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Constantine - Zighoud Youcef: Le CET toujours en stand-by

par Abdelkrim Zerzouri

Si du côté des autorités locales, et même de la tutelle, on semble temporiser avant de faire le moindre geste dans le sens d'une exploitation du Centre d'enfouissement technique (CET), la population de Zighoud Youcef garde une ferme détermination dans ses positions, s'accrochant obstinément à sa revendication essentielle concernant le rejet, voire l'annulation pure et simple du projet en question. Les pouvoirs publics sont confrontés à un véritable dilemme, être à l'écoute des préoccupations de la population et fermer définitivement ce CET, achevé à 100%, et pour lequel on a dégagé et consommé près de 37 milliards de centimes, ou lancer ses activités contre vents et marées. Un terrain miné sur lequel on marche avec grande précaution, surtout lorsqu'on sait que ce dossier a provoqué vers la fin du mois de mai dernier des émeutes au niveau de ce patelin paisible.

Justement, c'est après plusieurs jours d'affrontements entre population et forces de l'ordre public, qui ont entraîné des arrestations ainsi que des blessés des deux côtés, que les autorités locales avaient finalement décidé de prendre langue avec les manifestants et pencher vers l'apaisement en gardant, momentanément, à l'arrêt le CET.

La commission ministérielle, constituée de l'inspecteur de l'Environnement, d'un expert technique en matière environnementale, directeur central à l'Agence nationale de gestion des déchets (AND), la directrice de wilaya de l'Environnement et le directeur de l'Entreprise de gestion des CET, qui avait effectué une visite sur les lieux le 28 juin dernier, avait reconnu dans son rapport que «l'endroit où l'on a installé le CET n'est pas convenable et n'a pas été soigneusement étudié», et que «le CET est amputé d'équipements indispensables afin d'assurer le bon fonctionnement du travail technique», qu'il est situé dans un lieu reconnu comme «porte d'aération naturelle de la ville», mais sans donner aucune suite à ces remarques ou réserves.

Devant ce black-out, des représentants des associations ont demandé, ces derniers jours, audience auprès du wali pour s'enquérir des développements de ce dossier. «Effectivement, on a été reçus par le wali, mais il ne s'est pas prononcé d'une manière franche sur le sujet, il a préféré attendre la décision de la Commission ministérielle», nous ont confirmé des membres d'associations qui ont pris part à la rencontre. Non sans ajouter avec regret que leur souhait était d'entendre de la bouche du chef de l'exécutif la décision d'annulation du projet, et annoncer la bonne nouvelle aux habitants. «On espérait que le wali nous donne cette joie, semblable à celle offerte par Sellal aux habitants de Oued Naga à Batna», ont lancé nos interlocuteurs sur des airs de déception. Enfin, les représentants des associations ont réitéré l'opposition ferme et catégorique de la population à ce projet, considéré comme une «grave agression» contre l'environnement car, soutient-on, le CET a été installé dans un lieu situé à 500 m au-dessus de la mer et à 50 km de la côte, un lieu idéal selon un avis médical pour la guérison des malades asthmatiques, «et il y en a des cas de guérison de malades atteints de cette pathologie et qui ont séjourné quelques années sur le site en question», affirment nos interlocuteurs.

En tout cas, tranchent ces derniers, «il ne peut y avoir aucun dialogue à ce sujet», ajoutant qu'il s'agit d'une affaire de santé publique, et qu'on ne peut rien négocier autour de ce principe.

D'autre part, les représentants des associations tiennent à rappeler que 5 propositions ont été introduites auprès des autorités pour délocaliser le CET vers d'autres lieux, situés à une dizaine de km du chef-lieu de Zighoud Youcef, sans recevoir aucune réponse à ce sujet jusqu'à présent.