre des couvertures médiatiques qui s'emballent, des stratégies gouvernementales de communication sécuritaire qui, en «routinisant» la possibilité d'attentats, «lubrifient» la reproduction de climats anxiogènes, et des revendications opportunistes récupératrices par un mouvement terroriste au sigle préfabriqué par ceux-là mêmes qui le combattent... les «coups de folie» criminels et meurtriers se multiplient et ne sont plus exceptionnels, à la limite se banalisant : France, Allemagne, Grande Bretagne... sans compter les terrains des champs de bataille désormais validés : Irak, Afghanistan, Syrie, Tunisie, Libye. Même les Etats-Unis sont gagnés par la violence terroriste de type interne avec le coup de feu facile... certainement encore plus exacerbée par la menace Trump. Dans ce contexte, la formule de Olivier Roy, politologue français, est significative : «Les attentats ne sont pas fait d'une radicalisation de l'Islam, mais d'une islamisation de la radicalité... les «djihadistes» étant attirés plus par les armes que par le Coran».

Mercredi 20 juillet 2016 :

Le procureur de la République du tribunal d'Annaba place le président de la chambre du commerce et de l'industrie CCI-Seybouse et trois autres personnes dont un policier, sous mandat de dépôt pour «conspiration», «constitution d'association de malfaiteurs» et «trafic de drogues».

Le président de la CCI-Seybouse qui est également élu à l'APC (Assemblée populaire communale) d'Annaba, le chauffeur du président de la CCI, un policier et un repris de justice, impliqués dans plusieurs affaires de trafic de drogues, sont poursuivis dans cette affaire.

A l'origine de ce scandale qui occupe depuis quelques jours la ville d'Annaba, la plainte pour conspiration déposée par le directeur de rédaction de la publication Essarih, membre de l'APW (Assemblée populaire de wilaya) d'Annaba, arrêté par un policier pour possession de drogue puis relaxé après enquête. Un «coup monté» ?

L'enquête est toujours en cours avec l'audition de certains présumés complices dans cette affaire. Mais, ce qui nous intéresse le plus, c'est l'extrême célérité de la hiérarchie policière qui a engagé une enquête sur le terrain afin de faire le tri entre «le bon grain et l'ivraie». Une célérité qui va augmenter (ou restaurer, c'est selon) la confiance des citoyens en l'institution sécuritaire et ses agents. Une réaction certes «administrative», mais bien plus payante en matière de com' que mille et un «sms».

Jeudi 21 juillet 2016 :

Le Groupe Total annonce un accord avec la CAF. Il devient le premier sponsor officiel du football africain pour les 8 prochaines années, pour 10 compétitions/an. Plus de 1 500 matches lors de la Can/2017, le CHAAN, Ligue des champions, CAN féminine... Combien ? On ne le sait pas encore. Le PDG de Total a dit que «l'Afrique fait partie intégrante de l'ADN de Total». Désormais, l'inverse. En tout cas, il faut le croire. Aujourd'hui plus qu'hier

Vendredi 22 juillet 2016 :

Pauvre Boualem Sansal ! Dans une récente «tribune» publié dans le quotidien français Le Monde, il a fait le parallèle entre le mode opératoire terroriste de Nice... et les actions des fidaïs durant la guerre de libération nationale, tout particulièrement lors de «la Bataille d'Alger». Pour lui, «sur le plan technique, chaque terrorisme a besoin d'inventer son mode opératoire à lui, qui sera sa signature et qui produira l'effet le plus important pour le coût le plus bas. (?)». Mal lui en prit. Il est «descendu en flammes» par ceux qui ont trouvé la comparaison déplacée et même «révisionniste». Ne manque plus que le bûcher ! Il a «osé» ! Décrire une technique, sans se prononcer sur les objectifs politiques ! Il le sait bien, nous le savons, et tous le savent, le combat des uns (contre une occupation étrangère d'un territoire et qui utilise l'aviation , les bombes, le napalm, la torture, les camps, les expulsions, les «murs» et les barrages électrifiés, les exécutions sommaires... contre les populations civiles : hier en France contre les nazis, puis en Algérie contre l'occupation coloniale, aujourd'hui en Palestine occupée contre les forces sionistes, au Sahara Occidental...) n'a rien à voir avec les coups de «folie» de fanatiques se disant «djihadistes de Daesch», parfois «détraqués sexuels», contre des populations civiles pour la plupart loin, très loin, physiquement et mentalement, des «interventions», des «invasions» et des «occupations». Mais on oublie aussi, et surtout, que c'est un intellectuel, un écrivain de talent, qui a le droit (et les moyens) de circuler, de faire, de penser, de dire, de critiquer, d'écrire librement... parfois même ne respectant aucune «ligne rouge» (il y en a de plus en plus !). Que cela (nous) plaise ou non ! Pourquoi ne pas lui avoir simplement proposé, rapidement, une «contre-tribune» ou un entretien au lieu de l'ignorer, le mépriser et pire encore l'insulter. Il n'aurait pas voulu ? On n'a pas «osé» ? La peur du «qu'en dira-t-on» ?

