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Constantine - CET de Doghra Scènes d'émeutes à Zighoud Youcef

par A. Mallem

L'escalade dans la confrontation entre les manifestants et les forces de l'ordre, qui était, fortement, à craindre dans le mouvement de protestation, enclenché par la population de Zighoud-Youcef, s'est, malheureusement, produite mercredi dernier, au troisième jour des manifestations organisées et encadrées par une vingtaine d'associations de la société civile pour exprimer le rejet du centre d'enfouissement technique (CET) de Doghra. Mercredi, vers 17h, en effet, des échauffourées ont éclaté entre les protestataires qui tentaient de poursuivre les sit-in de protestation, devant le nouveau siège de la daïra et la police anti-émeutes qui a voulu les empêcher. Suite, donc, à une tentative d'évacuation des manifestants par la force, la confrontation violente s'est produite à coups de pierre lancées par les manifestants sur les policiers et ces derniers, ripostant par des grenades lacrymogènes. Selon des citoyens de la ville qui nous ont contactés, hier vendredi, les échauffourées se sont déroulées jusqu'à 1h, le jeudi et se sont étendues à plusieurs quartiers de la ville. « Le lendemain, expliquent-ils, l'artère principale de la ville de Zighoud-Youcef et quelques quartiers limitrophes ressemblaient à un véritable champ de bataille ». Et de poursuivre par la description de l'état des lieux, en disant que l'impact des grenades lacrymogènes, utilisées par les forces de l'ordre, contre les manifestants, les pierres lancées par ces derniers contre la police anti-émeutes, les pneus et autres objets hétéroclites brûlés, faisaient ressembler le centre-ville à un terrain où s'était déroulée une grande bataille. Les échauffourées se produisent, maintenant, chaque jour, à partir de 18h et font à chaque fois, de nombreux blessés parmi les manifestants et les policiers qui procèdent à des arrestations .

Jeudi, indiquent, encore, des témoignages d'habitants, des manifestants ont tenté de mettre le feu au logement du chef de daira situé dans la cité Ain-Fatma, sans provoquer de dégâts, puisque la Protection civile est intervenue immédiatement pour éteindre l'incendie naissant. Ce à quoi, disent ces citoyens, ce fonctionnaire de l'Etat qui, loin d'appeler au calme et tenter de parlementer pour apaiser la tension, dans ce mouvement de protestation qui est en train de s'amplifier et touche maintenant, toute la population de la ville et de ses environs, aurait au contraire, provoqué la colère des manifestants. Ces derniers ont organisé, selon les informations qu'ils nous ont données, deux marches de protestation, jeudi à travers l'artère principale de la ville et rédigé une pétition, dont nous détenons une copie, signée par toutes les associations et dans laquelle ils ont dénoncé, notamment, « le recours abusif à la force pour réprimer les manifestations pacifiques de la population, ainsi que l'attitude des autorités qui s'abstiennent de tout dialogue avec les protestataires ».

A la sortie de la prière du vendredi, un grand nombre de citoyens, se sont rassemblés en deux endroits, devant les sièges de la daira et de l'APC. Le groupe rassemblé dans ce second lieu a entamé, ensuite une marche en direction de la daira, avec à sa tête la fille du Chahid Zighoud-Youcef, des moudjahidate et des moudjahidine, brandissant leurs attestations et distinctions honorifiques, en clamant des slogans glorifiant les chouhadas de la guerre de Libération nationale. Les manifestants n'ont pas trouvé, cette fois, de forces de l'ordre, les attendant. N'empêche, pensent nos interlocuteurs, le conflit est en train de prendre des proportions insoupçonnables. Et à ce jour, rien n'indique que le dialogue va prendre le pas sur la confrontation. Interrogé, en effet, par une chaîne de télévision privée, lors de l'inauguration du Salon de l'emploi jeudi à Constantine, le wali, M. Hocine Ouadah, s'est contenté de déclarer que « si l'on cherche à faire de la politique, les élections sont encore loin ». Sur le refus de dialoguer avec les manifestants, le wali ne s'est pas prononcé. Mais il a ajouté qu'il est quasi impossible de fermer le CET de Doghra parce que celui-ci ne représente aucun danger pour la santé de la population de Zighoud-Youcef et que les études techniques et environnementales, faites avant le lancement du projet l'ont démontré. En ce qui concerne la délocalisation de certaines antennes administratives, le wali a répondu que de telles mesures sont indépendantes de sa volonté et qu'elles relèvent des tutelles propres à ces organismes.