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Crash de l'avion d'EgyptAir: Course contre la montre pour retrouver les boîtes noires

par Mahdi Boukhalfa

C'est une véritable course contre la montre qui est engagée par l'Egypte, la France, la Grèce et les Etats-Unis pour retrouver rapidement les deux boites noires de l'A320 qui s'est abîmé en mer avec 66 passagers dans la nuit de jeudi.

Des informations contradictoires circulaient hier dimanche à propos de ces deux boites noires, un enregistreur de paramètres et un autre pour les voix dans le cockpit (Voice recorder et data recorder), vitales pour les enquêteurs dans la recherche des causes réelles du crash. Selon le site russe d'informations, Spoutnik, les deux boites noires ont été localisées par les secours égyptiens. Il cite notamment le journal El Ahram, alors que la chaîne américaine CNN, faisant référence à des sources égyptiennes également, affirme que les deux boites noires ont été retrouvées. Mais, officiellement, ces informations n'ont pas été confirmées, ni par les autorités égyptiennes, ni par celles de la Grèce et de la France qui participent activement aux recherches avec de gros moyens, dont des sous-marins de poche. Paris a annoncé qu'elle va dépêcher sur place des appareils de l'Ifremer dans le cas où l'épave est à plus de 2.000 m de profondeur.

Ce que l'on sait, par contre, c'est que les navires et les avions dépêchés sur place par les trois pays plus les Etats-Unis tentaient de retrouver l'épave de l'A320 au troisième jour des recherches en mer entre la Crête et la côte nord de l'Egypte. Le signal des deux boites noires peut être émis en principe jusqu'à un mois, mais au-delà, les batteries seront épuisées. Car le «ping» des balises des deux enregistreurs n'émettra que 4 à 5 semaines dans l'eau.

D'où cette course contre la montre des secouristes pour trouver ces deux enregistreurs de vol avant l'épuisement de leur batterie et, au cas où elles se trouveraient à plus de 2.000 m de profondeur, seul un sous-marin de poche de l'Ifremer pourrait aller à cette profondeur et faire remonter les deux précieux enregistreurs. La France a dépêché dimanche un patrouilleur de haute mer, l' « Enseigne de vaisseau Jacoubet », qui doit arriver lundi après-midi pour participer aux recherches sous-marines de la carlingue, des corps et des débris.

Tous les scénarios possibles, selon Al-Sissi

Le président Egyptien Abdelfettah al-Sissi, qui s'exprimait pour la première fois en public depuis la disparition de l'avion, a indiqué hier dans la ville de Damiette que « pour l'heure, tous les scénarios sont possibles. Donc, s'il vous plaît, il est très important de ne pas bavarder ou de dire qu'il existe un scénario particulier ». Avant d'appeler la presse locale et internationale à la précision dans les informations qu'elles diffusent sur le crash, il a annoncé que du matériel de recherche avait été déployé par le ministère du Pétrole, dont un sous-marin pouvant descendre à 3.000 mètres, la profondeur de la Méditerranée dans la zone des recherches. « Il est parti aujourd'hui dans la direction du lieu du crash parce que nous travaillons avec ardeur pour récupérer les boîtes noires », a-t-il dit. « Cela pourrait durer longtemps, mais nul ne pourra cacher ces choses. Dès que les résultats seront disponibles, les gens seront informés », a-t-il ajouté. La zone de recherches est située à 3 ou 4 milles marins (environ 5,6 ? 7,4 km) de l'endroit où l'avion s'est abîmé », a précisé une source proche des secours citée par le journal égyptien Al-Ahram sur son site. Jusqu'à hier dimanche, les recherches étaient concentrées sur un rayon de 60 km au nord de la ville d'Alexandrie, mais étaient passablement compliquées par un vent fort qui risquait, selon les secours, de rendre la tâche encore difficile en éloignant les objets de l'avion en surface ou à demi immergés. « Trouver les enregistreurs de vol est prioritaire, c'est pourquoi les débris ne seront pas repêchés avant que leur emplacement ne soit déterminé car, en mer, tout bouge, et sans savoir l'emplacement exact des débris il sera impossible de retrouver les boîtes noires immergées », a souligné une source proche de la direction de l'Aviation civile égyptienne. Jusqu'à présent, l'armée égyptienne a repêché des débris de l'appareil, dont un membre humain et des effets personnels des passagers. Samedi, des photos d'un sac à dos rose d'enfant, orné de papillons, un petit morceau de carlingue complètement déchiqueté, des revêtements de sièges lacérés et un gilet de sauvetage intact mais déplié ont été publiées par l'armée égyptienne. « Depuis, ils ont repêché quelques autres débris mais aucun corps », a assuré hier dimanche un responsable du ministère égyptien de l'Aviation civile. Par ailleurs, la piste d'un attentat terroriste est progressivement écartée, après les messages Acars émis par l'appareil deux minutes environ avant qu'il ne s'abîme en mer. Ces messages d'alerte avaient signalé de la fumée dans une des cabines des toilettes et sous le plancher du cockpit où sont installées les pièces vitales de l'ordinateur de vol. « Il est beaucoup trop tôt pour interpréter et comprendre les causes de l'accident tant que nous n'avons retrouvé ni l'épave ni les enregistreurs de vol », a cependant tempéré le porte-parole du BEA français, alors qu'un spécialiste de l'aéronautique, Phlip Baum, cité par la BBC, affirme que « les instruments de l'appareil se sont éteints ». Le vol MS804, qui avait fait en moins de 48 heures cinq escales (Asmara, Le Caire, Tunis, Le Caire, Paris) avait décollé de l'aéroport de Roissy-Charles de Gaulle mercredi peu après 23h00 et devait atterrir au Caire jeudi à 03h05. L'avion était à 37.000 pieds (plus de 11.200 m) lorsqu'il a soudainement « effectué un virage de 90 degrés à gauche puis de 360 degrés à droite en chutant de 37.000 à 15.000 pieds » avant de disparaître des radars, avait expliqué le ministre grec de la Défense.