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A l'issue d'un congrès tenu à huis clos: Ahmed Ouyahia reprend en main le RND

par Z. Mehdaoui

Ahmed Ouyahia a été (ré)élu officiellement à la tête du rassemblement national démocratique (RND) jeudi dernier à l'issue d'un congrès tenu à huis clos à l'hôtel El Aurassi, à Alger, en l'absence de la presse. Personne ne saura ce qui s'est passé lors de ce congrès qui a fait couler beaucoup d'encre ces derniers mois.

Ahmed Ouyahia a annoncé la couleur dès le départ. Après son « discours inaugural » il invitera les médias à quitter la salle. L'on apprendra plus tard qu'une conférence de presse sera probablement organisée aujourd'hui samedi. Ceux qui attendaient de voir le linge sale du RND lavé en public sont repartis bredouilles.

Sur les 1600 congressistes, 1523 ont voté pour Ouyahia. Son «frère ennemi», Belkacem Mellah, a obtenu seulement 21 voix. En fait, c'est une victoire écrasante que vient de remporter Ouyahia, pas seulement face à son rival, mais aussi face à tous ses détracteurs qui le présentait comme étant mort politiquement. Encore une fois, l'ancien chef du gouvernement surprend tout le monde. Du moins c'est une première «vague impression» que l'on ressent après la «guéguerre» qui a éclaté à l'intérieur du RND.

Lors de son discours, Ahmed Ouyahia a voulu faire passer l'image d'un homme responsable, imperturbable, avec le sourire en coin que tout le monde lui connaît. La présence du Premier ministre Abdelmalek Sellal à l'ouverture du congrès a joué en tous les cas en faveur du candidat Ouyahia. Certains congressistes qui avaient affiché leur soutient à Belkacem Mellah ont, semble-t-il, changé de fusil d'épaule, en votant pour Ouyahia, même à bulletin secret. Il faut croire que les voies de la politique dans notre pays sont impénétrables.

«Le RND est enfin arrivé à la tenue de ce congrès extraordinaire, un événement qui a suscité beaucoup de commentaires, un événement qui, pour nous, est une occasion pour remémorer notre propre passé, de marquer une halte sur notre présent, de jeter un regard sur l'avenir du parti », a déclaré Ahmed Ouyahia devant les centaines de congressistes ainsi que des invités tels que le président de l'APN, Ould Khelifa, le président de TAJ, Amar Ghoul, le SG de l'UGTA, Sidi Saïd ou encore le président du FCE, Ali Haddad. Comme il fallait s'y attendre, Amar Saidani a décliné l'invitation du RND. Le FLN était simplement représenté par quelques députés à l'ouverture du congrès.

Le discours d'Ahmed Ouyahia n'était pas agressif, au contraire. Il ne fera à aucun moment, par exemple, allusion aux attaques frontales de ses détracteurs, sauf peut-être quand il dira que la «dictature des minorités au sein du RND c'est fini».

Mieux, il fait même, cette fois-ci, un «clin d'œil» à l'opposition afin de travailler ensemble pour peu que cela soit, dit-il, conforme à la constitution et dans le cadre du respect des institutions.

Ouyahia, à l'adresse des chefs d'entreprises, représentés par Ali Haddad, dira «qu'on sera toujours à leurs côtés pour l'édification d'une économie compétitive, créatrice de richesses? ».

Et de poursuivre «comment limiter cet évènement majeur dans la vie de notre parti à une simple opération électorale alors que des tentatives de porter atteinte à l'unité nationale se manifeste de plus en plus à travers un groupuscule local dont les connexions extérieures viennent d'être confirmées par le sinistre Bernard Henri Levy qui a été à l'origine de la destruction d'un pays frère et voisin», s'est-il également interrogé.

La chute des recettes en devises de l'Etat à hauteur de 70% exige, selon Ahmed Ouyahia, une plus grande union pour faire face à une conjoncture économique des plus difficile. Pour Ahmed Ouyahia, le RND a, depuis 1999, toujours servi le pays et la patrie, à travers un soutien indéfectible au président de la République qui a été élu, pour rappel, pour son premier mandat cette année-là.

A l'âge de 64 ans Ouyahia n'a, semble-t-il, rien perdu de sa verve. Il revient plus fort que jamais à la tête du RND, ce qui a fait dire à quelqu'un, en marge de ce congrès extraordinaire, que finalement tout ce qui se passait durant des mois à l'intérieur de ce parti n'était qu'une tempête dans un verre d'eau.

A noter que les travaux prendront fin ce samedi avec notamment l'adoption des décisions et des résolutions du congrès auquel ont participé quelque 1.600 congressistes, dont 500 femmes.