La députée européenne et ex-garde des Sceaux dans le gouvernement de Sarkozy, Rachida Dati, (invitée par l'Ecole nationale supérieure des Sciences politiques d'Alger en 2010, je crois, tapis rouge étalé, svp !) s'exhibe à nouveau, avec toujours la même volonté de porter secours à son pays d'origine, le Maroc, et à son roi. Dans un long communiqué publié à l'occasion de sa participation à une conférence internationale organisée par un groupe marocain de presse, pour faire la «promotion» de l'action du roi Mohammed VI, la députée européenne supplie, encore une fois, l'Europe d'accorder plus d'égards au Maroc.

Elle exploite l'attentat du 14 juillet sur la promenade des Anglais, à Nice. Elle reprend, à son compte, le discours de Sarkozy plein d'éloges pour le roi. Elle affirme que le Maroc est un pays sûr pour l'Occident. Mieux que la Turquie! Elle parle aussi de l'Ua et du «retour» du Maroc.

Le communiqué de Rachida Dati est truffé des formules ornées de majuscules à la gloire de son roi, comme «Sa Majesté», «Le Souverain» et même «Sa volonté», «un parler pas du tout républicain», selon un analyste. Mais, on comprend que le jeu en vaut la chandelle, quand Rachida Dati lance crûment : «Le renforcement de notre coopération avec le royaume chérifien doit être une priorité de notre politique étrangère et de la stratégie européenne.» Elle ose même donner la leçon : «Ne pas le comprendre, c'est ne pas être à la hauteur des difficultés que nous traversons et commettre une faute historique dont nous serons comptables.». La recherche de soutiens financier et diplomatique à la campagne présidentielle de Sarkozy a bel et bien commencé.

Samedi 23 juillet 2016 :

La presse gouvernementale revient largement sur un récent rapport (enquête mondiale de Rsf) sur les «Oligarques (qui) font du shopping dans les médias». Résumé : des personnages richissimes font usage de leurs fortunes pour faire leurs courses médiatiques... sauvant des journaux ou des groupes audiovisuels, parfois par esprit philanthropique, mais souvent pour les mettre au service de leurs activités tierces... transformant les salles de rédaction en «prisons invisibles». Tiens donc, voilà que Rsf , habituellement vouée aux gémonies, est citée presque en exemple d'analyste objectif. Pour les besoins de quelle cause... conjoncturelle ? A noter que dans le rapport cité, l'Algérie n'a pas été évoquée, pour la simple raison que la transparence en matière de propriété des organes de presse fait largement défaut... et même les enquêteurs de Rsf, s'ils avaient été autorisés à travailler, se seraient perdus dans le maquis de la rumeur et de l'informel. Dans l'audiovisuel comme dans la presse écrite et la publicité. Publics et privés confondus !

Dimanche 24 juillet 2016 :

Phrase de la semaine. Celle de Matteo Renzi, chef du gouvernement italien, à propos des récentes mesures des autorités turques et les arrestations en masse, suite au coup d'Etat «manqué»: «Un pays qui emprisonne ses propres professeurs et ses propres journalistes, met en prison l'avenir du pays»

Phrase du ministre de la Communication (à Sétif)... qui déplore la «culture de l'insulte, du mensonge et de l'exagération...» : «En disant la vérité, voyez la vérité de l'autre».

Le sociologue et philosophe Raphaël Liogier, spécialiste du fait religieux et auteur de «La guerre des civilisations n'aura pas lieu - Coexistence et violence au XXIe siècle» (CNRS Editions) décrypte l'emprise qu'exerce l'Etat islamique sur de nombreux Occidentaux.

Pour lui, il y a deux phénomènes distincts à l'œuvre dans la société. D'un côté, un nouveau fondamentalisme, avec des gens qui sont en retrait, communautaristes. Ils s'habillent avec de longues tuniques ou un voile intégral pour les femmes. Ils ressemblent un peu au mouvement Amish. Ce fondamentalisme-là, qui peut être extrême, est de plus en plus individualiste et dépolitisé.

