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Qualifiant les derniers événements de «malentendus»: Paris dépêche Chevènement à Alger

par Moncef Wafi

Même s'il n'a pas rencontré Bouteflika, comme cela a été le cas, lors de sa visite en 2010, Jean-Pierre Chevènement estime que son déplacement, à Alger, a permis d'aplanir certains malentendus nés «à partir de maladresses».

Le président de l'Association ?France-Algérie', dépêché par Paris, en pompier, a essayé de dépassionner les dernières semaines tendues, entre les deux pays, alimentées par des «maladresses d'exécution», comme qualifiées par le sénateur du territoire de Belfort. Affaire de la ?Une' du Monde, la photo de Bouteflika tweetée par Valls, les déclarations de l'ambassadeur français, en Algérie, à propos de la délivrance des visas, le dossier sahraoui, ainsi que les ripostes du gouvernement algérien, les sujets de divergences entre les deux capitales se sont succédé, à un rythme jamais vu. Rencontrant, tour à tour, Sellal et Lamamra, J.P Chevènement reviendra sur certains de ces points, les mettant sur le compte d'une surenchère verbale, développée par une presse à sensation. «Vous savez très bien qu'un commentaire attire l'autre, les hommes politiques sont, souvent, friands de petites phrases, dont vous mêmes (les journalistes : ndlr) vous faites monter la sauce», a-t-il expliqué. L'ancien ministre de l'Intérieur et président d'honneur du Mouvement Républicain et Citoyen, a préféré, plutôt, insister sur les plus, dans les relations bilatérales, à l'exemple des visas accordés aux Algériens, «400.000, en 2015» contre «200.000, en 2012» ou encore «dans les investissements français, en Algérie ou algériens en France». Evoquant les Franco-Algériens, au nombre de 3 millions environ, Chevènement se projette, déjà, en 2017 et la course à l'Elysée. En affirmant que «la France a besoin de l'Algérie et l'Algérie a besoin de la France», il répond, indirectement, aux déclarations de beaucoup d'officiels algériens qui ont indiqué que c'est la France qui a besoin de l'Algérie. Cette visite de Chevènement s'inscrit dans une logique de réconciliation, menée par des canaux semi-officiels, sans pour autant engager les deux diplomaties.

A l'orée de 2017 et des contrats commerciaux, on ne peut que certifier que c'est la France qui a plus besoin de l'Algérie, dans la mesure où la seule largesse française envers les Algériens réside dans la délivrance des visas.

Rappelons, par ailleurs, que la visite de Chevènement, à Alger ressemble à s'y méprendre, à son voyage, en octobre 2010, qui a été assimilé par la presse française à «une réconciliation spectaculaire, entre Paris et Alger qui ont aplani leurs différends après des années de crise». Une visite qui aurait eu le mérite de décrisper les relations tendues qu'entretiennent les deux capitales, depuis des années, et plus particulièrement depuis l'avènement présidentiel de Sarkozy.

«La relation est tellement forte entre nos deux pays qu'elle ne peut pas rester, indéfiniment, sur une pente descendante», avait-t-il, notamment, déclaré. Aura-t-il, cette fois, autant de réussite que sa première mission dont il n'était pas mandaté, selon ses propres aveux ?