4h du matin, froid glacial, les rues de la ville sont désertes ou presque. Devant les deux agences bancaires du Crédit populaire d'Algérie (CPA) situées au centre-ville (rue Khemisti) et à Haï Es Salam (St Hubert), les premières files commencent à se former. Ils s'agit de bénéficiaires de logements dans le cadre du fameux programme AADL 2 qui bravent les températures glaciales de ces matinées hivernales, pour faire la ?queue' devant les deux grandes agences de cette Banque publique, à Oran, dans l'espoir de payer la 1re tranche du prix du logement, promis par les pouvoirs publics. Le froid de canard qui sévit, en cette matinée, n'a nullement dissuadé ces courageux bénéficiaires. Ils sont couverts des pieds à la tête avec plusieurs vêtements chauds pour résister au froid. Ces vaillants bénéficiaires du programme AADL 2 semblent prêts à tout, pour avoir un toit. Ils ont enfilé des parkas, des écharpes, des gangs, des bonnets? pour se protéger contre les températures glaciales qui frôlent le zéro degré. Pourquoi ces bénéficiaires sont-t-ils obligés de se lever à 3h30 du matin pour faire la queue devant les agences de cette banque publique ? La réponse est que devant le nombre élevé des bénéficiaires qui ont obtenu, ces derniers jours, leurs ordres de versement de la 1re tranche (1.500 ordres de versement délivrés, quotidiennement, en moyenne, par l'AADL, à Oran) les responsables de ces deux agences bancaires ont fixé des quotas pour le payement des 1res tranches. Seuls 100 bénéficiaires sont acceptés dans chaque agence bancaire. Un calcul mental simple démontre que tous les bénéficiaires qui obtiennent leurs ordres de versement ne pourront jamais s'acquitter à temps, c'est-à-dire durant les 30 jours fixés par l'AADL, de cette 1re tranche. Les bénéficiaires sont, de ce fait, contraints de se lever de bonne heure pour avoir l'un des 100 précieux tickets, distribués par les employés de ces agences bancaires. La distribution des tickets est suspendue dès l'ouverture des portes, à 8h30. La tâche n'est pas de tout repos pour les bénéficiaires qui doivent souvent s'organiser en famille pour être sûrs d'avoir le précieux ticket. «Je ne peux pas me pointer avec 21 millions de centimes, dans les poches, à 4h du matin. Je risque d'être une proie facile pour les bandes d'agresseurs qui rôdent dans les rues désertes de la ville. J'ai décidé alors de répartir les tâches sur les membres de ma famille. Il y a un qui fait la queue et l'autre qui vient à 8h30 pour apporter l'argent», explique ce jeune homme qui a reçu, le 24 décembre dernier, son ordre de versement. Les familles de tous les autres bénéficiaires se sont ainsi mobilisées pour aider leurs proches à verser cette 1re tranche. Selon les chiffres communiqués récemment par la direction régionale de l'AADL, à Oran, 29.600 souscripteurs du programme AADL 2 ont obtenu l'accord favorable de l'agence pour 46.000 dossiers réceptionnés par voie postale par la direction centrale. La même source précise que 60.327 souscripteurs de la wilaya d'Oran se sont inscrits sur le site Internet de l'agence. Sur ces 60.327 souscripteurs, l'agence a recensé 16.000 dossiers incomplets.