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Ténès: La colère gronde à Sidi-Merouane
par Bencherki Otsmane
Si le bourg de Sidi-Merouane
avec ses 1.500 habitants est assez méconnu par les visiteurs et les touristes
qui se rendent à Ténès, le phare qui s'y trouve au niveau de cette bourgade est
connu mondialement.
En Algérie, c'est le premier phare parmi les 25 existant au niveau des 1 200 km de côte du pays, qui a été
inauguré en 1861. D'une importance capitale, ce dernier sert de guidage pour
les navires évoluant dans la région. La route qui mène à ce monument historique
depuis Ténès sur une longueur de près de 5 km est dans un piteux état.
D'ailleurs c'était la cause principale d'un mouvement de protestation de la
part des habitants de ce bourg au cours de la semaine dernière qui, après avoir
attiré à maintes reprise l'attention des autorités locales sur les conséquences
du trafic incessant de gros camions chargés d'agrégats provenant justement
d'une carrière située au piémont du djebel de Sidi-Mérouane.
En effet, en l'absence de dialogue entre les élus locaux et les habitants, ces
derniers ont opté pour la manière forte en bloquant carrément l?accès des
camions à la carrière. Par cette action, les habitants entendent sensibiliser
les pouvoirs publics des conséquences de ce trafic infernal. « Nous souffrons
depuis une vingtaine d'années le calvaire car, en sus des bruits et de la
poussière qui se dégage après le passage des camions, nous subissons les
conséquences de cette situation notamment sur le plan de la santé. La plupart
de nos enfants sont devenus allergiques à la poussière et bon nombre d'entre
eux suivent des traitement d'asthmatiques », nous ont
déclaré les citoyens de ce bourg. Bien entendu, selon les habitants de Sidi-Mérouane, il n'y a pas que l'état de la route qui est mis
en question mais aussi l'éclairage public qui fait défaut, le transport aussi
bien pour les citoyens que pour les collégiens et lycéens ; l'absence de gaz de
ville ; l'aménagement des ruelles, etc. « Nous souhaitons que le wali nous
rende visite pour constater de visu dans quelles conditions nous vivons », ont
déclaré certains habitants. Par ailleurs dès l'annonce de ce mouvement de
protestation, le wali a ordonné l'arrêt des activités de la carrière et a
dépêché une commission pour faire toute la lumière sur cette situation. Selon
nos informations, les entreprises qui activent au niveau de la carrière de
Sidi-Mérouane ne disposeraient pas d'autorisation
pour extraire les agrégats. Cependant il faut noter que l'exploitation de ce
site a été de tout temps décriée par les associations notamment celle de
l'environnement. Complètement défiguré par une l'utilisation abusive
d'explosifs pour extraire le gravier, le site de Sidi-Mérouane
offre aujourd'hui un spectacle de désolation. Même l'aigle royal, ce légendaire
rapace propre à la région a depuis longtemps déserté les lieux pour des lieux
plus cléments.il faut dire que ce site recèle d'énorme potentialités en matière
de tourisme pour peu que les élus locaux fassent un effort pour le préserver et
l'aménager pour pouvoir accueillir les visiteurs ou les pêcheurs amateurs qui
peuvent pêcher le célèbre mérou dans ses eaux profondes. Le site abrite
également des grottes préhistoriques. Il s'agit en fait de plusieurs grottes de
formes et de dimensions différentes réalisant des sortes d'abris. La grotte
basse, située à mi-hauteur entre le rivage et le phare, dans une falaise
abrupte, s'ouvre à une altitude de 25 à 30 mètres (le phare étant à 57 mètres
exactement au dessus du niveau de la mer). Selon des
archéologues, « il faut de toute urgence arrêter le massacre du mont de Sidi Mérouane en plus de prendre les mesures suivantes, à savoir
une signalisation du site, une facilitation des accès, entamer des travaux de
recherche (depuis que les grottes ont été fouillées en 1936, rien n'a été
entrepris à ce jour), aménager l'entrée des grottes (des porches) ainsi qu'un
circuit de visite et enfin faire une recherche bibliographique. Autant
d'atouts, faut-il le souligner, « pour joindre l'utile à l'agréable » car avec
une hypothétique prise en charge des doléances des habitants de cette bourgades,
c'est toute la machine du développement qui se mettrait en marche, et qui
aurait des répercussions bénéfiques sur la population locale en matière de
création d'emplois qui peuvent résulter de l'activité du tourisme.
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