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Un avion d'EgyptAir s'abîme en mer: Des Algériens parmi les victimes

par Mahdi Boukhalfa

La confusion régnait hier vendredi, 48 heures après le crash d'un A320 d'EgyptAir, sur les raisons ayant provoqué cet autre drame de l'aviation civile qui a coûté la vie à 66 personnes entre passagers et membres d'équipage. Une famille algérienne de quatre personnes compte également parmi les victimes de ce crash. Tôt hier vendredi, les premiers débris de l'appareil ont été localisés par l'armée égyptienne et les secours grecs, avec l'annonce en outre de la découverte d'effets personnels des passagers du vol MS804 Paris - Le Caire. « Des avions et des navires de l'armée ont trouvé des effets personnels des passagers et des débris de l'appareil à 290 km au nord d'Alexandrie. Les recherches se poursuivent et nous sommes en train de retirer de l'eau tout ce que nous trouvons », précise un communiqué de l'armée égyptienne qui ajoute que « des avions et des navires de l'armée ont trouvé des effets personnels des passagers et des débris de l'appareil à 290 km au nord d'Alexandrie ». « L'épave de l'avion est toujours activement recherchée. Pour l'heure, seuls des débris ont été retrouvés. Parmi eux, « un membre humain, deux sièges et une ou plusieurs valises », a annoncé de son côté Panos Kammenos, le ministre grec de la Défense, lors d'une conférence de presse. Le vol MS804 Paris-Le Caire est parti mercredi à 23h09 de l'aéroport parisien Roissy-Charles de Gaule vers Le Caire, un vol sans escale, le ?'dernier'' de la journée que devait effectuer l'appareil, qui devait arriver au petit matin à 03h05 (01h05 GMT). Mais, vers 2h45, le contact avec l'appareil est rompu. « Le vol EgyptAir MS804 a perdu le contact avec les appareils radars à 2h45, heure du Caire », indique le compte Twitter d'EgyptAir, précisant que l'avion avait disparu des radars « après avoir pénétré l'espace aérien égyptien de dix miles » (16 km), près des côtes d'Alexandrie. L'appareil se trouvait à 37.000 pieds d'altitude (environ 11.000 mètres) et était entré dans l'espace aérien égyptien quand il a disparu des radars jeudi à 2h45, a précisé EgyptAir. A bord, il y avait 56 passagers, dont un petit garçon et deux bébés, ainsi que sept membres d'équipage et trois officiers de sécurité, toujours selon EgyptAir. Parmi les passagers, une famille algérienne, les Bettiche: le père, Bettiche Fayçal et sa femme, née Nouha Saoudi, leurs enfants Bettiche Mohamed et Bettiche Joumana, selon le ministère algérien des Affaires étrangères qui cite les services de l'aviation civile égyptienne. Il y avait en outre trente Égyptiens, quinze Français, un Britannique, un Canadien, un Belge, un Portugais, un Soudanais, un Tchadien, deux Irakiens, un Saoudien et un Koweïtien. Selon le ministre de la Défense grec, «l'avion a effectué un virage de 90 degrés à gauche puis de 360 degrés à droite en tombant de 37.000 à 15.000 pieds [de 11.300 m à 4.600 m]» avant de disparaître des radars. Le site Flightradar24.com, qui suit en temps réel tous les vols commerciaux dans le monde, indique que l'avion était visiblement au-dessus de la Méditerranée. A 2 h 39 le contact radar avec l'appareil est perdu.

Que s'est-il passé ?

