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Un lieu à la recherche de son passé: Début d'aménagement de la place du Maghreb

par Houari Saaïdia

L'aménagement de la place du Maghreb, phase «une» d'un plan de relookage urbain ciblant le périmètre alentour, a débuté hier. Ce qui est original dans ce projet de la régie communale visant cette placette emblématique d'Oran, c'est qu'on soit sorti -pour une fois- du stéréotype et du «copier-coller» paysagistes qui a marqué les actions dites «d'embellissement» du centre-ville.

Une fontaine monumentale avec eau jaillissante et bassin avec quelques espèces de poissons, éclairage stylisé, espace libre où peuvent s'exprimer peintres, musiciens, bouquinistes? Tels sont les éléments-clés de la nouvelle place de la Grande Poste, mise en chantier dès hier dimanche sous la supervision du maire, Noureddine Boukhatem. A vrai dire, il aura suffi d'un petit effort de mémoire, en remontant à un passé pas lointain, pour mettre en place la maquette. A quelques détails près, la place de la Grande Poste ressemblait effectivement à cela. C'est donc un petit retour à l'authenticité paysagiste, quand bien même il est trop restreint dans l'espace -puisque concentré sur dix petits mètres carrés du territoire de la ville- qui est mis en exergue par ce projet d'aménagement. Un retour à l'état initial, précédent à tout le moins, qui exprime solennellement qu'on a défiguré au nom de l'embellissement, abîmé au nom de l'amélioration, dégradé et rétrogradé au nom de la reconstruction, commis un massacre naturel au nom du retour à nos propres valeurs et habitudes. La démolition des quatre kiosques, plutôt quatre grosses et grossières masses de béton, qui encombraient l'espace et étouffaient la vie dans cette croisée de chemins, répondait à ce retour au bon sens, au bon goût. Ces kiosques en cube, dont un transformé en un mélange hybride « gargote-crémerie » déployant tables et chaises sur le pavé, ne faisant plus partie du paysage de la place, le chevalet étant prêt dès lors pour peindre un nouveau tableau qui sied à ce lieu, à la ville toute entière. En effet, le chantier a démarré hier et toute la place a été cintrée par une palissade par les équipes mixtes DTNM-DVC, ne laissant qu'une brèche pour l'entrée-sortie des engins.

Réaménagement de deux rues en piétonnières

Située dans le prolongement de la rue des Aurès (ex-Bastille), la portion de ruelle qui va de la place du Maghreb jusqu'au boulevard Emir Abdelkader sera transformée en piétonnière. Un arrêté d'interdiction de stationnement sur cet axe sera bientôt signé. Mêmes dispositions pour la rue traversière qui va de l'avenue Khemisti à la rue Larbi Ben Mhidi (à hauteur du café Clichy). Cependant, le projet de réaménagement et de réhabilitation de la place du Maghreb envisagé par la commune d'Oran n'aura de sens que si tous les aspects négatifs qui s'y trouvent sont traités, sans distinction ni sans exception. Le Grand Hôtel, pris en otage par un éternel bras de fer interne, en est un. Jusqu'à quand l'exécutif communal local aura-t-il poings et pieds liés par une politique de gestion à distance où l'immobilisme, la bureaucratie, la centralité et le système décisionnel vertical sont les maîtres-mots ?

Idem pour l'édifice de la Grande Poste, même si là les choses semblent a priori évoluer dans le bon sens, avec la remise sur les rails par Algérie Poste du chantier de restauration et de rénovation de ce bâtiment. D'autres pièces abîmées du puzzle de cette place d'où part la rue des Aurès doivent aussi être réparées ou carrément supprimées -comme les quatre kiosques- pour restaurer l'image, redorer le blason de ce lieu et, partant, effectuer un tant soit peu un retour aux normes urbanistiques et fonctionnelles d'une ville. Car on en est à mille lieues aujourd'hui. Avec comme «cliché», et pour rester dans le cas d'espèce de la place du Maghreb, des étals de pain, de menthe et de persil, de figue de barbarie, de toutes sortes de produits provenant de la saisie ou de la contrebande? qui débordent du marché de La Bastille pour envahir chaussée et trottoirs adjacents.

L'étape suivante du plan, selon le maire d'Oran, Nouredinne Boukhatem, une démarche de dialogue et de sensibilisation à l'endroit des commerçants exerçant au marché de La Bastille pour les convaincre de la nécessité d'une délocalisation provisoire de leur activité à l'effet d'entreprendre des travaux de réhabilitation à la rue des Aurès et les ruelles traversières, en vue de l'aménagement d'une partie d'entre-elles en piétonnières. Au fond, il ne s'agit pas d'une question de goût, mais d'une action vitale et indispensable, voire urgente aussi, de réhabilitation de tout ce secteur « tabou » du centre-ville, en matière de vieux immeubles, réseau d'assainissement, voirie, éclairage, sécurité urbaine? Un dossier qui ne date pas, certes, du mandat actuel de Boukhatem, mais qui remonte à plusieurs décennies. Toutes les entreprises antérieures ont fait long feu, y compris celle suggérant le transfert provisoire des marchands vers la cave de l'ONCV près de la place Hoche.