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Industrie : Négociations «serrées» avec Peugeot

par Yazid Alilat

Des négociations «serrées» sont, actuellement, menées avec le constructeur français Peugeot PSA pour l'implantation, en Algérie d'une usine de fabrication de véhicules de la marque, a confirmé jeudi, à la radio nationale, le ministre de l'Industrie et des Mines Abdeslam Bouchouareb.

 Le ministre de l'Industrie a, en fait, surtout levé le voile sur ces discussions entre le second constructeur automobile français et les autorités algériennes, indiquant que contrairement à ce qui s'était passé avec Renault, «nous sommes, cette fois-ci, plus exigeants». «Nous discutons avec plus de demandes, d'exigence de l'Algérie», a-t-il dit, soulignant que cette fois-ci «la sous-traitance est posée de la même manière que l'usine de montage». M. Bouchouareb a expliqué qu'avec Peugeot, il est discuté deux éléments importants: l'implantation d'une usine de montage et la réalisation d'un secteur de la sous-traitance, en Algérie, dans la pièce détachée automobile, «car en contrepartie, le business-plan doit offrir la possibilité d'intégrer leur marché extérieur de la pièce détachée qu'on fabrique, ici, en Algérie». Il précise, également, que «nous sommes en train de négocier serré, cette exigence, (car) le marché algérien est porteur, pour ces constructeurs: ils défendent leurs intérêts, on défend les nôtres, il y aura, fatalement, une convergence».

 Si au début, avec le projet Renault, «il y avait très peu d'intégration, c'est parce qu'on est une industrie naissante et on commence par l'assemblage, Renault est le premier projet, il était donc nécessaire, pour nous, d'aller vite», explique M. Bouchouareb sur le choix d'une usine d'assemblage (en CKD, Completly Knocked Down) pour Renault. Mais, le projet Peugeot «est pensé d'une autre manière, avec un processus d'intégration pour mettre, en place, une industrie mécanique en Algérie», a, encore, expliqué M. Bouchouareb qui a annoncé l'intérêt d'autres constructeurs, sans les nommer, pour s'installer en Algérie. «Des acteurs sont en train de négocier, c'est à eux d'annoncer l'identité de ces constructeurs», a t-il répondu, rappelant que la règle des 59-41 est «toujours maintenue», même si, dorénavant, «le partenariat public-privé sera mieux encadré». «La voiture est un élément structurant dans le développement de la filière mécanique, et maintenant on doit aller vers plus d'intégration, et c'est ce qui doit guider nos relations (également) avec Renault», a-t-il, encore, ajouté. L'annonce de discussions entre l'Algérie et la France, sur l'implantation d'une usine de fabrication de voitures de Peugeot-Citrëon avait été faite lors de la dernière visite de François Hollande à Alger, en juin dernier. Par ailleurs, sur le front interne, le ministre de l'Industrie et des Mines est revenu sur les nouvelles mesures prises pour le secteur, lors du dernier conseil des ministres. Il a annoncé qu'on doit aller vite vers la première phase de la stratégie de réorientation de l'économie nationale par «l'import-substitution» pour faire baisser la facture des importations et réorienter l'importation de certains produits, vers la production locale de ces mêmes produits. Il a parlé de 14 filières prioritaires, dans cet objectif de réduction des importations, car, selon le ministre, «il s'agit de réorienter ces filières, ce qui va permettre, à moyen terme, de diminuer la facture des importations et identifier les filières sur lesquelles ont peut créer des excédents pour aller vers les exportations». M. Bouchouareb, qui a indiqué que les importations ont atteint 30 milliards de dollars, pour certains produits, a souligné que «le gouvernement n'a pas verrouillé les importations, mais réorganisé le Commerce extérieur». «Il y avait des dérives identifiées, qu'on est en train de corriger, on a diminué de 10% les importations. C'est un mouvement qui s'est inversé, à nous de le poursuivre, (et) les décisions du dernier conseil des ministres vont dans ce sens», explique le ministre de l'Industrie qui a rappelé, officiellement, que les importations avaient été gonflées par le phénomène de la «surfacturation».

Et, «aujourd'hui, les choses sont prises en charge, car tous les secteurs sont concernés, pas seulement celui de l'automobile, et des mesures ont été prises, par le gouvernement, pour tarir ces sources de sorties illégales de devises. On a mis de l'ordre dans le secteur de l'importation de véhicules, et plus de sociétés écran, et de banque offshore», a, encore, affirmé M. Bouchouareb. Enfin, il a annoncé que les grandes filières du secteur (Mines, Mécanique, Agro-industrie, Sidérurgie) seront dotées d'importants business-plan pour réorienter leur développement, pour répondre aux besoins du marché national.