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Absence d'évaluation et diagnostic tardif du diabète: L'inquiétude des spécialistes

par A. Mallem

« En Europe et en Amérique, le diabète augmente dans la proportion de 30% tous les 20 ans. Dans les pays africains, il double carrément durant la même période. Pourquoi ? Parce que tout simplement, dans les pays africains, on fait peu de cas de la prévention pour diminuer le nombre des diabétiques ou l'empêcher d'augmenter », a déclaré hier un spécialiste de cette pathologie exerçant au niveau du service Endocrinologie- Diabétologie du Centre hospitalier universitaire (Chu) Dr. Benbadis de Constantine. Le professeur Lezzar El Kassem, c'est de lui qu'il s'agit, est médecin-chef de ce service et il a été sollicité hier pour animer une conférence de presse entrant dans le cadre d'une journée de sensibilisation sur le thème, qui s'est déroulée à l'université des sciences islamiques (USIC) Emir Abdelkader de Constantine.

Rappelant tout d'abord que des statistiques établies en 2005 à Constantine ont révélé que la prévalence du diabète était de 12% parmi la population de la ville, c'est-à-dire que sur cent citoyens, on trouve 12 qui sont atteints de diabète, ce spécialiste dira que la moitié d'entre eux le savent et l'autre moitié l'ignore. Ensuite, le Pr. Lezzar dira qu'il y a environ 10% de gens qui sont touchés par le diabète de « type 1 » qui touche les personnes de moins de 30 ans, soit l'enfant ou l'adulte jeune, et dont la majorité est traitée par l'insuline. Et 90% de « type 2 » qui touche les patients à partir de 30 ans. « Les signes qui apparaissent chez ce genre de malade de moins de 30 ans sont au nombre de 5 : il boit beaucoup, urine beaucoup, mange beaucoup, perd quand même du poids et est toujours fatigué. D'où la nécessité d'aller faire des analyses ». Or, les signes cliniques n'apparaissent nullement lorsqu'il s'agit du diabète de type 2. Et c'est seulement lorsque des complications apparaissent, généralement au bout d'une dizaine d'années, qu'on s'aperçoit de la maladie. Et à ce moment, il sera un peu trop tard pour y remédier.

« A Constantine, poursuivra le Pr. Lezzar, nous avons fait, il y a près d'une année, une campagne de dépistage du diabète au niveau de 14 mosquées de la ville. Et nous avons découvert que 18% des gens dépistés étaient atteints de diabète sans le savoir. Des jeunes hommes de 30, 40 ans avaient 4 grammes de sucre dans le sang mais ils ne le savaient pas ». Le conférencier déplora que « les mesures destinées à prévenir et freiner l'avancée considérable de cette pathologie favorisée par le confort moderne (développement des fast-foods, des moyens de transports qui n'incitent plus à la marche qui est le meilleur remède contre le diabète, etc.), ne sont pas prises au niveau gouvernemental, au niveau institutionnel et sociétal. Le défaut dans notre travail est que les campagnes sporadiques que nous menons dans cette direction ne sont jamais suivies d'évaluation. Et c'est là où réside notre erreur et il nous faut donc faire des évaluations et arrêter les mesures à prendre pour contrer le phénomène.

Et toujours refaire une autre évaluation après une période donnée pour pouvoir avancer dans le combat contre ce monstre».

Mais, dira le conférencier, «ce qui nous intéresse le plus aujourd'hui, c'est surtout la prévention contre l'obésité, arrêter de manger trop de sucreries, faire au moins 30 minutes de marche par jour, etc. ».