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Logement rural, «une arme à double tranchant»

par A. Mallem

Comme il fallait s'y attendre, la discussion, dimanche dernier, du dossier du logement dans tous ses segments au niveau de l'APW, a soulevé beaucoup d'interrogations chez les élus qui ont interpellé le wali, présent à la session, à propos des retards accusés par les chantiers de réalisation. En réponse aux question posées par les élus qui demandaient des éclaircissements sur le dossier de l'habitat rural, M. Ouadah Hocine a réitéré la décision qu'il a prise de « n'accorder désormais l'aide à l'habitat rural qu'aux fellahs qui possèdent, en toute propriété, des parcelles de terrain à bâtir », une décision qui a provoqué des réactions positives parmi les fellahs de Ain-Abid. « C'est une bonne décision, une décision censée », cette mesure « est venue mettre un terme à l'anarchie provoquée par la formule du logement initié par le bureau d'étude de la wilaya, en l'occurrence la société d'architecture et d'urbanisme (SAU) ». Selon ces fellahs, cette conception appliquée dans le contexte rural a créé des problèmes plus qu'elle n'en a résolu. Nos interlocuteurs considèrent que la formule individuelle recèle certains avantages non négligeables, entre autres le facteur familial qui est primordial dans le monde rural, en ce sens qu'elle va faciliter le regroupement familial et éviter les conflits. « De telle sorte que le fils pourra construire son logement au-dessus de celui de son père.. etc. » D'autre part, ont-ils ajouté, « il ne faut pas négliger le fait que les fellahs qui ont des actes de propriété sur des terrains peuvent y construire sans déranger personne et s'adonner totalement à leur métier ».

Et ils ont commencé ensuite à énumérer les inconvénients résultant des lots de terrains collectifs qui, selon eux, ont créé des problèmes inextricables où dominent les égoïsmes individuels qui se traduisent immanquablement par des conflits, parfois violents, entre les attributaires. « Chacun veut que son lot soit situé le long de la voie, veut avoir plus de superficie que son voisin. Chacun cherche à avoir une cour et un jardin pour s'adonner à l'élevage du poulet de ferme, des lapins et toutes sortes d'animaux domestiques », déclarent nos interlocuteurs. Les traditions rurales aidant, les conflits de voisinage sont constants. « Le logement rural est une arme à double tranchant », commente un autre fellah, « si, d'une part il permet d'alléger la pression sur le logement social dont le nombre de demandes dépasse souvent l'entendement, de fixer le paysan à la campagne pour stopper l'exode rural, il crée d'autre part des problèmes inextricables et des conflits permanents entre les fellahs eux-mêmes, au point de leur faire oublier leur vocation : le travail de la terre ».

Pour fermer cette page, rappelons que l'aide individuelle accordée par l'Etat au logement rural s'élève à 70 millions de centimes. Elle est versée en deux tranches de 30 et 40 millions.

A propos de l'aide destinée aux résidents des chalets touchés par l'amiante pour leur permettre de reconstruire leurs habitations en dur et en réponse à une question précise sur ce dossier, le wali a déclaré que celle-ci ne sera donnée qu'aux familles résidant dans un chalet. A une autre sur le retard pris dans la livraison des logements Cnep-Immo, opération qui était prévue avant la fin de l'année écoulée, le wali a répondu que ce retard est imputable aux travaux de VRD qui ne sont pas encore terminés. Et le wali de faire montre de sa désapprobation face à l'attitude observée « par les promoteurs locaux qui ne semblent pas accorder de l'intérêt à la question ».