L'autre phénomène, c'est ce qu'il appelle les nouveaux «Ninjas de l'islam». Des individus avec de moins en moins de rapport à l'islam, mais auxquels le marketing génial de Daesch fournit l'opportunité d'exister en grand. Ce sont ces individus qui sont la cible du recrutement de Daesch et de sa nouvelle manière d'envisager le terrorisme (...) «Aujourd'hui, Daesch est clairement en train de perdre sur le terrain. Mais à mesure que l'organisation terroriste subit des défaites sur ses bases, il devient une sorte de cyber-califat. Il gagne dans les consciences grâce à l'angoisse qu'il réussit à nourrir dans l'espace public. Le capital exploitable de Daesch, c'est la dissension civile, le racisme, la suspicion de tous contre tous. Le cyber-califat fonctionne par la mise en scène de guerre des civilisations, qui est soutenue par l'angoisse populaire en cours...»

Lundi 25 juillet 2016 :

Le ministre des Affaires étrangères a répondu à la question d'un député au sujet de l'entrée d'un journaliste étranger («israélien») en Algérie. «La demande de visa de Gideon Kouts a été introduite auprès de nos services par le Premier ministère français qui a inclus son nom dans la liste des journalistes qui devaient accompagner le Premier ministre Manuel Valls lors de sa visite officielle en Algérie, les 9 et 10 avril, dans le cadre de la troisième rencontre de la commission gouvernementale mixte algéro-française de haut niveau», a affirmé Ramtane Lamamra. En outre, Gideon Kouts a obtenu son visa en tant que journaliste «de nationalité française», «détenteur d'un passeport français» et «travaillant pour une revue française paraissant en France», a précisé le ministre des Affaires étrangères, en soulignant que ce journaliste «n'a jamais nui» à notre pays dans ses écrits et que le visa qui lui a été octroyé «se limitait exclusivement» à la seule couverture de la visite de Manuel Valls.

Néanmoins, relève Ramtane Lamamra dans sa réponse, Gideon Kouts «ne s'est pas astreint à la mission pour laquelle il a pu entrer en Algérie et a pratiqué une activité journalistique pour laquelle il n'avait pas été autorisé par le ministère des Affaires étrangères». Le journaliste franco-israélien a, en effet, publié des articles dans des médias autres que celui pour lequel il avait été agréé. «Des mesures ont été prises pour que de tels dépassements ne se reproduisent plus», a révélé Ramtane Lamamra qui a assuré, par ailleurs, que son département ministériel «a fait part de son indignation, par les voies diplomatiques, auprès des autorités françaises pour ce comportement irresponsable d'un membre de la délégation officielle du Premier ministre français». Irresponsable ? Un journaliste, Israélien ou Algérien, est un journaliste. Son métier est d'écrire... sur «tout ce qui bouge». Membre de la délégation officielle ? Oui ! Mais pas membre officiel de la délégation. Nuance de taille.

Panama Papers, toujours ! De nouvelles révélations, cette fois-ci du New York Times, sur les multiples sociétés off-shore appartenant au dénommé Farid Bedjaoui, neveu de l'ancien ministre des Affaires étrangères et «proche» de Chakib Khellil. On dirait que la bénédiction des zaouiate visitées par ce dernier a bien été «reçue» par le Très-Haut, puisque pour l'instant aucun parquet algérien ne s'est auto-saisi de ce que le petit peuple d'Algérie perçoit comme une énorme «fuite de capitaux»

Mardi 26 juillet 2016 :

Boualem Sansal répond (in El Watan) brièvement... certainement suite à l'édito d'un quotidien gouvernemental (et d'autres articles dans d'autres titres) qui l'avait traité ? sans citer son nom - de «personnage faustien» et de «supplétif» «juste bon pour les poubelles de l'histoire» :» J'ai le droit de critiquer ce que je veux? Et, s'il y a des choses qu'il est interdit de critiquer, qu'ils fassent des lois pour nous dire lesquelles et on cessera de les critiquer». Pour lui, «les polémiques» ne le dérangent pas... car «elles participent au débat national, ça peut être utile... chacun a le droit de s'exprimer comme il l'entend sur tous les sujets, c'est le principe de base de la démocratie». Têtu le mec ! Même si on n'est pas totalement d'accord avec lui sur bien (ou certains) de ses propos ou ses engagements, on en a vraiment besoin pour réveiller ou secouer les méninges nationales et sortir de l'unanimisme, du dogmatisme et des sacralisations excessives. Et, ne pas oublier que «le talent fait ce qu'il peut et le génie fait ce qu'il veut».

