Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Le ministre de l'Intérieur dans la wilaya de Khenchela: Les ennemis de l'Algérie «à l'extérieur et à l'intérieur»

par Notre Envoyée Spéciale A Khenchela : Ghania Oukazi

C'est dès le premier point de sa visite, dans la wilaya, que Noureddine Bedoui a fait part, pour la première fois, de tentatives « internes » de déstabilisation du pays.

C'est hier que le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales a entamé une longue visite de travail dans cette wilaya de l'est du pays. Dès sa première halte qu'il a effectuée dans la daïra de Ain Touila, sur un site de nouveaux logements sociaux, Bedoui a, de suite, évoqué la situation sécuritaire aux frontières du pays. « Ils ont essayé de toucher à l'Algérie par les frontières mais ils se sont heurtés à un mur, qui est l'armée nationale ainsi que l'ensemble des services de sécurité, » a-t-il déclaré. « Ils ont essayé d'atteindre le pays par d'autres moyens, ils ont essayé de toucher à nos valeurs (?), il faut qu'on soit vigilants et nous nous devons d'être les yeux de l'Algérie pour la protéger et la préserver, » a-t-il encore dit. Les citoyens nous affirment que Khenchela n'a pas souffert du terrorisme, durant les années 90. Mais c'est dans cette wilaya que le ministre de l'Intérieur a réitéré son appel insistant à la vigilance citoyenne et à la préservation de la cohésion sociale. « Aujourd'hui, il y a des gens qui veulent toucher à l'unité nationale et à notre cohésion sociale de l'intérieur du pays, qui pour des considérations politiques, qui pour d'autres considérations, mais celui qui tente de le faire sera confronté aux institutions de l'Etat qui l'en empêcheront, » a-t-il affirmé. Il est évident que le ministre rattache ses propos aux derniers événements qui ont secoué la scène médiatique nationale. Il ne citera personne, ni Rebrab ni Saadani ni tout ce qui se dit à ce propos mais l'allusion ne fait aucun doute. « Il y en a qui ne savent pas tirer les leçons qu'il faut, l'Algérie continue sa relance économique, malgré la crise financière, il est évident que l'Etat ne se désengagera jamais de ses missions envers le citoyen, il y en a qui doutent des moyens financiers du pays mais ils doivent déchanter face à l'obligation que se fait l'Etat d'améliorer les conditions économiques et sociales des citoyens, » a-t-il souligné.

«C'est véritablement la fin du monopole»

Lors de sa visite à une entreprise privée de fonderie, Bedoui a évoqué, aussi, le monopole dans la sphère économique. «C'est véritablement, la fin du monopole, la liberté d'entreprendre est désormais constitutionnalisée, ce sont des valeurs et des pratiques qu'il faut inculquer aux citoyens, » dit-il. La question du monopole ne peut qu'être, directement, liée à celle des tentatives «internes » de déstabilisation du pays.

« Il est clair qu'il en parle en relation avec les derniers événements, » nous disent certains observateurs.

En bon communiquant qu'il est, le ministre de l'Intérieur a improvisé un point de presse, au cours de sa visite d'un des chantiers au programme, pour a-t-il dit « clarifier et synthétiser mes déclarations ». Il est évident que la première question qui lui a été posée est celle d'un éventuel lien entre la détention et la fin du monopole, dans le domaine économique et les tentatives « internes » de déstabilisation de l'Algérie. « Je ne fais pas d'allusion, je suis ministre de l'Intérieur, je me dois, quand je parle, de mettre en relief la situation qui prévaut dans le pays, » a-t-il commencé par dire. « Il faut qu'on soit vigilant, » répétera-t-il. Mais il interrogera « est ce que les menaces qui pèsent sur le pays et les dangers qui le guettent ne nous viennent que de nos frontières, n'y a-t-il pas certains qui essayent de le faire, à partir de l'intérieur ? » Et ajoute-t-il « quand on entend que certains veulent toucher à l'unité nationale, est-ce que ce n'est pas de notre devoir de le dire et de le dénoncer ?