Un témoin oculaire affirme avoir vu une « boule de feu » dans le ciel à peu près à l'heure et dans la zone de disparition de l'Airbus d'EgyptAir. Les autorités grecques vérifient actuellement ce témoignage. Les autorités égyptiennes, l'armée et l'aviation civile, privilégient depuis l'annonce du crash la piste d'un attentat terroriste. Le ministre des Transports a indiqué jeudi soir lors d'une conférence de presse que la piste terroriste est plus plausible qu'une défaillance technique. Ce que l'on sait pour le moment est que le vol MS804, ayant décollé de Paris à 23h09 a disparu des écrans radars peu après son entrée dans l'espace aérien égyptien et s'est abîmé en mer près de l'île grecque de Karpathos. Mais, avant de se perdre et corps et biens, l'Airbus A320 de la compagnie aérienne égyptienne avait fait deux aller-retour mercredi entre l'Érythrée, l'Égypte et la Tunisie, selon le site FlightRadar24. L'A320 avait entamé la journée de mercredi à Asmara (Erythrée), où il était arrivé mardi soir du Caire. Il a décollé à 1h30 GMT pour regagner Le Caire où il a atterri deux heures et 32 minutes plus tard. Ensuite il est reparti à 6h21 GMT pour Tunis, un vol de trois heures et 12 minutes. Une heure et deux minutes d'escale, et le revoilà revenu au Caire à 13h17 GMT à l'issue de deux heures et 24 minutes de vol, indique encore FlightRadar24. Au Caire, l'escale de l'appareil, mis en service par la compagnie en 2003 et qui a cumulé 48.000 heures de vol, aura duré moins de deux heures, avant de redécoller pour Roissy-Charles de Gaulle où il a atterri à 19h55 GMT. Peu après 23h00 (21h00 GMT), il est reparti vers Le Caire où il devait atterrir jeudi au petit matin à 03h05. Avant de se perdre en mer, l'appareil avait fait cinq escales dans la même journée ! Tout, dans ce crash, reste pour le moment un mystère, même si l'hypothèse d'un attentat terroriste est la piste la plus privilégiée par les autorités égyptiennes, et ceux du BEA français dont une équipe d'experts est arrivée vendredi dans la capitale égyptienne. Car en fait, le pilote avait à son actif plus de 6200 heures de vol dont 2.101 sur ce type d'appareil, et le co-pilote avait 2.776 heures de vol sur A320.

Polémique

Le seul message radio reçu par le pilote de l'appareil est celui effectué à 1h50 lorsqu'il a contracté le contrôle aérien grec, alors qu'il était à la hauteur de l'île de Kéa, et n'a fait mention d'aucun problème. Et, à 2h 26, l'appareil quitte l'espace aérien grec et entre dans l'espace aérien égyptien à une altitude de 37.000 pieds. Et, comme l'exige la réglementation, le contrôleur grec contacte le pilote pour lui signaler qu'il s'apprête à rentrer dans l'espace aérien égyptien. Mais, le pilote ne répond pas aux communications du contrôleur. L'appareil s'est, entretemps abîmé en mer. Après une première polémique sur des débris retrouvés en mer près de l'île grecque de Karpathos, à l'intérieur de la zone de contrôle aérienne égyptienne, les ministères égyptien et grec de la défense démentent que ces débris, en fait des morceaux de bois et des vêtements usagés, proviennent du MS804. Le chef de l'autorité de la navigation aérienne égyptienne, Ehab Mohieddine, a expliqué de son côté que les contrôleurs grecs avaient indiqué à leurs homologues égyptiens qu'ils avaient perdu le contact avec l'avion. « Ils n'ont lancé aucun appel radio demandant de l'aide. Ils ont juste disparu (...) le pilote n'a pas mentionné de problème », précise-t-il. Réfutant qu'un message de détresse ait été émis par l'avion, le ministre égyptien de l'Aviation civile a relevé par ailleurs que l'hypothèse d'une « attaque terroriste » était « plus probable » que celle d'une défaillance technique pour expliquer le crash. « La probabilité, la possibilité, d'une action à bord, d'une attaque terroriste, est plus élevée que celle d'une défaillance technique », a-t-il dit. Aux premières heures d'hier vendredi, l'armée égyptienne annonçait que les premiers débris de l'appareil, et des « membres humains » ont été trouvés dans la zone du crash et que les recherches, auxquelles participent plusieurs nations, ne font que commencer, en particulier pour retrouver l'épave de l'appareil, et en extraire les deux boites noires, pour savoir les raisons de ce crash. Trois enquêteurs du Bureau Enquêtes et Analyses (BEA) accompagnés d'un conseiller technique d'Airbus vont participer à cette enquête. L'Egypte et la Grèce mènent les recherchent pour retrouver l'épave, dont le lieu de chute n'est pas encore trouvé, et sont assistés par les Etats-Unis et la Turquie, qui ont dépêché sur place des navires et des avions de recherche.