Le Monde, déjà en justice pour diffamation avec le président de la République, chercherait-il à se «rattraper» en publiant un article sur «les dessous de l'ascension fulgurante de l'industriel Issad Rebrab»... qui, selon lui, «figure parmi les anciens clients algériens du cabinet d'avocats panaméens Mossack Fonseca en cause dans le scandale des «Panama Papers». D'autres informations sont fournies sur les activités passées dans le domaine de l'import-export, dont le rond à béton, les déchets ferreux, le sucre... Du réchauffé, semble-t-il, avec des informations «factuellement fausses», précise l'homme d'affaires, qui aurait demandé à un avocat parisien «d'examiner les conditions de réparation pouvant aller jusqu'à une plainte en diffamation».

Pour l'instant, au moment où l'affaire Sonatrach-Saipem va être rejugée en Italie, après la «bourde» médiatique de la photo du président A. Bouteflika... les hommes d'affaires propriétaires du journal (Bergé-Pigasse et Niel) ont tout l'air de chercher à rectifier leurs tirs... De plus, des «affairistes» algériens (et arabes) en France, investissant dans la pierre, ça passe, mais un milliardaire qui, de plus, y investit dans l'industrie et le grand commerce, ça coince !

Mercredi 27 juillet 2016 :

Un autre grand de la culture nationale, Rachid Boudjedra, a fait part, dans une de ses chroniques (site électronique Tsa) de sa grande peine suite à l'horrible assassinat par «égorgement» ? par des jeunes, se disant «djihadistes» - d'un prêtre catholique, âgé de 83 ans, en France, à l'intérieur même d'une église, lors de la messe. Daesch, à la recherche de pub' a tout de suite «revendiqué» la chose.

Boudjedra a cité tous les amis chrétiens, membres du clergé algérien, dont certains ont été assassinés par les terroristes islamistes durant la «décennie rouge» comme Jean Claverie (assassiné en 1995 par le Gia), les sept moines de Tibhérine (égorgés et décapités) et les amis : Mgr Duval, Mgr Teissier... Et, l'Algérie, ajoute-t-il, «est toujours en deuil d'une cinquantaine de prêtres et de sœurs, assassinés par les islamistes.»

Les «vieux» lecteurs de Annaba se souviennent encore de Mlle Paulette, une infirmière catholique de plus de 80 ans (décédée dans les années 90) qui a servi, toujours, souvent en prenant de son temps et de son argent, tous les démunis de la ville. Elle est décédée, d'ailleurs, dans un foyer ami musulman et avait été mise en terre au cimetière chrétien en présence d'une foule innombrable... de musulmans. Juste avec l'adhan du dohr.

«Votre peine est la nôtre», écrit Boudjedra, reprenant une devise de St Paul.

Vendredi 29 juillet 2016 :

Il ne manquait plus qu'eux : voilà donc les Corses du Flnc qui menacent (dans un communiqué) le groupe terroriste Daesch, en le mettant en garde contre toute «attaque» sur l'île. Ils utiliseraient tous les moyens pour répondre : Le plastiquage des lieux de culte musulman ? Les «ratonnades» ? L'assassinat des travailleurs émigrés ? Faut-il s'attendre (encore ?) à des «évènements préfabriqués ou suscités» pour pousser à une violence cette fois-ci de type raciste. On se souvient de la nuit du 24 décembre 2015. Un quartier dit sensible d'Ajaccio (Corse), c'est-à-dire là où il y a pas mal d'Arabes. Des pompiers, «appelés pour éteindre un début d'incendie dans un tas de détritus» sont «attaqués» par des hommes «encagoulés». Un «guet-apens» ! Le lendemain, des manifestants corses envahissent le quartier et incendie une salle de prières musulmane et brûlent même des exemplaires de Coran. Vague raciste et islamophobe. Dans tout cela, personne n'a, d'abord, essayé de déterminer qui étaient les «hommes cagoulés». Des enfants ? Des adultes ? Facile ! Et, pourquoi pas des manipulateurs d'extrême-droite ?... Il faut dire qu'une partie des Corses n'ont jamais porté dans leur cœur les «étrangers» et encore plus les «maures» (tous des Arabes !) qui leur rappellent sans doute un peu trop qu'ils ont été, quelque part, dans leur passé, quelques-uns de leurs occupants. De plus, les «sarrasins» ont pillé les côtes durant des siècles? On se demande ce que fait, chez eux, la tête de maure qui est l'emblème de la Corse. Un ancêtre mal accepté ?

