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Education: Près de 1.400 travailleurs font valoir leur droit à la retraite

par Sofiane M.

L'hémorragie se poursuit dans le secteur de l'Education nationale à Oran. Des centaines d'enseignants chevronnés sont dans une course contre la montre pour déposer leurs demandes de départ à la retraite. Ils sont au total 1.377 travailleurs (931 enseignants et 446 encadreurs) qui vont partir à la retraite cette année, a-t-on appris d'une source bien informée qui ajoute que ce chiffre est «provisoire» et le nombre des retraités du secteur en 2016 va certainement progresser en septembre prochain. Le cycle secondaire est le plus touché vu que 325 enseignants ont d'ores et déjà fait valoir leur droit à la retraite. Le départ de 325 professeurs aura une répercussion certaine sur l'enseignement dans les lycées de la wilaya et les élèves des classes de 1ère et 2ème année secondaire seront les plus pénalisés par le déficit en encadrement. Dans le cycle moyen, ce sont 325 autres enseignants qui ont déjà bénéficié du départ à la retraite contre 281 dans le cycle primaire. Concernant le personnel administratif, la même source recense 446 départs à la retraite.

Le plus préoccupant est que presque rien n'a été prévu pour le remplacement de ces centaines d'enseignants chevronnés. Ce départ des enseignants et encadreurs chevronnés est qualifié de «saignée» par Aous Mohamed, ancien syndicaliste qui part à la retraite cette année et soutient que la relève n'est pas tout à fait assurée. Le comble est que les départs précipités concernent notamment les filières dites essentielles (sciences, mathématiques, physiques, langues) ce qui va donner du fil à retordre à l'académie. «Plus de 40% des enseignants en activité aujourd'hui ont commencé le métier vers le milieu des années 1980. C'est-à-dire que le plus jeune a 30 ans d'expérience, usé par tant de bricolage (?) Aujourd'hui, plusieurs milliers d'enseignants n'en peuvent plus et veulent vivre au moins quelques années de leur retraite en bonne santé (?) Le manque de postes dans le secondaire dépasse actuellement les 20.000 et les départs en retraite ne sont pas remplacés.

Le ministère se trouve pris au piège de sa politique. Pour s'en sortir, il doit faire appel à de jeunes enseignants sans aucune formation pédagogique, non spécialisés dans leur matière, sous-payés et recrutés en tant que vacataires ou contractuels. La fuite en avant se poursuit et plusieurs générations devront payer. D'autres proviseurs, de peur de ne pas trouver des enseignants dans certaines matières, sont obligés de surcharger les classes et voient les potentialités de leurs établissements grandement diminuées.

Les enseignants qui ont aujourd'hui plus de 30 ans d'expérience veulent quitter l'éducation. Ils n'ont rien à attendre du ministère ni de la société, ni même de leurs élèves. Encore moins des parents, et c'est malheureux. Les autorités de tutelle doivent susciter plus de vocations si elles souhaitent conserver des cadres algériens, car dans deux ans, 50% de leur effectif enseignant aura au moins 60 ans ou 32 ans de travail au compteur.

Elles doivent revoir leur politique et trouver des solutions à cette crise, en collaboration avec le personnel sur le terrain. L'école publique est une nouvelle fois mise à l'épreuve», avait écrit Hakem Bachir cadre syndicaliste et professeur de mathématique au lycée Colonel Lotfi à Oran.