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Rush des estivants et travaux : Route de la Corniche, le chemin de croix

par Houari Saaïdia

Personne ne dira le contraire : la route de la corniche oranaise est saturée, de part en part, depuis bien des années.

Le trafic qui transite dépasse, de loin, les capacités de ce réseau routier binaire (route principale des tunnels et corniche supérieure), hérité de l'époque coloniale. On se targue du record national en termes d'estivants mettant le cap sur la destination Oran, principalement sa côte-ouest, mais on oublie, dans la foulée des chiffres, de préciser dans quelles conditions est assurée la mobilité de ce grand rush entre le pôle urbain d'Oran et le littoral. On parle peu ou jamais, en outre, des désagréments causés aux usagers (en-dehors de la catégorie des vacanciers) et les riverains ainsi que les aléas (d'ordre social et économique) générés par le fait des embouteillages sur cette voie, notamment en ce qui concerne la question des évacuations hospitalières des structures sanitaires de proximité de la daïra d'Aïn El-Turck vers les UMC des hôpitaux d'Oran (CHU et EHU), lequel phénomène enregistre des pics en été (accidents de la route, noyades, intoxications alimentaires, certains cas d'accouchement, criminalité urbaine?).    Evidemment, on peut, toujours, compter sur le « touriste local », peu exigeant et peu regardant, du reste, sur le confort et la fluidité des déplacements (certains de chez-nous vous diront, même, que ce sont les bouchons et les calvaires de la corniche qui en font son charme), pour maintenir intacte l'affluence sur la corniche oranaise, sans en améliorer la souplesse du trafic par de vraies solutions de décongestion. L'encombrement sur la corniche et les difficultés de circulation qui en découlent est une thématique, plutôt une problématique, qui revient, chaque été. On fait le (triste) constat, sans apporter de vrais correctifs, la saison suivante. Or, cette année, la situation est, sous quelque angle qu'on l'aborde, bien pire qu'avant. Elle a franchi plusieurs crans. D'abord, c'est tout l'axe routier allant de la sortie d'Oran (la Pêcherie) jusqu'à l'entrée d'Aïn El-Turck (rond-point des Dauphins à Saint Rock) qui est embouteillé, de bout en bout, et non pas par endroits, comme d'habitude. On ne parle plus, depuis la fin de Ramadhan, de points noirs sur la corniche, mais plutôt d'axe routier noir, tout entier. En même temps, on ne déplore plus de bouchons par moments (ou tranche horaire, pour être précis), mais quasiment à longueur de journée.

A telle enseigne que des résidents d'Aïn El-Turck qui veulent rejoindre leur boulot à Oran (et vice- versa), sont, inévitablement, pris au piège du bouchon inextricable, quand bien même, ils se lèveraient tôt. A cette continuité spatiale et temporelle des embouteillages sur la liaison routière principale de la corniche, s'ajoute, pour cet été 2015, un autre fait nouveau : l'asphyxie du trafic s'est étendue à la corniche supérieure, quoique par certaines tranches horaires, dans ce cas-là, notamment les heures de pic (le grand retour des plages, à partir de 18h, pratiquement). En effet, utilisée, habituellement, comme itinéraire de déviation, une sorte voie d'aération et en même temps issue de secours, cette route qui serpente dans le mont de Murdjajo est, elle-même, à la recherche d'une voie d'aération, tant elle est étouffée par le flux incommensurable qui s'y déverse. Ce parcours, qui prend départ à partir de la trémie de Coca, en bifurquant de la RN2 vers la forêt, à hauteur d'El-Hassi, est un élément-clé dans le plan «Delphine» de la Gendarmerie nationale mis au point, entre autres, pour la régulation de la circulation, en période estivale. En clair, les motards en uniforme vert, au point de contrôle, à hauteur de l'intersection entre l'autoroute des Andalouses et l'échangeur dérivant vers le CW45, via le rond-point du village Fellaoucen (appelé communément « El-Qaria »), ont pour mission de canaliser le débit automobile vers la corniche supérieure pour atténuer la tension sur la corniche dite souvent « inférieure », par opposition. Cette dérivation se fait au moyen d'une signalisation (temporaire) de direction obligatoire, pour contraindre le flux. Or, les choses sont, ces jours-ci, tellement compliquées et confuses, à cet endroit, que les agents de la circulation semblent avoir perdu le nord, faisant la chose et son contraire par petits intervalles de temps. Il arrive, parfois, que le décor frise le chaos, au point où il devient plus pratique de laisser, libre cours, au débit automobile pour qu'il s'autorégule, au lieu d'essayer, inutilement, de le réguler. Interrogés, des usagers, habitués de la corniche, qui connaissent, le mieux, ses maux, caprices et humeurs, ainsi que les professionnels du circuit, s'accordent à diagnostiquer 3 facteurs favorisants cette congestion, sans pareille, auparavant. Primo : les restrictions fort contraignantes imposées par les chantiers d'installation d'un garde-corps de route, consistant en une glissière de sécurité en béton doublée d'une barrière métallique, sur le tronçon entre «Fort Lamoune» et «Monte Cristo» (rétrécissement dangereux de la chaussée, circulation par alternance, présence de matériaux et autres déblais de construction, aller-retour d'engins?) ainsi que la réalisation d'un ouvrage d'art (échangeur en pont), à hauteur de cité «Longs-Champs», près de Sainte Clotilde, à l'entrée de Mers El-Kébir (fermeture de la voie dans le sens « Ain Turck- Oran » et l'utilisation de l'autre comme voie à double sens, ce qui engendre un vrai goulot d'étranglement, tout au long de ce tronçon et bien au-delà, ajouté à une multitude de désagréments du chantier ».

Secundo : la non-mise à jour de la corniche supérieure, à l'occasion de la saison estivale (dégradation de la route par tronçons, notamment le segment longeant le tissus urbain d'El-Hassi où des nids-poules, tranchées, crevasses, «dos de chameaux», dépotoirs de déchets inertes sur le bas-côté, entre autres, font partie du décor, ainsi que l'absence d'éclairage public). Tercio : le retard enregistré dans la livraison du projet routier de la pénétrante de Mers El-Kébir, notamment en ce qui concerne la partie route sur 5 km entre la base navale et le lieu-dit «Aïn Khedidja», à l'intersection CW44-CW-45. En effet, cette voie de contournement de la ville, en section autoroutière « 2 fois 2 voies » sur une largeur de « 2 fois 7 m », aurait pu atténuer, considérablement, le problème -le résoudre pour de bon, même à Mers El-Kébir, du moins- si elle était fin-prête, pour cette saison estivale. En attendant, les usagers doivent prendre leur mal en patience sur la desserte cauchemardesque de la corniche.