Selon Saïd Bouamama, un sociologue (France/Roubaix 1), membre de l'association Intervention Formation Action Recherche (IFAR) où il est chargé de recherche et formateur de travailleurs sociaux, «un nouveau terme est entré dans le vocabulaire du français moyen ces derniers mois, celui de «djihadiste» (je note que le terme d'«islamiste» est de moins en moins utilisé... surtout après les dérapages langagiers par l'utilisation du terme «islamo-fascisme»). Selon lui, quotidiennement, les grands médias abordent le sujet et diffusent des grilles explicatives qui forgent les opinions publiques, orientent les réactions, suscitent des prises de positions. Des «experts» et des «spécialistes» aux titres savants sont appelés à la rescousse pour offrir une caution scientifique aux affirmations médiatiques. Au-delà de l'apparente diversité des points de vue se cache une unicité d'analyse. En dépit du vernis d'objectivité des articles et des reportages, quatre récurrences idéologiques sont repérables : l'essentialisation de l'islam, l'injonction à la justification adressée à tous les musulmans, la négation des causes internes aux pays occidentaux et la justification de la guerre. Ces quatre discours médiatiques diffusés sur fond de sensationnalisme ne sont pas anodins. Ils ont une fonction sociale et politique. Ils contribuent à produire une réalité sociale et politique lourde de conséquences».

Samedi 30 juillet 2016 :

Dans son discours prononcé, samedi 30 juillet, à l'occasion du 17e anniversaire de son accession au trône, le roi du Maroc «tacle», par ricochet, l'Algérie. Mohamed VI a loué les réalisations accomplies par son pays «en matière de développement». «En dépit des contraintes liées tantôt à la conjoncture internationale, tantôt à l'économie nationale, le Maroc, Dieu en soit loué, avance continuellement, sans pétrole ni gaz, mais bien grâce à la vigueur et au labeur de ses enfants». Le roi du Maroc met aussi le doigt sur l'attractivité de son pays pour les investisseurs étrangers. De son côté, le président A. Bouteflika, pas rancunier, félicite Mohamed VI en lui adressant un message de vœux et de félicitations dans lequel il a exprimé sa volonté d'œuvrer, avec lui, à la promotion des relations bilatérales, réaffirmant sa détermination à consolider les liens d'amitié entre les deux peuples. Le citoyen lambda, surtout le plus susceptible, pourrait s'y perdre en conjectures, mais la diplomatie a ses règles et ses raisons... que le commun des citoyens ne connaîtra que bien plus tard. Peut-être !

Dimanche 31 juillet 2016 :

On a eu les «19»... On a, maintenant, les «14»... Tous (dont deux femmes : Zohra Drif Bitat et Meriem Benhamza) des (anciens) moudjahidine bien connus des médias et du public (dont Saadi Yacef, Djilali Guerroudj, Le Commandant Azzedine, Hocine Senouci...). Cette fois-ci, la cible de l' «Appel» est bien précise : le Fln et le sort qui «lui est réservé par l'aventurier Amar Saadani et sa camarilla de baltaguis». Bien sûr, la démarche est «politiquement absolument désintéressée». En douterait-on que l'on risquerait d'être «accusé» de porter atteinte à des symboles de la Révolution algérienne ( Dans une «Lettre» défendant un compagnon de combat - dernièrement «perturbé» par la sortie à l'étranger d'un ouvrage - publiée dans un quotidien, un de nos héros de guerre, ne demande-t-il pas à l'Onm d'appliquer, au nom de la «défense des mémoires» telle que dite par Didouche Mourad, «rigoureusement et vigoureusement», l'«arsenal» de lois disponible contre tous ceux qui contreviendraient au respect de la chose historique» (les individus encore vivants y compris ?). Que de «lignes rouges». Brr ! Les «14» proposent, donc, le «départ immédiat et inconditionnel de Saadani et de sa bande» et de restituer le Fln historique à ses «militants sincères et dévoués...». Une proposition bien risquée au vu de toutes les «expériences» menées à la tête du Fln depuis 62. Et, pourquoi pas tout simplement, tout bêtement, tout candidement... le musée ? Encore que, là aussi, se posera le problème du choix du «conservateur ou archiviste en chef».