Il interroge, encore, « est-ce que vous pensez que l'Algérie n'a pas d'ennemis qui veulent qu'elle revienne aux années 90 ? » Pour répondre « moi, je dis oui, il y en a, il faut qu'on fasse attention à notre stabilité, à la sécurité du pays, à l'unité nationale, sans ça, on ne peut pas concrétiser les objectifs consacrés dans la nouvelle constitution »

« Pas d'agrément pour les associations avant l'adoption de la nouvelle loi »

Pour lui, « la nouvelle constitution est exemplaire pour les Algériens, en matière de consécration des libertés politiques, de démocratie, et de la liberté d'entreprendre, c'est un grand acquis ». Il assurera que « l'Algérie a les moyens de s'en sortir ». Moyens, dit-il « auxquels on n'a pas fait attention tant qu'il y avait les rentrées du pétrole ». Il fera part de la réalisation, par le gouvernement, de plus de1.200 projets ainsi que 6.000 autres, en phase de l'être et « en tant que ministère des Collectivités locales », de la création de près de 150 zones d'activités pour l'investissement « pas seulement pour les grands projets mais même pour ceux qui emploient une dizaine de personnes, parce que l'entreprise participe à la fiscalité locale, à la relance de l'économie et à la création d'emplois, » a-t-il indiqué. « On doit faciliter davantage l'investissement et la création de PME, aux Algériens d'ici et de l'étranger, » assure-t-il. Il en appelle au partenariat national et avec les étrangers.

Interrogé sur l'octroi d'agréments à de nouvelles associations, Bedoui précisera que « la nouvelle constitution oblige à faire voter de nouvelles lois sur les associations, les partis politiques, le régime électoral.. » Lois qui devront, en premier, passer par le Conseil du gouvernement, le Conseil des ministres et par les deux chambres pour y être votées. Donc, « pas d'agrément pour de nouvelles associations avant l'adoption de la nouvelle loi », dit-il. Il enchaînera que «nous sommes dans une nouvelle dynamique, il nous faut de nouvelles lois organiques, nous avons la loi portant haute instance pour le contrôle des élections qui va passer prochainement, en Conseil des ministres, une autre sur les réunions publiques, nous allons avoir une nouvelle loi organique sur les partis, une loi cadre sur la démocratie participative, enfin, le gros des lois inscrites dans la nouvelle constitution est au niveau du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales,» fait savoir le ministre.

Des responsables communaux révoqués

Lors de sa visite au siège de la commune de Khenchela, le ministre évoquera les avancées du biométrique dans les services de l'état civil. Il rappellera que désormais, les citoyens peuvent imprimés les documents télécharger à partir d'Internet. « Le biométrique a introduit la transparence, la rapidité et a diminué, considérablement, de la paperasse et de la bureaucratie, » a-t-il affirmé. Bedoui avouera, alors, que dans « une des communes de la wilaya d'Alger, et une autre au sud du pays, des responsables ont été de connivence avec un propriétaire d'un kiosque pour qu'il vende aux citoyens des imprimés pour la résidence ou même les extraits de naissance ». Nous saurons, alors, qu'il s'est agi de la commune de Staoueli, à l'ouest de la capitale et une autre dans la wilaya de Tamanrasset. Les responsables ont fait en sorte que les guichets de l'état civil ne reçoivent pas d'imprimés qui, pourtant, étaient au niveau du bureau du secrétaire général, pour obliger les citoyens demandeurs à en acheter auprès du kiosque, à 20 DA l'un. « Les responsables ont été révoqués et une plainte a été déposée auprès de la justice, » a-t-il déclaré.

Le ministère de Bedoui devra, prochainement, permettre aux citoyens de télécharger des documents d'état civil, dûment signés, à partir de leurs ordinateurs. Mais l'on nous fait savoir qu'il faudra attendre que la carte nationale biométrique (CNIB) soit délivrée, à tout le monde, pour pouvoir le faire. «La CNIB permet d'identifier le citoyen puisqu'il doit introduire le numéro pour pouvoir télécharger un document d'état civil signé légalement, » nous explique-t-on. On apprend, alors, que « le texte est prêt et est en attente du protocole de son application ».