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Gaz de schiste : Sellal prochainement à Ouargla et In Salah

par Ghania Oukazi

Le Premier ministre se déplacera prochainement à Ouargla et à In Salah pour tenter de désamorcer la contestation socioéconomique des populations, notamment celles en rapport avec l'exploitation du gaz de schiste que les habitants d'In Salah mettent en avant.

Après près d'un mois de contestation des habitants d'In Salah contre l'exploitation du gaz de schiste, Abdelmalek Sellal a enfin décidé de s'y rendre pour entendre de vive voix les contestataires et les rassurer que « rien ne se fera sans leur consentement ». C'est ce que nous avons appris, hier en fin de matinée, auprès de son cabinet au Palais du gouvernement. L'on nous précise que le 1er ministre se déplacera le même jour dans deux régions, la wilaya de Ouargla et la wilaya de Tamanrasset avec un point de chute essentiel, celui d'In Salah. Il faut rappeler que Ouargla est aussi, depuis plusieurs mois, le théâtre de mouvements de contestations dénonçant pratiquement les mêmes problèmes socioéconomiques que celles d'une grande partie des régions du sud du pays et même du pays tout entier. A la différence que les habitants d'In Salah, eux, tiennent à mettre leur rejet de l'exploitation du gaz de schiste en tête de leurs revendications même s'ils reconnaissent vivre dans des conditions précaires puisque manquant de commodités les plus élémentaires pour une vie décente. S'ils tiennent à lui accorder la priorité, c'est parce qu'ils considèrent que l'exploitation du gaz de schiste va les enfoncer davantage dans les situations socioéconomiques désagréables dans lesquelles ils se débattent depuis longtemps. Abdelmalek Sellal leur demandera certainement d'être attentifs aux explications des experts, à leurs argumentaires et surtout à leurs assurances. Il sera tenu de faire engager des débats aussi larges que possibles pour convaincre de « la bonne volonté » de l'Etat et de son gouvernement de n'initier que des projets «économiquement rentables, socialement équitables et écologiquement viables ». Débats qui doivent, en évidence, être ouverts notamment à toutes les couches des populations d'In Salah et à toutes celles des régions du Sud. Il y va de la crédibilité de la démarche et de la transparence qui doit lui être assurée. Non sans que les membres du gouvernement tentent de donner à leurs déclarations plus de cohérences et moins de contradictions que celles qui les ont émaillés tout au long de cette période de perturbation. Le 1er ministre devra trouver «la juste mesure» pour pouvoir allier la paix sociale et les choix économiques d'un pays qui n'a de gisements financiers que les hydrocarbures conventionnels. Il est question notamment de démontrer en premier que le gaz de schiste ne polluera pas une nappe d'eau que lui-même en tant que ministre des Ressources en eau a su mettre à la disposition des citoyens de la wilaya de Tamanrasset en suivant pas à pas la réalisation de l'immense projet de transfert de cette ressource d'In Salah vers la ville de Tam et de ses environs. Il est clair que si l'Etat a décidé de tester l'exploitation du gaz de schiste, c'est certainement pas pour « casser » un projet dont la réalisation s'est étalée sur de longues distances, qui a coûté des sommes faramineuses et de surcroît permet aujourd'hui au gouvernement de se targuer d'avoir défié la nature pour la mettre à la disposition des populations qui manquaient affreusement d'eau depuis la nuit des temps. Sinon, ce serait absurde.

Le déplacement du 1er ministre « prochainement » à Ouargla et à In Salah devrait être bien accueilli selon des observateurs qui tablent, d'ores et déjà, sur la facilité du contact qu'il a toujours eu avec ces populations. «Cette familiarité» qu'il entretient avec de nombreux citoyens au Sud, Sellal l'avait construite après les avoir côtoyés et même fréquentés pendant les années où il occupait des postes au niveau des instances de leurs collectivités locales.