Le pape François refuse tout amalgame entre islam et terrorisme.»Il n'est pas vrai et il n'est pas exact [de dire] que l'islam c'est le terrorisme», a déclaré le souverain pontife. Il était interrogé, après le récent assassinat d'un prêtre le 26 juillet dernier en France par deux djihadistes, sur son choix de ne jamais mentionner l'islam lorsqu'il condamne ce type d'attentats.

«Je ne pense pas qu'il soit juste d'associer islam et violences», a déclaré François, qui s'exprimait au cours d'une conférence de presse dans l'avion qui le ramenait de Pologne.

«Si je dois parler de violences islamiques, je dois aussi parler de violences chrétiennes. Dans presque toutes les religions, il y a toujours un petit groupe de fondamentalistes. Nous en avons nous aussi», a-t-il insisté. Pour lui, la religion n'était pas le vrai moteur des violences.

«On peut tuer avec la langue aussi bien qu'avec un couteau», a-t-il lancé, se référant apparemment à la montée des partis populistes qui attisent le racisme et la xénophobie. Le terrorisme «prospère quand le dieu de l'argent est placé en premier» et «quand il n'y a pas d'autre option», a dit le pape.»Combien parmi nos jeunes Européens avons-nous abandonnés sans idéal, sans travail ? Alors ils se tournent vers les drogues, vers l'alcool, et vont là-bas s'engager avec les groupes fondamentalistes», a-t-il estimé.

Mardi 2 août 2016 :

Le Forum des chefs d'entreprises (FCE) vient de solliciter une agence de communication américaine pour mener un travail rédactionnel intitulé «Algeria Investment Report», qui s'étalera sur 12 pages, en hors-série, à publier et à distribuer dans le Washington Post, à l'occasion de la réunion annuelle du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque Mondiale (BM), qui se tiendra du 7 au 9 octobre prochain à Washington, et ce afin de «promouvoir le marché algérien et encourager les investisseurs américains à découvrir l'Algérie».

Il ne faut pas trop pavoiser. Car, c'est d'abord une publicité payante et True Media n'est qu'une agence de communication, comme il y en a tant, spécialisée dans la médiation rédactionnelle (avec la collaboration de «journalistes» et de spécialistes), l'achat et la vente d'espaces.

L'Algérie a souvent sollicité ? déjà dans les années 70 et 80 (c'est dire combien la méthode est aujourd'hui obsolète) - des journaux occidentaux (français, américains et autres), même ceux qui ne nous «portent pas dans leur cœur» - qui ont publié plusieurs pages (de «publi-reportages») payées par l'Algérie... en devises fortes.

Une initiative louable. Originale de plus puisqu'elle émane d'entreprises pour la plupart privées (Fce). Sera-t-elle payante ? Difficile à dire, n'ayant aucune étude-bilan sur ce qui s'est fait, par le passé, dans ce créneau... tout se passant alors dans la non-transparence et l'approximatif avec, parfois, des guéguerres inter-institutionnelles. Certains spécialistes en com' ou en économie en doutent fort, comme le Pr Abderrahmane Mebtoul.

Mercredi 3 août 2016 :

Suite de l'«Appel des 14» : Vive réaction de structures du Fln (dont le Bureau politique réuni en l'absence du Sg... paraît-il «en vacances»), qui n'y vont pas par quatre chemins. Elles appellent les militants à être vigilants pour «faire échouer ces tentatives vaines de figures dépitées, qui ont toujours cherché la gloire au prix même des cadavres des militants...». Elles «dénoncent ces comportements lâches planifiés dans les salons et derrière les rideaux», ainsi que «les clairons médiatiques». On parle de «calculs électoraux», de «convoitises», «d'interventions assumées ou inavouées venant d'en dehors des bases militantes», de «comportements irresponsables». Un quotidien (gouvernemental) parle même de «l'apparition subite des quatorze martiens (sic !)» dont d'ailleurs «le Sg du Fln a clairement promis qu'il s'occuperait (re-sic !) bien de ces convives non annoncés, mais seulement à la rentrée»... La guerre est donc désormais ouverte, une fois encore, au sein et en marge du Fln... Trop de «tribus» se bousculant aux portes ! La fois de trop ? Chose certaine, les loups aux abois, depuis 93, vont en profiter... pour sortir du bois, et rattraper, à leurs manières, le temps perdu.