« En vertu d'une
lettre d'intention, signée entre l'Algérie et la France, nous organiserons
prochainement, à la Grande Mosquée de Paris, un colloque international sur le
vrai islam, dans un contexte marqué par une flambée inquiétante de
l'islamophobie», a indiqué hier sur les ondes de la Chaîne I, le ministre des
Affaires religieuses, M. Med Aïssa.
Le gouvernement
algérien a «l'obligation de protéger ses ressortissants à l'étranger, ce que
nous comptons faire en organisant ce congrès malgré l'onde de choc provoquée
par les attentats de Paris du 7 janvier dernier», a insisté le ministre en
ajoutant que la France a donné son feu vert pour le déplacement en France d'une
importante délégation algérienne d'imams, de penseurs et de docteurs de la foi
«qui va sillonner toute la France pour expliquer le vrai islam, dont le message
fondateur est basé sur la dialogue, la tolérance et le rejet de toute forme de
violence». «L'heure est grave», a alerté Med Aïssa, expliquant que les «actes
islamophobes ont explosé durant ces dernières semaines en France, qui compte près
de 7 millions de musulmans dont quatre millions d'Algériens. Ce qui veut dire
que les musulmans font l'objet d'agressions de toutes formes bien avant les
attentats du 7 janvier dernier». «Cela me donne la nette impression que l'Islam
fait peur en Europe en s'imposant comme la deuxième religion, dans cette partie
du monde où le repli sur soi et l'individualisme exacerbé sont devenus un
phénomène de mode», a encore expliqué le ministre des Affaires religieuses. Se
disant «très inquiet» de la montée des actes islamophobes en France depuis
l'attentat contre le périodique satirique Charlie Hebdo, Med Aïssa a estimé que
le tirage de cet hebdomadaire à 7 millions d'exemplaires, soit le nombre de
musulmans en France, était «une autre provocation», avant de faire état des
rapports en provenance de la Grande Mosquée de Paris qui «montrent clairement
la poussée des agressions contre les lieux de culte musulmans en France, le
harcèlement, et même les menaces de mort dont sont victimes les membres de la
communauté musulmane dans ce pays». «Parce que le terrorisme n'a ni religion ni
nationalité, l'islam et son prophète (QSSL), de même que les musulmans sont
innocents de cette haine exacerbée à l'égard de la religion de Mohammed
(QSSL)», a déclaré le ministre des Affaires religieuses rappelant que les
«auteurs présumés des attentats de la capitale française n'ont rien à voir avec
l'Algérie qu'ils n'ont jamais visitée, ni fréquenté des mosquées où officient
des imams algériens en France. Il s'agit d'un problème franco-français qui ne
concerne en rien nos ressortissants établis en France». Appelant les médias,
l'élite intellectuelle et la société civile en Algérie à «contrer l'islam
radical», l'invité de la Chaîne I a estimé que «le défi de l'heure était de
réhabiliter l'image de l'islam qui ne peut en aucun cas être synonyme de
jusqu'au-boutisme et de violence». L'autre annonce importante faite par Med
Aïssa a été le projet de loi pour la création d'une académie scientifique et
religieuse où siégeront des religieux et scientifiques à l'exemple des
médecins, astronomes et sociologues, sera soumis au gouvernement avant juin
prochain, «avant la désignation du Mufti de la république». Le ministre des
Affaires religieuses et des Wakfs a également annoncé qu'un nouveau responsable
sera bientôt nommé à la tête de l'Office national du Hadj et la Omra en
remplacement de Cheikh Berbara, démis de ses fonctions. Expliquant que 28.800
Algériens effectueront le grand pèlerinage cette année, le ministre annonce que
«de nouvelles mesures ont été prises en prévision pour préparer cet événement,
surtout en matière de prise en charge des pèlerins qui se plaignent d'un
certain nombre d'insuffisances que nous comptons combler au plus tôt».