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TENES: L'envers du décor

par Bencherki Otsmane

La ville de Ténès s'est transformée, ces derniers temps, en véritable dépotoir où bouteilles en plastique, cartons, sachets, gobelets et déchets ménagers jonchent les quartiers de cette cité qui fut le berceau de plusieurs civilisations. Faut-il rappeler que l'histoire urbaine de Ténès commence au IXe siècle av. J.-C., avec les occupations successives des Puniques, des Berbères, des Romains, des Vandales, des Byzantins, des Arabes, des Turcs et des Français. Ces derniers, qui ont marqué leur présence par 130 ans d'occupation, ont toujours veillé à ce que la ville de Ténès conserve son charme, sa beauté, ses couleurs, sa lumière, sa splendeur et surtout sa? propreté, se remémorent les anciens ténésiens. N'en déplaise à certains, dira un vieux pêcheur, et les anciens témoignages et les photos de l'époque sont là pour démontrer qu'au temps de la colonisation, la ville de Ténès était très bien entretenue et les rares indigènes qui résidaient devaient se conformer aux règles d'hygiène établies par les maires, des maires élus démocratiquement qui ont plus de pouvoir et de prérogatives que ceux de nos jours dont certains se retrouvent par des diverses combines à la tête d'une municipalité aussi importante que celle de Ténès. Préoccupés davantage pour leur carrière professionnelle et surtout pressés de régler leurs problèmes et à ceux de leurs parents, ces maires qui se sont succédé font semblant de s'intéresser à la gestion de leur commune, mais la réalité est tout autre. A ce propos, presque personne ne vous contredira sur ce sujet. Aujourd'hui, le visiteur est d'emblée frappé par les odeurs nauséabondes qui proviennent du marché et surtout celui du poisson situé à l'entrée principale de la ville. Une belle manière de souhaiter la bienvenue, fera remarquer un étranger de passage à Ténès. Au niveau du centre-ville, les vieilles bâtisses demeurent toujours certes, mais faute d'entretien, elles donnent un visage hideux de la ville. Quant aux arbres centenaires qui peuplent de part et d'autre les principales rues de la ville à l'image de l'artère principale, la taille de ces derniers se fait au gré des humeurs des responsables locaux. Toutefois, si le centre-ville est plus ou moins épargné par le dépôt des ordures, ce n'est pas le cas des quartiers nouvellement construits. Il est aisé pour tout visiteur de constater des monticules de déchets ménagers exposés à même les trottoirs ou la chaussée tout au long de la journée. C'est le cas notamment de la nouvelle cité de Chaarer où certes, elle dispose d'une très belle avenue mais qui demeure très mal entretenue. Les ordures s'amassant à longueur de journée favorisent ainsi la prolifération d'insectes et autres rongeurs nuisibles pour les riverains. Evidemment, le premier responsable de cette situation, c'est le citoyen dépourvu de sens de civisme, parce qu'il n'assume pas ses devoirs envers son environnement. Il arrive même qu'il en rajoute à ce décor hideux, déposant des ordures n'importe où. Il suffit juste d'un espace vide pour voir se développer un amoncellement d'ordures de toutes espèces, des détritus ménagers aux gravats et autres matériaux et déchets. Même les horaires de la collecte des ordures ne sont pas respectés par des citoyens. Il en est de même des herbes sauvages qui poussent partout, sans que personne daigne prendre une initiative pour lancer une campagne de désherbage, sauf que, de temps à autre, des actions de volontariat sont menées par de très rares comités de quartiers. La responsabilité est partagée, parce qu'il se trouve que même les services concernés sont absents et à l'écart, pour ce qui est de lancer des initiatives dans ce sens et de permettre un environnement urbain meilleur sur le plan propreté. De la sorte, la responsabilité est répartie entre l'incivisme des citoyens et le laisser-aller des services compétents. Enfin, il convient de souligner la réflexion assez courante du wali de Chlef, M. Aboubakr Essedik Boucetta, faite lors de ses visites dans les communes et douars de la wilaya, à l'intention de leurs habitants qui lui exposaient leurs préoccupations en leur rétorquant : «C'est vous qui avez choisi vos dirigeants», alors sous-entendu: «Ne vous plaignez pas». Mais là, c'est une autre histoire.