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Constantine - La ville de Zighoud Youcef dans l'attente

par A. Mallem

La rencontre qui a rassemblé samedi, au Centre culturel de la ville de Zighoud Youcef, le wali et les associations de la société civile de la ville, s'est terminée, selon la population, sur « un goût d'insatisfaction », à cause des maigres résultats arrachés par leurs représentants délégués, les associations de la société civile, en l'occurrence.

C'est ce que nous ont exprimé des citoyens de cette ville dont certains avaient participé, de bout en bout, à la rencontre avec le wali qui a duré tout l'après-midi. Nos interlocuteurs n'ont pas manqué de déplorer aussi, le fait que plusieurs intervenants du mouvement associatif qui avaient pris la parole, ont dévié de l'objectif initial tracé par les protestataires, en commun accord avec la population, lequel objectif se résumait en trois points : le démantèlement du centre d'enfouissement technique (CET) de Doghra qui constitue la revendication principale des citoyens de Zighoud-Youcef, le départ du chef de daïra, et la libération des manifestants incarcérés. « Malheureusement, nombreux intervenants ont profité de la parole qui leur a été donné pour exposer leurs problèmes personnels et celui de leur quartier », ont affirmé nos interlocuteurs.

Pour le premier point, le wali a reporté l'examen pour après les examens scolaires de fin d'année et la visite qu'il devra faire, dans ce centre avant de trancher sur son avenir.

Le second point, non plus, n'a pas été tranché puisque le chef de l'exécutif de la wilaya a demandé des preuves concrètes sur les graves accusations portées contre le chef de daïra. Et les protestataires n'ont pu obtenir satisfaction que sur le dernier point, celui de la libération des jeunes, arrêtés et incarcérés, dans les locaux du Tribunal de Zighoud-Youcef. A ce propos, nos sources nous ont indiqué que leur nombre atteint la dizaine. « Deux jeunes enfants concernés par l'examen de la 6ème ont été libérés, hier, samedi », ont-ils signalé avant de préciser que ces enfants ont été arrêtés vendredi, dans la nuit. Selon les informations que nous avons obtenues, dix personnes arrêtées ont été placées, hier, sous contrôle judiciaire par le tribunal de Zighoud Youcef. « Il faut noter, nous ont dit nos interlocuteurs, que ces personnes n'ont pas été arrêtées, en flagrant délit, mais appréhendées dans leurs domiciles, entre 1h30 et 2h , et ce, bien après que les manifestations se soient arrêtées.

Cinq autres personnes ont été, aussi, libérées, hier et les trois autres vont l'être, aujourd'hui, selon les déclarations des avocats qui se sont proposés pour la défense des manifestants », concluent à ce propos nos correspondants.

A présent, période d'examens scolaires oblige, le calme est revenu dans la ville de Zighoud-Youcef, les magasins et cafés ont rouverts, dans l'après-midi du samedi. Mais c'est « un calme bien précaire », pensent les citoyens de cette ville que nous avons contactés. « Il y a un air d'insatisfaction, de frustration qui est visible dans les visages et dans les conversations des gens de la ville, soit entre eux ou avec les étrangers qui les questionnent », nous ont-ils expliqué.

Les citoyens de Zighoud-Youcef, en général, disent clairement qu'ils n'accordent pas entière confiance aux promesses et aux engagements pris, devant eux, par les autorités. « Le maire, par exemple, avait bien pris la parole, mais c'était pour cautionner le bilan des réalisations dont aurait bénéficié la daira qui a été présenté par le secrétaire général de la wilaya. Ce qui a provoqué de vives protestations parmi les dix mille citoyens de la ville qui suivaient la séance, hors des murs, du Centre culturel, grâce aux amplificateurs de sons installés au dehors. Il y a, aussi, les autres élus, notamment les députés qui avaient accompagné le wali. Aucun d'eux n'avait pris la parole pour dire ce qu'il pensait des revendications de la population. Mais ils se sont, abondamment, exprimés devant les caméras de la télévision pour apporter leur caution aux mesures prônées par le wali », a-t-on considéré.

En ce qui concerne le chef de daïra de Zighoud-Youcef, M. Bousbia, dont la demeure a fait l'objet d'une tentative d'incendie, les manifestants ont fait savoir au wali, avant la tenue de la réunion, que si celui-ci se présentait dans la salle, tous les représentants des associations se retireraient. C'est ce qui justifie son absence, à ce conclave.