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Noureddine Bedoui: Les accidents de la route coûtent environ 200 milliards de dinars par an

par M. M.

Contrairement aux idées reçues, il n'y a pas plus d'accidents aujourd'hui qu'il y a 30 ans. Selon une étude menée à l'Université de Batna 1, sur la période 2007-2010, la comparaison du nombre d'accidents de la route et celui des victimes, avec les années 80, rapportés au nombre de la population et au parc de véhicules, atténuent fortement les lectures alarmistes. «L'insécurité routière aujourd'hui est, en gros, en train de revenir aux niveaux de l'insécurité des années 1985 (en termes de nombre d'accidents et nombre de tués) et se stabilise globalement à ce niveau », indique l'étude présentée hier, par Boubakour Fares, de l'Université de Batna, lors de la journée d'étude organisée à l'Aurassi, portant sur « L'analyse et l'évaluation économique des accidents de la circulation». M. Boubakour appelle à «relativiser », car, dit-il, «sur une longue période, le bilan de lutte contre les accidents est en réalité plutôt positif». Il explique qu'il faut « avoir à l'esprit qu'aujourd'hui, nous avons : une mobilité qui a explosé avec des extensions urbaines sans précédent, des conurbations, et des distances de déplacement qui s'allongent de jour en jour, une population qui a augmenté de plus de 50%; et un parc de véhicules multiplié au moins par 3 ». Pour l'orateur, « le bilan sur les accidents de la route établi par les médias est souvent très négatif ». « Il est vrai qu'il reste beaucoup de choses à faire et la lutte doit continuer. Mais ceci dit, nous pensons que les choses doivent être nuancées. Il y a des résultats encourageants et tangibles si l'on veut évaluer les performances de notre système de sécurité routière », ajoute Farès Boubakour.

Une nouvelle organisation

Intervenant à l'ouverture de la journée d'étude, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Bedoui, a fait part d'une « nouvelle organisation » pour faire face aux accidents de la route. Il annonce des «chiffres alarmants » pour l'année 2015, soit « 35.000 accidents ayant causé 4 610 décès et 55.994 blessés ». Devant « cette situation dramatique », explique le ministre de l'Intérieur, une « vision globale et objective » est en voie d'élaboration et de mise en place. Cette vision prévoit une « nouvelle organisation » basée sur la création d'un « comité intersectoriel », sous la présidence du Premier ministre, dont la mission est d'élaborer une politique de sécurité routière « globale, coordonnée et mise à jour régulièrement », annonce M. Bedoui. Il sera procédé également à l'instauration d'une « délégation nationale pour la sécurité routière » qui sera mise sous la tutelle du ministère de l'Intérieur, dont la mission est « d'appliquer la politique nationale de la sécurité routière » dans « un cadre de concertation » avec plusieurs secteurs, ajoute le ministre. La réussite de cette «nouvelle démarche » passe par le «recours aux nouvelles technologies de l'information et de la communication » dont un de ces éléments est « l'établissement d'un fichier national des permis de conduire, des cartes grises et des infractions au code de la route et des accidents ». Un système qui permettra, selon le ministre, de passer « au permis de conduire à points ».

Coûts humains, matériels et sociaux

Sur l'aspect coût des accidents de la circulation, le ministre de l'Intérieur avance une estimation de l'ordre de 108 milliards de dinars pour l'année 2014, à cela il faut ajouter le montant de 45 milliards DA au titre des indemnités payées par les compagnies d'assurance pour les dégâts matériels. M. Bedoui avance également une autre estimation, celle des organismes internationaux qui estiment le « coût économique des accidents de la circulation entre 1 et 3% du PNB de chaque pays », ce qui donnerait « environ 200 milliards de dinars soit l'équivalent de deux milliards de dollars».

De son côté, l'étude de l'Université de Batna 1 évalue le coût économique des accidents de circulation sous différents aspects. Ainsi, le «coût moyen d'une victime» des accidents de la route (année 2010) est estimé à «plus de 7,4 millions DA par victime décédée», «722.000 DA par blessé gravement », et environ 380.000 DA pour chaque « blessé légèrement ». Selon l'étude présentée hier, un « coût moyen par victime comprend » les « coûts de base » (soins médicaux, dégâts matériels et perte de capacité de production), et les « coûts supplémentaires » à savoir les « coûts administratifs » (justice, assurance, etc.); « coût de scolarité, le coût de perte, qualité de vie, et autres coûts (funérailles, veillée funèbre, visites aux hôpitaux, etc.) ».